Un ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump lors de son premier mandat, John Bolton, est devenu jeudi la troisième personnalité ciblée par le président américain à être inculpée depuis son retour à la Maison Blanche. John Bolton, 76 ans, a été inculpé par un jury du Maryland, près de Washington, de 18 chefs d'accusation de divulgation ou de rétention de documents relevant de la défense nationale, selon l'acte d'accusation.
«C'est un sale type, c'est dommage. Mais c'est comme ça», a réagi le président républicain, interrogé sur cette inculpation par des journalistes à la Maison Blanche. En juin 2020, John Bolton avait publié un livre au vitriol sur ses 17 mois passés comme conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, qu'il décrivait comme «inapte» à diriger les Etats-Unis.
Vengeance de Trump
Donald Trump a maintes fois exprimé pendant la campagne électorale sa volonté, une fois revenu au pouvoir, de se venger de tous ceux qu'il considère comme des ennemis personnels. L'inculpation de John Bolton suit celle de l'ancien directeur de la police fédérale (FBI) James Comey et de la procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James.
«Quiconque abuse d'une position de pouvoir pour mettre en péril notre sécurité nationale devra rendre des comptes. Personne n'est au-dessus de la loi», a réagi dans un communiqué la ministre de la Justice Pam Bondi, qui avait déjà commenté dans des termes similaires les inculpations de James Comey et Letitia James.
Documents confidentiels
Il est reproché à John Bolton d'avoir «abusé de sa position de conseiller à la sécurité nationale en partageant plus d'un millier de pages de documents sur ses activités au quotidien» dans ces fonctions avec deux personnes de son entourage ne disposant pas d'une accréditation de sécurité.
Ces deux personnes, non identifiées dans l'acte d'accusation, seraient son épouse et sa fille, rapportent des médias américains, dont CNN. Il aurait partagé ces informations confidentielles avec elles via ses messageries électroniques personnelles non sécurisées, selon l'acte d'accusation.
Compte piraté par l'Iran?
Circonstance aggravante, en juillet 2021, un représentant de l'ex-conseiller à la sécurité nationale a informé le FBI que l'un des comptes de messagerie électronique qu'il utilisait avait été piraté après son départ du gouvernement par un hacker lié selon lui à l'Iran, pays envers lequel John Bolton prônait une ligne dure.
Mais à aucun moment il n'a alerté les autorités sur le fait qu'il avait partagé sur ce compte «des informations relevant de la défense nationale, y compris des informations classifiées», soulignent les procureurs. Par ailleurs, lors d'une perquisition en août au domicile de John Bolton, le FBI y a découvert des documents relevant de la défense nationale, selon l'accusation.
Dans le viseur de Trump
La Maison Blanche avait tenté en vain de bloquer en justice la publication du livre de John Bolton en 2020, invoquant notamment des impératifs de sécurité nationale. En septembre, Donald Trump avait publiquement fait pression sur sa ministre de la Justice, Pam Bondi, s'étonnant sur sa plateforme Truth Social que James Comey, Letitia James et une autre de ses bêtes noires, le sénateur démocrate Adam Schiff, n'aient toujours pas été inculpés.
Après avoir poussé à la démission le procureur du district est de Virginie, lui reprochant implicitement son manque de zèle pour engager ces poursuites, le président républicain l'avait aussitôt remplacé à ce poste stratégique par Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison Blanche. C'est cette dernière qui a personnellement lancé les poursuites ayant conduit à l'inculpation de James Comey le 25 septembre, puis de Letitia James le 9 octobre.
«Représailles politiques»
L'ancien directeur du FBI a plaidé non coupable d'entrave à une commission d'enquête parlementaire et fausses déclarations au Congrès en septembre 2020. Son avocat a annoncé qu'il introduirait des recours en annulation des poursuites, faisant valoir qu'elles étaient motivées par une volonté de vengeance.
Letitia James, accusée de déclaration mensongère dans une demande de prêt immobilier, a dénoncé des «représailles politiques» de la part de Donald Trump, qu'elle avait fait condamner à une amende de près d'un demi-milliard de dollars en février 2024.