Une technicienne aux manettes
Elisabeth Borne, nouvelle Première ministre déjà face aux urgences

Pour ses débuts comme Première ministre, Elisabeth Borne doit répondre à une double urgence: constituer son équipe gouvernementale et mener la bataille des législatives, tout en répondant aux attentes sur le pouvoir d'achat et le climat.
Publié: 17.05.2022 à 07:44 heures
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Dernière mise à jour: 17.05.2022 à 07:56 heures
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Le Premier ministre sortant Jean Castex aux côtés d'Elisabeth Borne, nommée Première ministre, dans la cour de Matignon à Paris le 16 mai 2022
Photo: CHRISTIAN HARTMANN

«Dans les prochains jours»: sans fixer de date précise, la nouvelle locataire de Matignon doit choisir une nouvelle équipe gouvernementale «resserrée», selon son entourage, alors que la nomination d'éventuels secrétaires d'Etats est attendue dans un deuxième temps, probablement après les législatives.

Car c'est d'abord en tant que patronne de la majorité que Mme Borne aborde ses nouvelles fonctions, avec pour feuille de route de donner à nouveau une majorité à la macronie à l'Assemblée.

Elle-même jamais élue, elle avait été investie ces derniers jours par la majorité présidentielle dans la sixième circonscription du Calvados. Son entourage a confirmé lundi soir cette candidature dans un territoire qui avait placé nettement en tête Emmanuel Macron aux deux tours de la présidentielle, laissant présager un succès à la nouvelle Première ministre.

Mais, dans le cas contraire, son avenir à Matignon semblerait compromis.

Une technicienne de gauche

Deuxième femme nommée Première ministre sous la Ve République, Elisabeth Borne, 61 ans, est une technicienne issue de la gauche réputée tenace et dont la loyauté pendant tout le dernier quinquennat, dans trois ministères difficiles, a fait la différence pour accéder à Matignon.

Nommée 30 ans après Edith Cresson, seule Première ministre entre 1991 et 1992, Elisabeth Borne, qui fut directrice de cabinet de Ségolène Royal est membre de l'aile gauche de la macronie, un atout à l'heure où s'annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par «la mère des batailles» sur les retraites.

Cette ingénieure, née le 18 avril 1961 à Paris, diplômée de l'Ecole nationale des Ponts et chaussées et de Polytechnique, haute fonctionnaire, se définit elle-même comme «une femme de gauche» avec «la justice sociale et l'égalité des chances» au cœur de ses combats.

A son arrivée au ministère du Travail en juillet 2020, déjà en pleine crise sanitaire liée au Covid-19, elle a notamment dû gérer le très contesté dossier de la réforme de l'assurance chômage, dénoncée unanimement par les syndicats. Présentée en mars 2021 dans une version «adaptée» à la crise, elle est pleinement entrée en vigueur en décembre, après avoir été un temps suspendue.

A son actif également, le plan «Un jeune, une solution» présenté dès juillet 2020 qui a mobilisé une palette de dispositifs pour l'emploi, dont des aides massives à l'apprentissage, pour éviter une «génération sacrifiée». Elle avait aussi hérité de l'explosif dossier des retraites, même s'il avait été remisé.

Cette sexagénaire toujours tirée à quatre épingles, souvent une cigarette électronique à la main - y compris discrètement dans l'hémicycle des assemblées -, est réputée bien connaître ses dossiers.

Deuxième femme nommée Première ministre sous la Ve République, Elisabeth Borne, 61 ans, est une technicienne issue de la gauche réputée tenace et dont la loyauté pendant tout le dernier quinquennat, dans trois ministères difficiles, a fait la différence pour accéder à Matignon.

Nommée 30 ans après Edith Cresson, seule Première ministre entre 1991 et 1992, Elisabeth Borne, qui fut directrice de cabinet de Ségolène Royal est membre de l'aile gauche de la macronie, un atout à l'heure où s'annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par «la mère des batailles» sur les retraites.

Cette ingénieure, née le 18 avril 1961 à Paris, diplômée de l'Ecole nationale des Ponts et chaussées et de Polytechnique, haute fonctionnaire, se définit elle-même comme «une femme de gauche» avec «la justice sociale et l'égalité des chances» au cœur de ses combats.

A son arrivée au ministère du Travail en juillet 2020, déjà en pleine crise sanitaire liée au Covid-19, elle a notamment dû gérer le très contesté dossier de la réforme de l'assurance chômage, dénoncée unanimement par les syndicats. Présentée en mars 2021 dans une version «adaptée» à la crise, elle est pleinement entrée en vigueur en décembre, après avoir été un temps suspendue.

A son actif également, le plan «Un jeune, une solution» présenté dès juillet 2020 qui a mobilisé une palette de dispositifs pour l'emploi, dont des aides massives à l'apprentissage, pour éviter une «génération sacrifiée». Elle avait aussi hérité de l'explosif dossier des retraites, même s'il avait été remisé.

Cette sexagénaire toujours tirée à quatre épingles, souvent une cigarette électronique à la main - y compris discrètement dans l'hémicycle des assemblées -, est réputée bien connaître ses dossiers.

Mme Borne a appris sa nomination dès lundi matin de la bouche d'Emmanuel Macron, confirmée dans l'après-midi par un bref communiqué de l'Elysée. Lors d'une passation de pouvoirs entamée par une embrassade avec Jean Castex - une première depuis la succession entre Michel Rocard et Edith Cresson en 1991 -, c'est pour son illustre prédécesseure que Mme Borne a voulu avoir une pensée, en devenant la deuxième femme à diriger le gouvernement français sous la Vè République.

Déjouer le machisme de la classe politique

Elle a dédié sa nomination «à toutes les petites filles», qu'elle a invitées à «aller au bout de (leurs) rêves».

Trente ans après le départ de Mme Cresson à Matignon, Elisabeth Borne devra déjouer le machisme réputé toujours présent dans la classe politique, autant qu'imposer un style davantage sévère que celui de Jean Castex, figure bonhomme dont elle a relevé qu'il avait «su conquérir le cœur des Français».

Mais «nous avons beaucoup de choses en commun», a juré celle venue de la gauche à l'endroit de l'ex-LR, «même si nous venons de familles politiques différentes».

Mme Borne ne peut par ailleurs pas compter sur quelque état de grâce de la part des oppositions: «Macron vient de choisir comme Premier ministre une technocrate socialiste», a fustigé le député LR Eric Ciotti, alors que son homologue de LFI Adrien Quatennens a considéré qu'elle était «l'autre nom de la maltraitance sociale».

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Réforme des retraites

Sur le fond, lors de sa courte prise de parole sur le perron de Matignon, Elisabeth Borne a appelé à «agir plus vite et plus fort» face «au défi climatique et écologique».

«Je suis convaincue que nous pourrons le faire en associant encore davantage les forces vives de notre territoire, parce que c'est bien au plus près des Français qu'on trouvera les bonnes réponses», a-t-elle encore lancé, alors que le président de la République avait énuméré quelques minutes plus tôt dans un tweet ce qu'il entendait être les priorités de sa nouvelle cheffe de gouvernement: «écologie, santé, éducation, plein-emploi, renaissance démocratique, Europe et sécurité».

Depuis plusieurs jours, le président de la République avait indiqué qu'il recherchait un profil «social», «écologique» et «productif», des cases cochées par l'ex-ministre du Travail, des Transports et de la Transition écologique, ce dernier portefeuille devant par ailleurs être désormais la prérogative du Premier ministre, selon la volonté présidentielle.

Mais c'est aussi sur le pouvoir d'achat, sujet de préoccupation numéro un des Français, que la nouvelle locataire de Matignon devra d'abord convaincre, notamment avec la mise en œuvre dans les prochains jours du chèque alimentaire, dans un contexte de forte inflation.

Plus généralement, cette ancienne préfète devra incarner la «méthode refondée» promise par Emmanuel Macron pour gouverner la France, basée sur la concertation et le dialogue.

Celle qui présente un profil social, autrefois membre du Parti socialiste, sera notamment attendue au tournant pour lancer la réforme promise explosive des retraites, avec l'objectif de porter l'âge de départ à 64 ans à la fin du quinquennat puis à 65 ans d'ici 2031.

(AFP)

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