«Un crachat au visage de l'Histoire»
Un monument à la gloire de Staline réinstallé à Moscou

Une statue du dictateur soviétique Joseph Staline a été réinstallée dans le métro de Moscou, a constaté jeudi l'AFP, en pleine mobilisation patriotique glorifiant la puissance de l'URSS alimentée par le Kremlin pour soutenir l'offensive en Ukraine.
Publié: 18:30 heures
Ces dernières années, plusieurs monuments à la gloire de Joseph Staline sont réapparus à travers la Russie.
Photo: AFP
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ATS Agence télégraphique suisse

Ce jeudi, l'AFP a constaté qu'une statue du dictateur soviétique Joseph Staline avait été remise en place dans le métro de Moscou, alors que le Kremlin intensifie une campagne patriotique exaltant la puissance de l’URSS pour soutenir l’offensive en Ukraine. Le monument, situé dans un couloir reliant deux lignes à la station Taganskaïa, est un bas-relief montrant des hommes, femmes et enfants tenant des fleurs et entourant une sculpture de Staline (1878-1953) installée sur un piédestal.

Dans un communiqué publié samedi, les transports moscovites indiquent qu'il s'agit d'une reproduction à l'identique d'une installation qui se trouvait dans cette même station jusqu'en 1966. Ils précisent qu'elle était dédiée à la victoire de l'URSS lors de la Seconde Guerre mondiale. Staline, au pouvoir de la fin des années 1920 jusqu'à sa mort en 1953, a mené des répressions gigantesques ayant fait des millions de morts. Mais en Russie, sa mémoire est ambivalente.

Crimes minimisés

Ces dernières années, plusieurs monuments à sa gloire sont réapparus à travers le pays, souvent sur la base d'initiatives privées et dans des endroits peu exposés. Si le président russe Vladimir Poutine condamne de temps à autre ses crimes, la ligne suivie par le Kremlin consiste généralement à les minimiser et les victimes des répressions sont réduites à la portion congrue dans les manuels d'histoire.

Staline y est en premier lieu présenté en héros de la Seconde Guerre mondiale et en tombeur du nazisme, dans un contexte de glorification de la puissance militaire de l'URSS, en particulier depuis l'attaque contre l'Ukraine, où le Kremlin assure combattre des «néo-nazis». Ceux dénonçant cette approche tombent dans le collimateur des autorités. Memorial, la grande ONG recensant à la fois les répressions soviétiques et celles du pouvoir actuel, a été interdite fin 2021.

Le parti libéral d'opposition Iabloko, toujours légal mais très affaibli, a dénoncé le monument installé dans le métro moscovite. «Le retour de symboles du stalinisme à Moscou, c'est un crachat au visage de l'Histoire, c'est se moquer des descendants des victimes des répressions et une honte pour Moscou», a-t-il indiqué dans un communiqué. La plupart des très nombreux monuments à Staline, qui faisait l'objet d'un culte de la personnalité, ont été retirés lors de la période de «déstalinisation» ayant suivi sa mort, puis après l'effondrement de l'URSS en 1991.

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