Le président vénézuélien Nicolás Maduro fait face à la plus grave crise de son règne, pourtant marqué par de nombreux défis depuis sa prise de pouvoir en 2013. Face à la pression constante de Donald Trump, qui menace d'une intervention militaire au Venezuela et accuse le président de diriger un cartel de drogue, Maduro tente de faire bonne figure en public, en minimisant la crise.
Mais en coulisses, le chef d'Etat se prépare: changement fréquent de téléphone, de lit, multiplication des déplacements nocturnes et surveillance rapprochée font désormais partie de ce qui semble être son stratagème de survie, selon des informations du «New York Times», publiées le mardi 2 décembre.
Les tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, dans le cadre de l’offensive menée par Trump contre le narcotrafic, prennent chaque jour un peu plus d'ampleur. La menace américaine est imminente sur le territoire vénézuélien, qui retient son souffle, alors que dans les eaux des Caraïbes, les forces militaires étasuniennes menées par le secrétaire à la Défense Pete Hegseth ont fait plus de 80 morts depuis le mois de septembre, dans le but de stopper les «narco-terroristes».
Technique surprenante
Face à cette escalade, le président vénézuélien, désormais la cible de Washington, adopte une stratégie surprenante face au peuple. En public, il s'efforce de projeter l'image d'une indifférence déconcertante dans le but de minimiser la situation. Apparitions surprises, danses décontractées lors de rassemblements, vidéos de propagande sur TikTok... Nicolás Maduro tente de garder la face et de faire croire au peuple qu'il tient la situation sous contrôle, alors même que la crise diplomatique s'aggrave.
Le chef d'Etat mise également sur son offensive médiatique intensive qui caractérise déjà son règne depuis plusieurs années. Il s'adresse quotidiennement à la population vénézuélienne, avec des messages étonnants, comme lors d'un rassemblement gouvernemental à Caracas: «Faites la fête aussi longtemps que votre corps le supportera!» a scandé Maduro à la foule, avant de se mettre à danser sur un rythme électro. Un tireur d'élite se trouvait posté derrière lui alors que les basses déversaient un slogan pré-enregistré par le président, répétant: «Pas de guerre; la paix».
En coulisses, la terreur
Mais derrière cette façade, la vérité est bien différente. Ses proches décrivent un climat de tension et d'inquiétude autour du président, qui se trouve en situation de vulnérabilité croissante. Il multiplie les tactiques d'évitement et s'isole de plus en plus pour éviter toute tentative de capture ou d'assassinat.
Nicolás Maduro aurait en réalité renforcé sa sécurité personnelle, allant jusqu'à changer régulièrement de lieu de sommeil et de téléphone portable. Il s'appuie désormais sur Cuba, un allié clé, pour assurer sa sécurité et réduire le risque de trahison. Des gardes du corps cubains ont notamment rejoint son service de sécurité personnel, alors que des agents de contre-espionnage renforcent désormais l'armée vénézuélienne.
Ces précautions se sont intensifiées depuis le mois de septembre, alors que les Etats-Unis ont commencé à déployer des navires de guerre pour frapper des embarcations soupçonnées de transporter des stupéfiants. Trump accuse notamment le Venezuela d'être à l'origine de ces bateaux utilisés pour acheminer de la drogue vers les Etats-Unis.
Un règne marqué par les crises
Car malgré son attitude décontractée, Nicolás Maduro sait qu'il est plus menacé que jamais. S'il estime – du moins publiquement – pouvoir surmonter la menace, il fait pourtant face à la plus grave crise de ses douze années de mandats, marqués par d'autres polémiques. Dès son entrée en fonction en 2013, le pays a connu un effondrement de 70% du PIB par habitant, plusieurs vagues de manifestations de masses et divers complots ou tentatives de coups d'Etat.
Son régime est souvent décrit comme autoritaire et le président vénézuélien est accusé d'avoir bafoué les standards démocratiques lors de la dernière élection présidentielle notamment en ignorant des résultats contestés que le Conseil national électoral n’a jamais publiés en détail.
La survie politique de Nicolás Maduro s'est faite au prix de la démocratie vénézuélienne pendant plus d'une décennie. Mais Donald Trump vient ébranler cette souveraineté et le chef d'Etat vénézuélien sait désormais que l'étau se resserre.