Le choc de l’assassinat de Charlie Kirk est toujours présent. Lors de la cérémonie funéraire en son honneur dimanche, une série de politiciens et d’influenceurs conservateurs et d’extrême droite ont prononcé des discours. Un seul semblait moins ébranlé, mais plutôt électrisé: Stephen Miller, chef de cabinet adjoint à la Maison Blanche et proche conseiller du président américain Donald Trump.
«Vous avez fait de lui un martyr», a déclaré Stephen Miller à propos de Charlie Kirk. «Et maintenant, des millions de personnes vont perpétuer son héritage», a-t-il lancé au micro. Ces propos sonnent comme une déclaration de guerre. Transformer la douleur en pouvoir, injecter la colère dans la politique: c’est précisément la spécialité de Stephen Miller. Depuis le retour de Trump à la Maison Blanche, il n’a jamais eu autant d’influence.
De l’outsider à l’idéologue en chef
Stephen Miller, né en 1985 et ayant grandi à Santa Monica, en Californie, s’est rebellé très tôt contre l’environnement libéral qui l’entourait. Dès l’adolescence, il écrivait des chroniques virulentes contre ses camarades issus de l’immigration, se définissait à 16 ans comme défenseur d’une «Amérique authentique» et se moquait de son lycée comme d’un lieu où «Oussama ben Laden se sentirait bien».
A l’université de Duke, il s’est radicalisé davantage et a entretenu des contacts avec des penseurs de droite, notamment l’icône de l’«Alt-Right» Richard Spencer. Il a ensuite travaillé comme responsable des médias pour des membres républicains du Congrès avant d’être recruté en 2016 par Steve Bannon pour l’équipe de campagne de Donald Trump, puis comme conseiller gouvernemental.
Stephen Miller a ensuite livré la marchandise: il a rédigé le discours sombre «American Carnage» de Trump en 2017, le fameux décret «Muslim Ban» interdisant temporairement l’entrée aux citoyens de sept Etats à majorité musulmane, et, en janvier 2025, il a orchestré une avalanche de décrets dès le premier jour du second mandat de Trump. En juin 2025, il a également proposé les descentes de l’ICE à Los Angeles. En bref, Stephen Miller est l’exécuteur idéologique de Trump.
Celui qui fait tourner la machine
Aujourd’hui, Stephen Miller occupe un poste stratégique qui lui permet de mettre en œuvre l’agenda de Trump sans résistance. Car le président américain lui accorde une confiance totale: «Stephen est bien plus haut dans la hiérarchie que n’importe quel conseiller en sécurité», affirmait-il déjà lors de son premier mandat.
Durant ce mandat, Stephen Miller a obtenu le poste de chef d’état-major adjoint. Mais au lieu de se limiter aux questions de personnel, il continue de conseiller Trump sur toute la politique. Donald Trump a de l’instinct; Stephen Miller a des plans. Certains collaborateurs l’appellent même le «cerveau présidentiel»: l’incarnation de la colère incontrôlée de Trump. Lors de la campagne électorale, il résumait ses ambitions avec Trump au Madison Square Garden: «L’Amérique aux Américains. Uniquement aux Américains».
Que prévoit Stephen Miller pour la suite?
Stephen Miller parle ouvertement de ses motivations: «La colère focalisée et justifiée est l’une des forces de changement les plus importantes de l’histoire de l’humanité», a-t-il déclaré peu après la mort de Charlie Kirk, dans un podcast avec le vice-président J. D. Vance.
Il canalise désormais cette colère – contre les organisations et activistes de gauche, contre les démocrates: «Avec Dieu pour témoin et au nom de Charlie, nous utiliserons toutes les ressources» de l’appareil sécuritaire pour «déraciner et démanteler les réseaux terroristes». Stephen Miller brouille ainsi délibérément la frontière entre adversaire politique et ennemi public.
Vers quel futur pour l’Amérique?
Les experts préviennent que les Etats-Unis se trouvent à un point de bascule, entre démocratie et système autoritaire où la contradiction devient criminalisée. Le calcul de Stephen Miller: la peur, le chaos et la polarisation rendront ses ambitions politiques réalisables.
Reste à savoir ce qu’il fera de la mort de Charlie Kirk. Ce qui est sûr, c’est qu’il dispose désormais d’un symbole qui alimente ses ambitions – et la colère d’un mouvement qu’il sait canaliser d’une main de maître. Pour Trump, Stephen Miller est indispensable. Pour l’Amérique, il pourrait devenir la figure la plus dangereuse des prochaines années.