Un pouvoir redessiné
Les 7 coups de force les plus autoritaires de Donald Trump

Donald Trump rejette les accusations de potentielles dérives autoritaires. Mais depuis son retour à la Maison Blanche, ses décisions traduisent une volonté affirmée d’étendre les prérogatives présidentielles, au risque de bousculer l’équilibre des pouvoirs.
Publié: 12:32 heures
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Dernière mise à jour: 12:35 heures
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Donald Trump est accusé par ses opposant de dérives autoritaires notamment en ce qui concerne l'immigration et la sécurité.
Photo: Getty Images

Alors que Donald Trump se défendait de toute dérive autoritaire lors d’une conférence de presse improvisée dans le Bureau ovale, lundi 25 août, il a tout de même affirmé que de nombreux Américains «aimeraient avoir un dictateur». Avant de préciser aussitôt qu'il n'en était pas un, et qu'il n’aimait d’ailleurs pas les dictateurs. Une réponse directe aux critiques de ses opposants, qui l’accusent de gouverner de manière autoritaire, notamment sur les questions d’immigration et de sécurité.

Une chose est certaine: Donald Trump aime tester les limites institutionnelles. Ses sept premiers mois de mandat traduisent une volonté affirmée d’élargir le pouvoir présidentiel, quitte à parfois fragiliser l'équilibre démocratique américain, relève CNN. De la militarisation intérieure à la politisation des institutions, voici les sept mesures qui illustrent le mieux cette expansion sans précédent de son autorité présidentielle.

1

La militarisation intérieure

Donald Trump a ordonné le déploiement de la Garde nationale à Washington pour «lutter contre le crime», alors même que la police locale fait état d’une baisse de la criminalité. Une décision inédite: jamais la police métropolitaine, normalement sous l’autorité du maire de la capitale, n’avait été placée directement sous contrôle fédéral.

Et le président américain ne compte pas s’arrêter là. Il a menacé d’étendre cette stratégie à d'autres grandes villes, notamment Chicago et New York, et évoqué même l'envoi de militaires d’active, ce qui constituerait un pas supplémentaire vers la militarisation du territoire. Or, la Garde nationale n’intervient traditionnellement qu’en cas d’émeutes ou de catastrophes majeures, ce qui rend ce déploiement d’autant plus extraordinaire. Des responsables de son premier mandat craignent que Donald Trump utilise l'armée pour cibler des citoyens, voire pour conserver le pouvoir, précise CNN.

2

Les taxes douanières

En principe, la Constitution confie au Congrès la fixation des droits de douane. Mais au fil du temps, ce pouvoir a été partiellement délégué au président par des lois d’exception, prévues pour des situations de crise. Donald Trump a largement exploité ces dispositifs – en particulier ceux liés à la sécurité nationale – pour modifier les tarifs au gré de ses négociations commerciales avec la Chine, le Mexique ou l’Europe. Il a ainsi transformé un instrument économique ponctuel en levier permanent de pouvoir exécutif, marginalisant le rôle du Congrès et accentuant la concentration du pouvoir entre ses mains.

3

Les enquêtes sur ses opposants

Donald Trump a publiquement soutenu, et parfois réclamé lui-même, des investigations visant ses opposants politiques et ses détracteurs. Plusieurs enquêtes ont ainsi été lancées contre des figures impliquées dans les dossiers les plus sensibles de son parcours: l’enquête sur l’ingérence russe, sa première procédure de destitution, les investigations liées au 6 janvier 2021 ou encore ses affaires pénales et civiles.

Cette pratique rompt avec une tradition de neutralité: historiquement, les présidents évitaient d'apparaître comme instrumentalisant la justice contre leurs adversaires. En encourageant ouvertement ces démarches, Trump installe une logique de représailles politiques, où toute tentative d’enquête sur lui peut déboucher sur une contre-enquête ciblant ses critiques. Même si ces procédures n’aboutissent pas toujours, elles envoient un signal dissuasif: s’opposer à Trump expose à des poursuites.

4

La politisation des institutions indépendantes

A plusieurs reprises, Donald Trump a affaibli l’autonomie d’organes censés rester à l’écart des pressions politiques. Il a d’abord limogé Erika McEntarfer, la cheffe du Bureau des statistiques du travail (BLS), coupable d’avoir publié des chiffres jugés (sans preuve) défavorables. Il l'a ensuite remplacée par un fidèle très conservateur, issu de la Fondation Heritage.

Plus récemment, il a franchi un cap en limogeant Lisa Cook, gouverneure de la Réserve fédérale. Trump l’accuse d’irrégularités dans des prêts immobiliers. Mais ce renvoi, contesté par Lisa Cook et critiqué par de nombreux juristes, illustre également sa volonté de reprendre en main des institutions indépendantes comme la Fed, une institution dont l’indépendance est un pilier de la stabilité économique américaine. Jerome Powell, président de la Fed, est d'ailleurs la bête noire de Trump, en raison de sa réticence à baisser les taux.

5

Les pressions sur les médias, universités et avocats

Donald Trump a multiplié les attaques publiques et les pressions directes contre ces institutions. Il utilise son influence et l'intimidation pour démontrer son pouvoir. Et certaines d'entre elles ont fait de grandes concessions face à cette pression, préférant ne pas se mettre à dos le président républicain. 

D'ailleurs, Trump s’en vante ouvertement. «Vous voyez ce que nous faisons avec les universités? Elles se plient toutes en quatre», déclarait-il en mars, avant d’ajouter que des cabinets d’avocats «horribles» le supplient désormais pour savoir «où ils doivent signer».

6

Le mépris du Congrès

Rien n’illustre mieux le mépris de Donald Trump pour le pouvoir législatif que le dossier TikTok. Le Congrès avait adopté à une très large majorité bipartisane une loi obligeant l’application à se séparer de ses actionnaires chinois sous peine d’interdiction, et la Cour suprême avait validé ce texte. Mais Trump a choisi d’ignorer cette décision et d’accorder des prolongations successives à TikTok, alors même qu’il ne dispose pas de l’autorité légale pour le faire.

Officiellement, il justifie cette position par son refus de priver les jeunes Américains d’une application populaire. Mais ce choix va directement à l’encontre des préoccupations de sécurité nationale, que Trump lui-même avait autrefois brandies contre Pékin.

7

Les expulsions accélérées

Donald Trump a cherché à accélérer les expulsions en utilisant des outils normalement réservés à des situations de guerre. Il a invoqué l'Alien Enemies Act, une loi vieille de plus de deux siècles, pour justifier l’expulsion expresse de migrants sans papiers. En procédant ainsi, il a court-circuité les garanties prévues par la procédure régulière, comme le droit de demander l’asile ou d’obtenir un examen judiciaire.

Dans certains cas, son administration est même allée jusqu’à ignorer des ordonnances de tribunaux fédéraux qui interdisaient le renvoi de migrants déjà embarqués dans des avions. Ces pratiques marquent une remise en cause fondamentale de l’Etat de droit. Donald Trump agit ouvertement en contradiction avec des décisions de justice.

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