Un tribunal américain a décidé jeudi que le centre de rétention de la Floride, surnommé «Alcatraz des alligators», pouvait rester ouvert en attendant qu'une décision sur sa fermeture soit examinée en appel. Une juge de première instance de Floride avait interdit il y a deux semaines au gouvernement américain d'y recevoir de nouveaux migrants et lui avait ordonné de retirer sous 60 jours de nombreux équipements, signifiant sa fermeture à terme.
Mais un panel de trois juges d'un tribunal d'appel a statué jeudi que le centre de rétention pouvait rester ouvert tant que l'appel interjeté par le gouvernement contre sa fermeture n'avait pas été tranché. L'«Alcatraz des alligators» avait été monté à la va-vite en juin, en une semaine, avec lits superposés, cages grillagées et pavillons de toile blanche, sur un aérodrome abandonné au milieu de la région marécageuse des Everglades.
Quand il avait visité le centre juste avant son ouverture, le président américain Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration illégale une priorité de son second mandat, avait plaisanté sur le fait que les alligators qui peuplent les marécages voisins joueraient le rôle de gardiens bon marché. Sa situation géographique et une référence à la célèbre île-prison de la baie de San Francisco, que Donald Trump veut rouvrir, lui valent son surnom.
Conditions épouvantables
Plusieurs migrants détenus dans le centre ont témoigné de conditions épouvantables. «Même un animal ne serait pas traité ainsi. C'est de la torture», a raconté l'un d'eux, Luis González, joint par téléphone, en expliquant partager une cellule rarement nettoyée avec une trentaine de personnes, dans des conditions caniculaires le jour et glaciales la nuit, parmi des moustiques omniprésents.
L'action en justice a été initiée par deux associations de protection de l'environnement, qui estiment que le centre menace l'écosystème fragile des marécages alentour et a été construit sans les études d'impact environnemental requises.