C'est l'une des milices les plus radicales des Etats-Unis. Patriots for America a patrouillé pendant des années à la frontière sud des Etats-Unis, lourdement armée, pour traquer les migrants illégaux. «Si le régime de Washington ne surveille pas la frontière, nous le ferons nous-mêmes», expliquait le chef de la milice Samuel Hall à Blick peu avant la victoire électorale de Donald Trump.
Il y a exactement un an, ces militants d'extrême droite ont emmené un journaliste de Blick dans leurs rondes nocturnes à la frontière. Un an plus tard, l'administration Trump se vante que les passages illégaux aux Etats-Unis ont été réduits «à zéro». Les Patriots for America n'ont-ils donc plus rien à faire? Blick leur a posé la question et a appris contre qui la milice texane se bat depuis peu.
«Soulager» les autorités frontalières
«A la frontière, le calme est effectivement revenu, raconte Samuel Hall, fondateur et président de Patriots for America lors d'un appel vidéo. Tout ce qu'on entend, c'est les grillons. Plus personne ne traverse illégalement», dit cet ancien prêtre et vendeur de voitures, la tête couverte d'une casquette militaire ornée d'une croix d'épées.
Officiellement, le nombre d'immigrés illégaux aux Etats-Unis est tombé à son niveau le plus bas depuis 1970. «Trump est intervenu après le chaos de Biden», déclare Samuel Hall.
Pendant 38 mois, lui et ses frères et sœurs d'armes ont entrepris 29 rotations de cinq à 15 jours chacune. Avec jusqu'à 19 personnes partageant ses idées, Samuel Hall a parcouru et arpenté nuit après nuit la frontière de l'ouest du Texas afin de «soulager» les autorités frontalières, à ses yeux débordées. Ce qui serait impensable en Suisse est certes controversé aux Etats-Unis, mais légal.
Un combat qui n'a plus lieu d'être
Le fait que Samuel Hall et son équipe patrouillent lors de leurs «missions» avec de lourdes armes à feu dans les rues des villages frontaliers a suscité l'inquiétude de certains habitants. A Eagle Pass, un propriétaire, mal à l'aise face à des hommes armés équipés de jumelles nocturnes devant sa maison a appelé la police. «C'était nécessaire pour protéger notre pays», se défend Samuel Hall.
Après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, les Patriots for America ont suspendu toutes leurs patrouilles à la frontière. « On n'a plus besoin de nous là-bas, Trump nous a rendu inutiles», ironise Samuel Hall. L'état d'urgence déclaré par Trump, l'envoi de milliers de soldats et l’augmentation des budgets de sécurité ont vidé la milice de ses ambitions.
«Bien sûr que la camaraderie me manque», confie Samuel Hall. Avec ses équipes, il logeait dans un Airbnb situé dans un fort militaire historique à Brackettville, au Texas. «Mais je suis très heureux que nous ayons à nouveau des frontières sûres en Amérique.»
Leur nouvelle cible? Les pédophiles
En quête d'une nouvelle croisade, les Patriots for America se sont récemment tournés vers une nouvelle cible: les pédophiles sur Internet. «Rien que le mois dernier, notre méthode nous a permis de repérer 23 pédocriminels suspects et de les signaler aux autorités compétentes», raconte fièrement Samuel Hall.
Aujourd'hui, la milice concentre tous ses efforts sur cet «ennemi ténébreux». Mais comment la traque s'opère-t-elle? Samuel Hall refuse de répondre à cette question.
Des miliciens profondément endettés
Et qu'en est-il de ces opérations controversées contre les immigrés illégaux à l'intérieur du pays, que Trump fait arrêter et déporter par dizaines de milliers? «Nous serions tout de suite partants si les autorités avaient besoin d'aide pour lutter contre des gangs comme le MS 13 ou Tren de Aragua», répond Samuel Hall.
Si la situation à la frontière devait soudainement changer dans un avenir proche, lui et ses miliciens se tiendraient au garde à vous. «J'espère que nous ne serons plus nécessaires. Mais si c'était le cas, nous serions prêts comme jamais auparavant.»
Cependant, poursuivre leurs actions risquent de s'avérer difficile. Les Patriots for America ont dépensé jusqu'à 5000 dollars par rotation – pour l'Airbnb, la nourriture et l'essence. «Les 29 missions nous ont coûté environ 200'000 dollars», calcule Samuel Hall.
La milice, financée par des dons, n’a récolté que 29'000 dollars. «Je vais devoir rembourser mes dettes encore trois ans au moins », confie le militant d'extrême droite.