La Cour Suprême va trancher
Victime des droits de douane, il ose se dresser contre Trump

Un fabricant de jouets de Chicago ose défier la Maison-Blanche. Il poursuit Donald Trump en justice pour des droits de douane, invoquant des pertes considérables. Dès ce mercredi, la Cour suprême décidera du sort de son entreprise familiale.
Publié: 17:15 heures
|
Dernière mise à jour: 17:16 heures
Partager
Écouter
1/6
Rick Woldenberg est le propriétaire et le patron d'un magasin de jouets à Chicago.
Photo: keystone-sda.ch
Nathalie_Benn_Praktikantin Wirtschaft _Blick_2-Bearbeitet.jpg
Nathalie Benn

Dès ce mercredi 5 novembre, les droits de douane de Donald Trump seront contestés devant les tribunaux. L'audience devant la Cour suprême des Etats-Unis déterminera la légalité des tarifs imposés par le président américain à de nombreux pays, y compris la Suisse. Avant l'audience, Trump a mis en garde contre toute annulation de ses chers droits de douane. «Je pense que notre économie va connaître des conséquences désastreuses. Elle va s'effondrer», a-t-il déclaré sur la chaîne américaine CBS.

La Cour suprême examine plusieurs affaires en même temps, notamment une action intentée par l’Etat américain de l’Oregon et onze autres Etats, ainsi qu’un recours collectif déposé par cinq petites entreprises. Au cœur de cette affaire: un entrepreneur modèle.

L'homme en question est Rick Woldenberg. Propriétaire et patron d'un magasin de jouets à Chicago, son entreprise subit de plein fouet les droits de douane, il a donc décidé de porter plainte. Rick Woldenberg dirige une entreprise familiale depuis près de 30 ans. «Learning Resources» produit des jouets éducatifs pour les tout-petits et emploie environ 500 personnes, dont l'épouse de Rick Woldenberg et leurs trois enfants, aujourd'hui adultes. Mais ce père de famille sans histoire a décidé de s'attaquer au puissant président des Etats-Unis.

Des pertes massives à cause de Trump

Peu après la réélection de Trump à la présidence des Etats-Unis, l'entreprise a rencontré des difficultés financières. En effet, Learning Resources fabrique une grande partie de ses produits en Asie. Plus de la moitié, soit environ 60%, sont fabriqués en Chine. Or, c'est précisément contre ce pays que Trump mène une guerre commerciale acharnée.

En avril, le différend entre les deux superpuissances s'est intensifié lorsque Trump a annoncé des droits de douane de 145% sur l'importation des produits chinois. Rick Woldenberg prévoyait déjà des conséquences désastreuses: «Si ces droits de douane sont maintenus, nos recettes fiscales passeraient de 2,3 millions de dollars à environ 100 millions de dollars», avait-il déclaré à la chaîne CBS, soit une augmentation de 4000%!

Par ailleurs, le jour même du grand «Liberation Day» le 2 avril, Rick Woldenberg a dû suspendre les plans de construction d'un nouveau bâtiment pour son entreprise dans la région de Chicago et geler les embauches. «C'est comme si nous étions en train de brûler une grande partie de nos revenus», a déclaré Rick Woldenberg à la RTS en octobre. 

Un premier succès

Mais l'entrepreneur a refusé de subir ces énormes pertes économiques sans rien faire. En avril, Rick Woldenberg a intenté un procès contre les droits de douane de Trump. En mai, un tribunal Washington lui a donné raison en première instance. Mais cette première victoire a été invalidée par une cour d'appel, qui a déclaré les droits de douane de Trump comme étant légaux dans un premier temps.

L'affaire est désormais entre les mains de la Cour suprême. Rick Woldenberg paie les frais de justice de sa poche. Ils se chiffrent en millions, selon plusieurs médias américains. Le chef d'entreprise a déclaré à l'agence de presse Reuters: «Des centaines de milliers d'entreprises américaines se trouvent dans une situation similaire à la nôtre. Mais à ma connaissance, je suis la seule personne dans un pays de 300 millions d'habitants qui a décidé d'intenter une action en justice à ses propres frais.»

L'administration Trump fait pression sur la Cour suprême pour qu'elle rende sa décision au plus vite. Mais la durée des délibérations des juges reste incertaine, une décision peut prendre des mois, mais pour Rick Woldenberg et son entreprise familiale, le temps presse. 

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus