Très critiqué par ses collègues
Kevin Hassett, un fidèle de Trump en lice pour présider la banque centrale des Etats-Unis

Kevin Hassett, proche conseiller de Trump et artisan de sa politique économique, apparaît favori pour diriger la Fed, même si sa nomination doit encore passer le Sénat. Fidèle défenseur du président, il est très critiqué pour minimiser le phénomène de l'inflation.
Si Kevin Hassett entre effectivement à la Fed, Donald Trump serait assuré d'avoir un allié proche à sa tête.
Photo: IMAGO/UPI Photo
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AFP Agence France-Presse

L'économiste Kevin Hassett, que Donald Trump semble vouloir propulser à la tête de la banque centrale des Etats-Unis, est un de ses plus fidèles conseillers, qui défend sans ciller ses politiques. Le président américain a laissé entendre mardi que Kevin Hassett était désormais le dernier candidat en lice, en présentant «Kevin» comme le «potentiel président de la Fed» (Réserve fédérale), lors d'un évènement à la Maison Blanche.

Le sexagénaire était cité depuis plusieurs jours comme favori pour prendre la suite de Jerome Powell, quand le mandat de ce dernier prendra fin en mai. Le suspens n'est toutefois pas entièrement levé. Donald Trump est habitué aux coups de théâtre, et toute nomination doit être validée par le Sénat à majorité républicaine.

Accusé de tordre la réalité

Si Kevin Hassett entre effectivement à la Fed, le président Trump aurait l'assurance d'avoir un proche allié à la tête la banque centrale la plus influente au monde, à laquelle il réclame sans cesse des taux d'intérêt plus bas. Yeux rieurs derrière ses lunettes rectangulaires, le sexagénaire est en effet l'un des plus fervents promoteurs des politiques économiques du président.

Et pour cause: il est l'un des principaux architectes en tant que directeur du conseil économique national. Le docteur en économie conseillait déjà Donald Trump pendant son premier mandat à la Maison Blanche. Ses détracteurs affirment qu'il n'hésite pas à tordre la réalité sur les plateaux de télévision pour rosir le tableau alors que Donald Trump a promis un «nouvel âge d'or» aux Américains essorés par la forte inflation ayant suivi la pandémie de Covid-19.

L'inflation réaccélère depuis avril? Hassett répond que tout est sous contrôle. Les chiffres des créations d'emplois sont décevants ? Il minimise et assure que la politique protectionniste de l'exécutif, à coups de droits de douane, est en train de dynamiser l'emploi dans l'industrie (les données ne vont pas dans ce sens).

D'autres économistes stupéfaits

Kevin Hassett a aussi défendu le retentissant limogeage par Donald Trump, pendant l'été, de la directrice de l'agence statistiques à l'origine des données officielles sur l'emploi, après une publication montrant une nette dégradation du marché du travail. Donald Trump avait affirmé que les chiffres avaient forcément été «manipulés» à des fins politiques.

La posture d'Hassett dans cette affaire a stupéfié de nombreux autres économistes qui ont défendu le sérieux et l'intégrité de l'agence. La Fed et ses responsables n'ont pas échappé cette année à ses critiques, placées le plus souvent dans un grand sourire.

Il a notamment dénoncé les coûts de rénovation du siège de son siège à Washington, suggérant que cela pouvait être un motif de révocation de Jerome Powell, alors que Donald Trump cherchait un moyen de l'éjecter.

L'homme qui murmurait à l'oreille des républicains

Après le premier mandat de Trump, Kevin Hassett a travaillé pour le fonds d'investissement Affinity Partners fondé par le gendre du milliardaire républicain, Jared Kushner. Il a soufflé à l'oreille d'autres républicains désireux d'accéder à la Maison Blanche (John McCain, George W. Bush, Mitt Romney), selon une notice biographique publiée en 2020 sur le site de l'université de Georgetown.

Cette notice, non actualisée et semblant avoir été rédigée par lui-même, mentionnait aussi qu'il a «une épouse, deux fils, et deux chiens», mais aussi qu'il était «connu pour ses provocations sur le terrain de basket et des tirs qui seraient (selon lui) toujours réussis». L'économiste a aussi été employé par la Fed dans les années 1990 et travaillé pour l'American Enterprise Institute, un cercle de réflexion conservateur à Washington.

Partisan d'une politique monétaire plus souple, il ne pourra pas à lui seul l'infléchir, dans une institution collégiale, conçue pour agir à l'abri des interférences et alternances politiques. Il devra aussi rassurer ses pairs et les marchés financiers sur sa détermination à freiner l'inflation et à maintenir une digue étanche face aux volontés de la Maison Blanche.

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