«Il est jeune et fougueux»
Jan Christen doit tirer les leçons de son Tour de Suisse manqué

Jan Christen était l’espoir suisse du Tour, mais il a chuté. Il a suscité l’enthousiasme et agacé certains. Son ami Silvan Dillier (34 ans) confie à Blick ce qu’il conseillerait à ce jeune talent prometteur.
Publié: 14:37 heures
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Jan Christen avant le départ du Tour de Suisse. A ce moment-là, il ne se doutait pas encore des turbulences que le Tour allait connaître.
Photo: keystone-sda.ch
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Mathias Germann

Diamant du cyclisme, talent générationnel, prodige. Jan Christen (20 ans) n’a que l’embarras du choix en matière de superlatifs. Mais ce qui n’aurait jamais dû arriver s’est produit : le jeune Argovien a chuté à seulement 13 kilomètres du départ du Tour de Suisse. Grièvement écorché, il a tenté de continuer, avant de jeter l’éponge cinq jours plus tard, épuisé. Le rêve d’une première victoire suisse au classement général depuis Fabian Cancellara, il y a 16 ans, s’est envolé.

Ce qui devait être le sommet de la saison de Christen s’est mué en cauchemar. Une course à oublier? Pas tout à fait. S’il doit tourner la page, le jeune coureur a aussi beaucoup à en tirer. «Jan est très talentueux, mais aussi jeune et fougueux», estime Stefan Küng (31 ans).

Série noire?

Le mot «fougueux» semble bien lui convenir. En effet, cette année, Christen est tombé à trois reprises en peu de temps. En mars, il s’est fracturé la clavicule en France. De retour à la compétition, il a à nouveau chuté lors de la Flèche Wallonne, en Belgique. Il a malgré tout poursuivi sa course et aidé son coéquipier chez UAE, Tadej Pogacar (26 ans, SLO), à s’imposer grâce à une attaque fulgurante dans la dernière montée. Et au Tour de Suisse, rebelote. Une simple série noire?

Une chose est sûre, l'Argovien a été champion du monde juniors de cyclo-cross, champion d’Europe sur route et vice-champion du monde de VTT. Un tel palmarès n’est possible qu’avec un sens aigu du vélo. Mais c’est justement là que le bât blesse. Une qualité essentielle des grands champions est de savoir éviter les chutes et préserver leur santé. C’est sur ce point que Christen doit encore progresser. Il donne parfois l’impression d’un jeune taureau prêt à foncer dans l’arène avant chaque course. «Je déteste m’ennuyer», a-t-il confié un jour.

Un coéquipier agacé

Silvan Dillier (34 ans), l’un des vétérans du peloton, connaît bien Christen. Les deux Suisses s’entraînent souvent ensemble et s’estiment. Il tempère: «Jan peut se construire dans l’agressivité, mais je suis convaincu qu’il est plus durable d’aborder les choses avec calme et décontraction». Il prend en exemple la superstar Tadej Pogacar. «Il ne court pas avec la rage au ventre, mais avec une sérénité profonde, comme Peter Sagan à ses débuts. Et tous deux ont gagné très souvent.»

Christen est réputé pour son tempérament offensif. Lors de la deuxième étape vers Schwarzsee (FR), bien qu’amoindri, il a tenté une attaque juste avant l’arrivée. «J’ai été très surpris», a commenté son coéquipier Mikkel Bjerg (26 ans, Danemark). Une remarque qui ne se voulait pas flatteuse puisque l’équipe n’avait visiblement pas été informée de son initiative. Bjerg a lâché, agacé: «C’est bien qu’il ait de bonnes jambes. Dommage qu’il ne sache pas comment les mettre au service de l’équipe».

Le lendemain, Christen a assuré que Bjerg s’était excusé. Et lors de la quatrième étape, il a semblé apaiser les tensions en se mettant au service de son leader João Almeida (26 ans, Portugal) en montagne.

Un talent parmi d’autres

Christen reste l’un des plus grands espoirs du cyclisme mondial. Mais il n’est pas seul. Récemment, il a prolongé prématurément son contrat avec l’armada UAE jusqu’en 2030. Reste à savoir si ce choix servira pleinement ses ambitions sportives.

Le fait est que l’équipe compte aussi sur trois autres jeunes talents: Juan Ayuso (21 ans, Espagne), Isaac del Toro (20 ans, Mexique) et Pablo Torres (18 ans, Espagne). Tous, comme le Suisse, restent dans l’ombre de Pogacar. La concurrence interne est rude. Mais Silvan Dillier en est convaincu: «Jan peut aller très loin, à condition de bien se canaliser mentalement et de bénéficier du soutien de son équipe».


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