Une énigme enfin résolue en Allemagne
Une femme que l'on croyait morte rompt le silence plus de 30 ans après

Pendant des décennies, la police allemande pensait à un meurtre. Mais plus de 30 ans après sa disparition, Petra P., présumée morte, est réapparue par hasard. Dans une interview, elle s'exprime pour la première fois sur les raisons de sa mystérieuse disparition.
Publié: 18.03.2024 à 22:08 heures
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Petra P. s'est exprimée pour la première fois depuis sa disparition à la télévision.
Photo: Sagafilmworks GmbH
Sandra Meier

Pendant 31 ans, Petra P.* est restée introuvable. L'étudiante en informatique, alors âgée de 24 ans, avait disparu sans laisser de traces en 1986 à Braunschweig, en Allemagne. A l'époque, les enquêteurs avaient conclu à un crime violent.

«J'ai compris qu'elle avait été assassinée dès que j'ai lu le dossier pour la première fois. J'aurais parié 100'000 euros là-dessus», a déclaré le commissaire Holger Kunkel, en charge du dossier à l'époque au micro de RTL. Un apprenti menuisier avait jadis avoué le meurtre de la jeune femme. Un aveu qui s'avéra être un mensonge. 

Petra P. avait donc été déclarée morte, bien que son corps n'ait jamais été retrouvé. Ce n'est pas surprenant: Petra P. était en fait vivante depuis toutes ces années.

Une vie frugale

La présumée morte s'est exprimée pour la première fois sur sa mystérieuse disparition: «Il faut vivre discrètement et savoir qu'on ne peut pas tout se permettre», déclare-t-elle dans le magazine «Life» de RTL. Sous le faux nom de Susanne Schneider, Petra P. menait jusqu'à peu une vie frugale.

Pour gagner sa vie, la jeune femme a enchaîné les petits boulots temporaires, comme femme de ménage ou professeur particulier. Elle payait toujours son loyer en espèces, puisqu'elle n'avait pas de compte bancaire. Elle prenait le bus et le train, n'avait pas de voiture. «Je n'allais pas chez le médecin», raconte-t-elle. Petra P. a toujours renoncé aux vacances. «Elle était la souris grise dans la grande ville, c'était sa couverture», explique le commissaire Holger Kunkel, aujourd'hui retraité, dans «Bild».

«J'étais sous le choc»

Mais aujourd'hui, la sexagénaire sort du silence. Pour la première fois, elle prend la parole, vêtue d'une robe à motifs noirs et blancs, un collier de perles, des lunettes sur le nez. Une perruque brune protège son anonymat. 

Car contre toute attente, Petra P. n'est pas retournée dans la société de son plein gré. En 2015, ses propriétaires de l'époque ont prévenu la police à la suite d'un cambriolage. Petra P. a alors été démasquée, plus de 30 ans après sa disparition. «J'étais sous le choc», déclare-t-elle.

Elle souffrirait de schizophrénie

Elle raconte le jour de sa disparition: «J'ai donné les clés à un voisin de chambre parce que je ne voulais pas créer de problèmes.» A plus de 300 kilomètres de la maison de ses parents, elle s'est alors construit une nouvelle vie. L'ancienne Petra serait restée quelque part à Braunschweig pour une triste raison: «Je pense que je suis devenue schizophrène», avoue-t-elle. 

Sa voix se brise alors qu'elle parle du passé. Elle révèle qu'elle a été abusée sexuellement pendant les cinq premières années de sa vie. «Je ne le savais pas à l'époque. J'ai refoulé le fait que j'avais été abusée de la sorte.» Après toutes ces années dans l'ombre, il est impossible de reconstituer exactement ce qui s'est passé dans son enfance. D'un point de vue purement juridique, les faits sont prescrits. 

Petra P. travaille aujourd'hui sur son passé avec un psychologue. Entre-temps, le fait d'avoir été démasquée par hasard équivaut à une libération. «J'ai maintenant un iPad, je suis sur Internet... je suis très heureuse.» Elle se réjouit de pouvoir aller chez le médecin lorsqu'elle est malade. Petra P. n'a désormais qu'un seul souhait pour l'avenir: que son dossier soit désormais fermé à jamais. 

*Nom connu de la rédaction

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