Il veut gracier un ancien narcotrafiquant
Donald Trump s'immisce dans la présidentielle du Honduras, déjà sous haute tension

Les Honduriens votent pour choisir entre continuité de la gauche au pouvoir et retour de la droite, représenté par Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump. Trois candidats sont au coude-à-coude, rendant le résultat incertain.
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Le candidat hondurien de droite Nasry Asfura a reçu le soutien inattendu de Donald Trump.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Les électeurs du Honduras ont voté dimanche pour choisir entre la continuité d'un gouvernement de gauche ou le retour de la droite, dont un candidat à la présidence est soutenu par Donald Trump, qui s'est immiscé dans le scrutin. Trois candidats sur les cinq en lice sont au coude-à-coude dans les sondages, rendant incertain le scrutin à un tour et l'acceptation des résultats en cas de score serré. 

La quasi-totalité des bureaux de vote a fermé vers 23h00 GMT, heure prévue de la fin du scrutin, selon le Conseil national électoral (CNE). Le candidat de la droite hondurienne, qui a reçu le soutien de Donald Trump, fait la course en tête dimanche lors du dépouillement de la présidentielle, selon des résultats préliminaires.

Le parti Liberté et Refondation (Libre) de la gauche au pouvoir a déjà annoncé qu'il ne les reconnaîtrait pas, acceptant seulement le décompte total qui pourrait prendre des jours. Quelque 6,5 millions de Honduriens doivent élire le successeur de la présidente Xiomara Castro, ainsi que 128 députés et des centaines de maires pour les quatre prochaines années.

Lutter contre les «narco-communistes»

«Je vote pour qui me plaît, pas pour ce que Trump a dit, car la vérité, c'est que je vis de mon travail, pas des politiciens», a déclaré à l'AFP Esmeralda Rodríguez, 56 ans, qui vend des fruits sur un marché de Tegucigalpa.

L'avocate Rixi Moncada, 60 ans, candidate de Libre, affronte deux candidats de droite: la star du petit écran Salvador Nasralla, 72 ans, du Parti libéral (PL), qui se présente pour la troisième fois, et l'entrepreneur Nasry Asfura, 67 ans, du Parti national (PN), qui a reçu le soutien inattendu de Donald Trump.

Non content de le qualifier de «seul vrai ami de la liberté», le président américain a assuré qu'il «ne pourrait pas travailler» avec Rixi Moncada «et les communistes» et qu'il ne faisait «pas confiance» à Salvador Nasralla. «Tito (ndlr: Nasry Asfura) et moi pouvons travailler ensemble pour lutter contre les narco-communistes et apporter au peuple du Honduras l'aide dont il a besoin», a écrit Trump.

Nasry Asfura, entrepreneur de BTP et ancien maire de Tegucigalpa, concourt sous la bannière du parti de l'ancien président Juan Orlando Hernández (2014-2022), qui purge aux Etats-Unis une peine de 45 ans de prison pour trafic de drogue. Donald Trump a annoncé vendredi qu'il allait accorder à ce dernier «une grâce totale et absolue».

Une posture résolument interventionniste

Rixi Moncada a dénoncé samedi l'ingérence de Donald Trump: «Il n'y a aucun doute qu'il y a deux actions concrètes, à trois jours des élections, qui sont totalement interventionnistes.» Nasry Asfura a, lui, repoussé l'idée que cette grâce puisse lui bénéficier. «Cela fait des mois que ce sujet est évoqué et il n'a rien à voir avec les élections», a-t-il déclaré après avoir voté à Tegucigalpa.

Le président américain a adopté une posture résolument interventionniste en Amérique latine, n'hésitant pas à conditionner l'aide américaine à la bonne volonté des gouvernements et à ses affinités avec leurs dirigeants.

Il a assuré que «s'il (Asfura) ne remporte pas les élections, les Etats-Unis ne gaspilleront pas leur argent». Nasry Asfura mène sa deuxième campagne présidentielle après avoir échoué en 2021 face à Xiomara Castro. Il a également reçu le soutien du président argentin et allié de Trump, Javier Milei.

Le scrutin se tient dans un contexte de fortes tensions politiques, droite et gauche s'accusant mutuellement de préparer une fraude, dans un pays dépourvu d'arbitre électoral indépendant, et même si l'Organisation des Etats américains (OEA) et l'UE ont dépêché des observateurs.

27'000 Honduriens expulsés

Les candidats ont à peine abordé les préoccupations des Honduriens, la pauvreté et la violence. Nasry Asfura a promis d'attirer des investissements, Salvador Nasralla de soutenir l'industrie et l'agriculture, et Mme Moncada de taxer les élites économiques. Près des deux tiers des 11 millions de Honduriens vivent dans la pauvreté, et 27% du PIB du pays est abondé par les envois de fonds des Honduriens vivant aux Etats-Unis, soit 10 milliards de dollars.

Mais l'administration Trump a expulsé cette année environ 27'000 Honduriens et révoqué le statut de protection temporaire de 51'000 ressortissants. Erika Reyes, commerçante de 33 ans, espère pour sa part que le soutien de Trump à Nasry Asfura aidera les migrants: «Qu'il cesse de les poursuivre, leur donne du travail et leur ouvre les portes.»

Le Honduras est l'un des pays les plus violents de la région. La corruption et les liens avec le narcotrafic sont un autre défi de taille. Les trois partis favoris du scrutin ont été éclaboussés par des accusations.

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