Le talon d'Achille
La Hongrie met en péril le nouveau bouclier de l’Europe contre Moscou

Alors que l’Union européenne prépare un «mur anti-drones» pour contrer la menace russe, l’absence de la Hongrie inquiète. Proche de Moscou, Viktor Orban fragilise ce projet stratégique et laisse planer un doute sur la solidité de la défense européenne.
Publié: 10:54 heures
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Dernière mise à jour: 10:59 heures
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Viktor Orban s'est rapproché de Vladimir Poutine ces dernières années. Il a même qualifié le chef du Kremlin de «partenaire équitable».
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Des aéroports paralysés au Danemark et en Norvège, des drones russes qui franchissent sans peine les frontières européennes: la menace aérienne se précise. Pour y répondre, l’Union européenne veut bâtir un ambitieux «mur anti-drones». Mais un acteur clé manque à l’appel: la Hongrie.

Ce vendredi 26 septembre, au moins sept pays de l’UE, dont plusieurs frontaliers de la Russie et de la Biélorussie, doivent discuter de ce projet de défense inédit. Parmi eux figurent l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Finlande, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, ainsi que l’Ukraine, contrainte de devenir un leader mondial en matière de défense contre les drones, rapelle le «Telegraph».

L’absence de Budapest risque toutefois de laisser un vide béant au cœur du futur dispositif. A Bruxelles, certains y voient un signe de plus en plus net de la dérive pro-Kremlin de Viktor Orban, accusé de mettre à mal la sécurité européenne par son rapprochement avec Moscou.

La ligne Maginot du ciel

Inspirée par les attaques de drones menées en Pologne le 9 septembre, la future ligne de défense combinerait radars, caméras et systèmes de neutralisation d’essaims, avec notamment l’appui du dispositif lettono-estonien Eirshield. Mais son efficacité est déjà mise en doute: «Sans la Hongrie, le mur de drones de l’UE serait en réalité une ligne Maginot dans le ciel», prévient Jessica Berlin, chercheuse au Centre d’analyse des politiques européennes. Le retrait hongrois laisserait en effet une brèche de plus de 96’000 km2 au cœur de l’Europe.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Viktor Orban s’est rapproché de Moscou, allant jusqu’à qualifier Vladimir Poutine de «partenaire équitable». Budapest a bloqué à plusieurs reprises sanctions et déclarations hostiles au régime russe, et refuse toujours d’abandonner l’énergie bon marché venue de Russie.

Cette attitude alimente une méfiance croissante au sein de l’UE, où certains responsables soupçonnent Viktor Orban de faire passer les intérêts du Kremlin avant ceux de ses partenaires européens. Ceux-ci redoutent ainsi un «mur anti-drones» couteux et inefficace, sans stratégie globale de soutien à l’Ukraine et de fermeté envers la Russie.

La Slovaquie aussi dans le viseur

Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, car le risque pour l’UE est que Budapest mette son véto pour bloquer l’ensemble du projet, dans le but de plaire à Poutine. Le «Telegraph» a contacté la Hongrie à ce sujet et n’a pour l’heure pas eu de réponse.

Autre inquiétude: la Slovaquie, elle aussi jugée trop proche de Moscou. Initialement exclue de la visioconférence de ce vendredi, elle a finalement été intégrée après avoir dénoncé cette mise à l’écart «injuste».

L’UE trop lente

Alors que les attaques de drones se multiplient déjà au cœur de l’Europe, le projet n’en est qu’à ses balbutiements. Et certains s’agacent du manque de réactivité: «Nous ne sommes pas prêts à affronter l’ampleur des forces de drones russes si la guerre s’intensifie», alerte Karl Rosander, directeur de Nordic Air Defence. Pour l’heure, l’UE semble courir derrière la menace, au risque de bâtir un mur plus symbolique qu’opérationnel.

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