Bill Gates met en cause Trump
La mortalité infantile repart à la hausse, une première au 21e siècle

Une tragédie»: le milliardaire et philanthrope Bill Gates alerte auprès de l'AFP sur un rebond de la mortalité infantile dans le monde. Une première hausse de ce chiffre depuis le début du siècle. En cause: la baisse des aides internationales par les pays occidentaux.
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Des enfants attendent lors d'une distribution de nourriture le 27 novembre 2025 à Khan Younès, dans la bande de Gaza.
Photo: Anadolu via Getty Images
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AFP Agence France-Presse

Le cofondateur de Microsoft, interrogé par visioconférence depuis Seattle (Etats-Unis), s'est exprimé à l'occasion de la publication d'un rapport de la fondation Gates qui estime que 4,8 millions d'enfants seront morts dans le monde avant leurs cinq ans en 2025. Une hausse de 200'000 et le premier rebond de ce chiffre au 21e siècle.

Cette projection constitue une «tragédie», pour Bill Gates, qui constate un retour en arrière probablement inévitable alors que le nombre de morts infantiles n'avait cessé de décliner depuis les quelque 10 millions annuelles enregistrées au tournant des années 2000. La cause ne fait pas de doute pour le milliardaire et les auteurs du rapport: comme d'autres pans de la santé mondiale, les efforts contre la mortalité infantile sont plombés par la tendance générale des pays occidentaux à réduire leur aide financière à l'étranger.

Discussions avec Trump

Les mesures les plus emblématiques ont été prises par les Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump à la présidence. Bill Gates cible en particulier l'action d'un autre milliardaire, Elon Musk, qui a dirigé pendant plusieurs mois un «département de l'efficacité gouvernementale».

Si celui est désormais dissous, il a décidé de coupes drastiques dans l'aide américaine. L'agence pour le développement international (USAID) en a particulièrement fait les frais.

Cette politique «a sans conteste causé de nombreux morts», dénonce Bill Gates, qui dit désormais «discuter» avec Donald Trump pour limiter les dégâts. «Je l'encourage à rétablir les aides, ou du moins à ne les réduire qu'un peu», explique-t-il. «Je ne suis pas sûr de réussir.»

Vaccination attaquée aux USA

Bill Gates mentionne également le retrait des financements internationaux en faveur de Gavi. Cette organisation internationale rassemble acteurs publics et privés pour accélérer les efforts de vaccination dans le monde.

Cette décision s'inscrit dans un contexte où le ministre américain de la Santé, Robert F. Kennedy Jr, connu pour ses positions vaccinosceptiques, multiplie les déclarations infondées en ce sens, y compris dans un message à Gavi. Bill Gates dénonce ainsi les positions «largement discréditées et fallacieuses» de RFK sur l'idée qu'"il ne faudrait pas recourir à la vaccination infantile».

«Même si la Fondation Gates travaille avec chaque administration – et nous trouvons des terrains d'entente avec le ministre Kennedy en ce qui concerne les vaccins – nous avons pour l'essentiel des points de vue opposés sur le rôle que que les vaccins ont joué dans le monde», observe-t-il.

Macron également interpelé

Mais, au-delà des Etats-Unis, le milliardaire a souligné que la baisse «disproportionnée» de l'aide internationale était une tendance générale parmi les pays occidentaux: France, Allemagne, Royaume-Uni...

La France n'a, par exemple, pas encore été en mesure de confirmer ses financements au Fonds mondial contre les maladies infectieuses. Une situation liée à la difficulté de faire adopter un budget pour 2026 dans un contexte d'instabilité politique.

«J'ai discuté» avec le gouvernement «et le président» français «et d'autres pour leur dire que c'est de toute première importance», rapporte Bill Gates, admettant cependant une «situation budgétaire très difficile». L'alerte portée par Bil Gates et sa fondation – créée en 2000 avec son épouse Melinda dont il a désormais divorcé – va dans le même sens que d'autres études.

En novembre, l'Institut pour la santé mondiale, à Barcelone, avait estimé que plus de 22 millions de personnes pourraient mourir à cause des coupes américaines et européennes d'ici 2030. Malgré ces inquiétudes, le milliardaire retient des évolutions positives contre la mortalité infantile, comme l'apparition de traitements immunisants contre le virus respiratoire syncytial (VRS) à l'origine de la bronchiolite.

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