La nuit a été longue
Trump annonce une trêve au Moyen-Orient et déclenche une cacophonie

Donald Trump a annoncé lundi un cessez-le-feu «total et complet» entre l'Iran et Israël. Selon le président américain, l'accord est entré en vigueur mardi matin. De son côté, l'Iran a démenti l'annonce… avant de la confirmer par le biais de sa télévision d'Etat.
Publié: 24.06.2025 à 03:01 heures
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Dernière mise à jour: 24.06.2025 à 07:38 heures
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Donald Trump a annoncé que l'Iran et Israël avaient accepté un cessez-le-feu devant déboucher sur «la fin» de la guerre.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Le président américain Donald Trump a affirmé mardi que le cessez-le-feu entre l'Iran et Israël était à «présent en vigueur», exhortant les deux pays à le respecter.

«LE CESSEZ-LE-FEU EST A PRESENT EN VIGUEUR. VEUILLEZ NE PAS LE VIOLER!», a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social. Donald Trump avait auparavant indiqué que la trêve serait mise en place progressivement sur une période de 24 heures, qui devait débuter à 04H00 GMT mardi, l'Iran arrêtant initialement toutes ses opérations avant qu'Israël ne fasse de même 12 heures plus tard.

Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a réagi dans un premier en précisant qu'il n'existait «pas d'accord» à ce stade, mais que Téhéran n'avait «pas l'intention» de poursuivre ses frappes si Israël «arrête» son agression. Puis, plus tard dans la nuit, la télévision d'Etat iranienne a confirmé qu'un cessez-le-feu avait été conclu.

De son côté, Israël n'a pas pour l'heure confirmé officiellement cette annonce, qui survient après des vagues successives de frappes réciproques, le but affiché par Israël étant la destruction des installations nucléaires de Téhéran, accusé de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce qu'il dément.

Annonce après des frappes iraniennes au Qatar

«A la 24ème heure, la fin officielle de la guerre de 12 jours sera saluée par le monde», a lancé Donald Trump, ajoutant que les deux parties avaient accepté d'être «pacifiques et respectueuses» lors de chaque phase du processus. Toute cessation des hostilités représenterait un soulagement énorme chez des dirigeants internationaux craignant une escalade du conflit.

L'annonce de Donald Trump arrive quelques heures après que l'Iran a lancé des missiles sur la base militaire américaine d'Al-Udeid au Qatar en représailles aux raids américains menés samedi soir, à l'heure américaine, sur trois sites nucléaires iraniens. Riposte qualifiée de «très faible» par Donald Trump, qui a aussi tenu à «remercier l'Iran» d'avoir «prévenu» les Etats-Unis «à temps, ce qui a permis de ne pas perdre de vies et de ne blesser personne».

Le Conseil de sécurité nationale iranien a décrit son attaque comme une «réponse à l'action agressive» des Etats-Unis. L'Iran a utilisé autant de missiles «que le nombre de bombes» utilisées dans les raids américains, signalant une réponse dûment calibrée, selon la même source. Précisant que la base avait été évacuée, le Qatar a dit avoir intercepté les tirs iraniens et a depuis rouvert son espace aérien.

Plusieurs appels à évacuer durant la nuit

Donald Trump s'était prévalu dimanche d'avoir infligé des «dommages monumentaux» au site d'enrichissement d'uranium de Fordo, au sud de Téhéran et aux installations nucléaires d'Ispahan et Natanz (centre). Pour Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group, les représailles iraniennes «étaient calibrées et annoncées de manière à ne pas entraîner de victimes américaines, permettant ainsi une sortie de crise pour les deux parties».

L'ambassade des Etats-Unis à Doha avait conseillé à ses ressortissants au Qatar de se «mettre à l'abri jusqu'à nouvel ordre». Mark, 29 ans, un citoyen américain en visite dans ce pays, a raconté à l'AFP avoir vu les tirs de missile. «Ensuite les roquettes de la base militaire sont arrivées et ont détruit les missiles (...) Ca m'a donné des frissons». La télévision d'Etat iranienne a montré en direct des manifestants en liesse à Téhéran, criant «mort à l'Amérique».

L'Iran a appelé dans la nuit de lundi à mardi les habitants de Ramat Gan dans l'agglomération de Tel-Aviv à évacuer, après un ordre similaire lancé par l'armée israélienne à la population vivant dans une zone du centre de Téhéran.

Près de 425 morts, en majorité civils

Lundi, des centres de commandements des Gardiens de la Révolution, ainsi que la prison d'Evine ont été pris pour cible par Israël. La justice iranienne a fait état de dégâts dans certaines parties de la prison, où sont détenus des Occidentaux, prisonniers politiques et opposants. Les deux Français, Cécile Kohler et Jacques Paris, qui y sont détenus depuis plus de trois ans, «n'auraient pas été touchés», selon le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.

Israël a aussi dit avoir mené des frappes pour «bloquer les voies d'accès» au site de Fordo enfoui sous une montagne, au sud de Téhéran. En Iran, la guerre a fait plus de 400 morts et 3056 blessés, en majorité des civils, selon un bilan officiel. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 24 morts, d'après les autorités. Israël a bombardé depuis le 13 juin des centaines de sites militaires et nucléaires, tuant les plus hauts gradés du pays ainsi que des scientifiques du nucléaire.

Le nucléaire iranien, enjeu no 1

L'Iran, qui riposte avec des tirs de missiles et de drones vers Israël, dément vouloir fabriquer l'arme atomique, mais défend son droit à un programme nucléaire civil. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d'évaluer les dégâts, réclamant un accès aux sites iraniens.

Des experts estiment que l'Iran pourrait en avoir évacué le matériel nucléaire, et Téhéran a affirmé toujours posséder des stocks d'uranium enrichi. L'AIEA a dit toutefois n'avoir décelé jusque-là aucun indice d'un «programme systématique» de fabrication d'une bombe atomique.

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