Donald Trump devait réunir lundi son Conseil de sécurité nationale pour évoquer le Venezuela, en pleine montée des tensions entre Washington et Caracas. Lors d'un point presse à la Maison Blanche, sa porte-parole Karoline Leavitt n'a pas répondu directement à la question de savoir si le président américain avait pris une décision finale sur une potentielle intervention américaine, déclarant qu'elle ne «rentrerait assurément pas dans les détails de la réunion».
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a de son côté assuré qu'il ne se laisserait pas intimider. Il a affirmé lundi, lors d'une manifestation réunissant des milliers de ses partisans à Caracas, qu'il «refusait la paix des esclaves».
Le Conseil de sécurité nationale se réunit deux jours après que Donald Trump a décrété que l'espace aérien du Venezuela devait être considéré comme «totalement fermé». Avant cela, le président américain avait déclaré jeudi que les Etats-Unis allaient «très bientôt» commencer à cibler des «trafiquants de drogue vénézuéliens» lors d'opérations «sur terre», et pas seulement en mer.
Du «terrorisme psychologique»
Depuis août, les Etats-Unis ont considérablement renforcé leur présence militaire en mer des Caraïbes, au nom de la lutte contre le narcotrafic selon Washington, qui accuse le président vénézuélien Nicolas Maduro de diriger un cartel.
Caracas dément et rétorque que l'objectif de l'administration Trump est de renverser le président vénézuélien et de mettre la main sur le pétrole du pays. Une activité constante d'avions de combat américains a été enregistrée ces derniers jours à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi du trafic aérien.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a menacé qu'en cas de frappes contre le Venezuela, il soumettrait à nouveau au vote une résolution visant à interdire à la Maison Blanche toute utilisation des forces armées dans la région sans approbation au préalable du Congrès.
«Nous voulons la paix, mais une paix avec souveraineté, égalité, liberté! Nous ne voulons pas la paix des esclaves, ni la paix des colonies!», a lancé Nicolas Maduro lundi, évoquant «22 semaines d'une agression que l'on peut qualifier de terrorisme psychologique, 22 semaines qu'ils nous mettent à l'épreuve».
Dans son bon droit?
La réunion à la Maison Blanche survient sur fond de polémique croissante aux Etats-Unis concernant une frappe en septembre sur une embarcation suspectée de narcotrafic. Le «Washington Post» a rapporté vendredi que le ministre de la Défense, Pete Hegseth, aurait ordonné que tous les passagers du bateau soient tués, conduisant les forces américaines, après une frappe initiale, à viser à nouveau deux survivants qui s'accrochaient au bateau en flammes.
Dimanche, Donald Trump a déclaré vouloir vérifier ces informations, disant qu'il n'aurait «pas voulu ça». A bord d'Air Force One, le président américain a cependant défendu Pete Hegseth: «Il dit qu'il n'a pas dit ça et je le crois».
La Maison Blanche a affirmé lundi que l'amiral Frank Bradley, à la tête du commandement des opérations spéciales des forces armées américaines, avait ordonné cette frappe, menée de manière tout à fait légale selon l'exécutif américain. L'amiral «était pleinement dans son bon droit» pour prendre cette décision, a déclaré Karoline Leavitt lors du point presse. Mais plusieurs élus, républicains comme démocrates, ont exprimé leur indignation face aux informations rapportées par le Washington Post.
Au total, les Etats-Unis ont mené depuis septembre des frappes contre plus de 20 navires dans les Caraïbes et le Pacifique, tuant au moins 83 personnes, sans fournir de preuves que ces navires soient impliqués dans le trafic de drogue, et menant ainsi des experts et l'ONU à questionner la légalité des opérations.