Après la claque électorale
Déchiré, le camp MAGA n'ose pas désigner Trump comme le nouveau boulet du parti

Le revers électoral du Parti républicain plonge le camp Trump dans la tourmente. Si les démocrates raflent plusieurs Etats-clés, personne, au sein du parti, n’ose désigner Donald Trump comme responsable. Un silence révélateur d’un mouvement désormais fracturé.
Publié: 08:40 heures
|
Dernière mise à jour: 09:58 heures
Partager
Écouter
Le camp de Donald Trump a essuyé un échec électoral mardi 4 novembre. Les démocrates ont remporté des Etats-clés.
Photo: keystone-sda.ch
Léa Perrin
Léa PerrinJournaliste Blick

La gifle électorale subie mardi 4 novembre par le Parti républicain a massivement secoué le camp de Donald Trump aux Etats-Unis. Les démocrates ont emporté plusieurs scrutins clés, de New York à la Virginie en passant par le New Jersey. Ces résultats traduisent un puissant rejet du parti présidentiel, miné par ses divisions et en quête désespérée de coupables. Sauf un, que personne n'ose pointer du doigt: Donald Trump. 

Au lendemain de la défaite, les républicains ont rapidement cherché des boucs émissaires, au sein même de leurs rangs: des candidats jugés trop faibles, un message économique confus ou encore le «shutdown» du gouvernement qui paralyse Washington depuis plus d'un mois. La fracture s'agrandit au sein du parti qui reste pourtant soudé sur un point. Pas un mot n'a été prononcé sur la responsabilité de Donald Trump dans cet échec électoral, selon le «New York Times», mercredi 5 novembre.

Guerre intestine dans le camp MAGA

De son côté, le vice-président JD Vance, a reconnu sur les réseaux sociaux que le parti devait «travailler davantage pour rendre la vie décente et abordable» et surtout «cesser les querelles internes». Il a toutefois relativisé la portée du revers, estimant que le vrai test viendrait en 2026, lors des élections de mi-mandat.

Mais la division est profonde: une partie du camp MAGA veut voir Trump s’impliquer plus activement dans les campagnes à venir pour raviver la base du mouvement, tandis qu’une autre plaide pour une réaffirmation de l’identité économique du parti, distincte de la Maison Blanche, rapporte le «Washington Post», mercredi 5 novembre. Plusieurs sénateurs, comme le républicain Thom Tillis, ont d’ailleurs critiqué la politique tarifaire du président, jugée inflationniste.

La faute au blocage budgétaire

Pendant ce temps, Trump, dont la cote de popularité a durement chuté à 37%, a reconnu, à demi-mot, son influence sur les résultats. «Ils disent que je n’étais pas sur le bulletin et que j’ai été le plus grand facteur», a-t-il déclaré mercredi matin devant des élus républicains. «Je ne sais pas si c’est vrai, mais je suis honoré qu’ils le disent.»

Le président américain a tenté d'imputer ce revers au blocage budgétaire historique qui paralyse l'administration. «Nous devons rouvrir le pays, et nous le ferons cet après-midi en supprimant le 'filibuster'», a-t-il promis lors d’une réunion à la Maison Blanche, en référence à la règle du Sénat imposant une majorité renforcée pour adopter des lois. Une proposition immédiatement rejetée par le chef de la majorité, John Thune, qui a sèchement répondu: «Ça n’arrivera pas.»

Barrage à la vague républicaine

Alors que Donald Trump est affaibli par sa gestion du gouvernement et ses taxes douanières, les démocrates, eux, ont misé sur la lutte contre la vie chère. Renforcement du pouvoir d'achat, baisse des prix, politique du logement… les promesses de Zohran Mamdani, futur maire de New York, comme celles des nouvelles gouverneures de Virginie et du New Jersey reprennent les thèmes que Trump avait lui-même défendus lors de sa campagne présidentielle. Un cheval de bataille qui s'est avéré payant pour le parti démocrate, puisque les républicains n'ont pas su mobiliser l'électorat populaire qui s'était rallié à Trump pour ses promesses économiques en 2024. 

Mais l'affront est aussi direct. Elu à la mairie de New York, Zohran Mamdani s'est imposé comme un farouche opposant à Donald Trump. Une prise de position qu'il n'a pas manqué de rappeler lors de son discours de victoire, où il s'est adressé directement au président, avant de lancer à la foule: «Il ne s'agit pas juste de savoir comment nous allons stopper Trump. Mais comment nous allons stopper les prochains.»

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Premier maire musulman de la ville, il a remporté la course avec 50,4% des voix, lors d'un scrutin à la participation record. Fils d'immigrés et jeune maire, a 34 ans Zohran Mamdani incarne un vent de renouveau démocrate qui a soufflé jusque dans plusieurs Etats-clés, perçu comme un vote de barrage à Trump. 

Tourner le dos à Trump?

Mais le temps presse pour Trump, à moins d'un an des élections de mi-mandat. Au vu de la fragilisation du parti, les républicains se trouvent face à un dilemme: rompre avec Trump au risque de désaffection de sa base et de s'attirer ses foudres ou continuer à le soutenir, dans l’espoir d’un retour en force, mais en exposant ses candidats à un rejet plus large. 

Alors que les démocrates ont bénéficié d'une forte mobilisation, notamment des jeunes électeurs dans les Etats-clés, Trump, lui, est resté totalement absent de la scène. Pas de meetings, pas de levée de fonds… le président s'est très peu investi dans ces élections pourtant décisives pour l'avenir du mouvement MAGA. Une passivité interprétée comme un désengagement, qui sème le doute jusque dans les rangs conservateurs. Miné par ses divisions et l’ombre d’un chef affaibli, le camp républicain découvre qu’après l'ère Trump, son plus grand atout est aussi devenu son plus grand boulet.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus