Incivilités, dénaturation...
Après l'Europe, ces destinations phares d'Asie sont envahies par les touristes

L’Asie fait face à une nouvelle marée touristique qui exerce une forte pression sur les sites emblématiques. Rassemblés au même endroit au même moment, des millions de visiteurs menacent l'équilibre de certaines destinations telles que le Japon, la Thaïlande ou Bali.
Publié: 06:06 heures
|
Dernière mise à jour: 08:38 heures
Partager
Écouter
1/4
Japon, Thaïlande, Vietnam ou Indonésie: les nouvelles destinations phares d'Asie plient sous le poids du surtourisme.
Photo: keystone-sda.ch
Léa Perrin
Léa PerrinJournaliste Blick

Ils sont descendus dans les rues de Barcelone, Lisbonne, Venise ou encore Palma de Majorque pour manifester leur mécontentement face à la montée du surtourisme ces deux dernières années. Les habitants des destinations européennes phares ont en marre. Mais la vague du tourisme de masse déferle désormais jusqu'en Asie, rapporte CNN, samedi 1er novembre. 

Des temples japonais plein à craquer aux plages bondées de Bali, plusieurs destinations asiatiques font face à une explosion du tourisme. Une surfréquentation comparable à celle observée dans les grandes villes européennes, qui détériore la qualité de vie des habitants et dénature les sites qui attirent les visiteurs. 

Des millions de visiteurs au même endroit

Si la pandémie a permis d'offrir un léger répit aux sites touristiques les plus prisés, elle a également libéré une demande massive dès la réouverture des frontières. Mais les touristes explorent très peu le continent asiatique dans son ensemble. Avec des offres de vols à bas prix, la croissance des classes moyennes en Chine et en Inde et des campagnes touristiques agressives, des millions de voyageurs convergent désormais vers les mêmes lieux au même moment.

Kyoto a accueilli pas moins de 56 millions de visiteurs en 2024. Nouvelle destination prisée des Suisses, le Japon montre une augmentation record des dépenses de voyage en 2023, où les Suisses auraient dépensé 115% de plus qu’en 2022. Selon la Pacific Asia Travel Association (PATA), la fréquentation en Asie a bondi de 20% au premier semestre 2025, portée par la reprise du tourisme intérieur et international. Le Vietnam, en particulier, a vu ses arrivées internationales croître de 21%.

Manque de respect, pollution, crises

Mais au Japon, face à ces millions de touristes qui envahissent les lieux sacrés vêtus de kimonos et de sandales en prenant des photos pour Instagram, près de 90% des habitants interrogés par le quotidien japonais Yomiuri Shimbun dénoncent les foules, le bruit et les comportements irrespectueux. Malgré quelques mesures comme la mise en place de caméras, des taxes hôtelières, ou des interdictions dans certains quartiers, les autorités peinent à endiguer le phénomène. 

Dans le sud-est du continent, le constat est le même: les plages de Bali, de Phuket et de Maya Bay (rendue célèbre par le film «La Plage», avec Leonardo DiCaprio) en Thaïlande se noient sous les touristes. Sur l'île indonésienne de Bali, très prisée des «digital nomads» et autres expatriés, l'urbanisation liée au tourisme a contribué à une crise environnementale et à des inondations historiques en pleine saison sèche. La disparition des rizières balinaises au profit du béton pour la construction de nouveaux hôtels et villas provoque de graves problèmes de drainage. Quant aux Philippines, certains sites comme Boracay ont dû être temporairement fermés pour pouvoir se régénérer. 

Dilemme entre économie et préservation

Pour les experts, le défi est désormais politique: comment préserver les économies locales de ces destinations qui vivent du tourisme, sans sacrifier pour autant les écosystèmes et la culture? Car si le tourisme est un pilier économique pour nombre de ces pays asiatiques, faire respecter les règles aux touristes indisciplinés reste difficile pour les autorités locales. 

Destruction de l'environnement local due à la construction, impacts négatifs sur la nature et les ressources causés par un trop grand nombre de visiteurs, et l'éradication de la culture locale sont les principaux effets néfastes recensés au profit des exigences du tourisme. Ravagée par la pollution plastique, les pénuries d'eau et les embouteillages interminables, Bali est l'exemple flagrant des destinations asiatiques les plus touchées par le surtourisme. Les îles et les plages étant les plus durement menacées par ce phénomène. 

Changer ses habitudes

L'Asie du Sud-Est, qui s'apprête à entrer dans sa haute saison touristique, retient son souffle. Mais alors que faire si l'on avait prévu de chasser la grisaille suisse pour un peu de soleil cet hiver, sans toutefois participer à la forte pression du surtourisme?

La solution, selon plusieurs observateurs, passerait par la limitation des flux et la diversification des itinéraires: visiter hors saison, privilégier des zones moins connues et renouer avec l’esprit du voyage authentique... loin des clichés d’Instagram.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus