Des parlementaires américains soutiennent la Suisse
«Trump ne se comporte pas en président, mais en tyran»

Un groupe d'amitié parlementaire américain soutient la Suisse face aux droits de douane de Trump. James P. McGovern, coprésident démocrate, qualifie ces mesures d'insensées et autodestructrices. Il conseille à la Suisse d'insister sur les réalités économiques.
Publié: 12:24 heures
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Dernière mise à jour: 12:26 heures
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Le député américain James McGovern fait partie du groupe d'amitié avec la Suisse au sein du Congrès.
Photo: Getty Images
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Céline Zahno

Près de trente membres du Parlement américain s’identifient officiellement comme «amis de la Confédération». Ce groupe d’amitié, créé en 2003, vise à renforcer les relations entre les Etats-Unis et la Suisse. Son coprésident, le démocrate James P. McGovern, élu du Massachusetts, explique dans un entretien ce qu’il conseille désormais à la Suisse de faire et si les parlementaires américains favorables à la Confédération peuvent encore l’aider.

James P. McGovern, la semaine dernière, les droits de douane de Donald Trump sont tombés… le jour même de la Fête nationale suisse. Qu’avez-vous pensé?
J’ai trouvé cela insensé. Du point de vue des Etats-Unis, c’est autodestructeur et cela nuit à un allié solide comme la Suisse. Cette mesure entraînera une hausse des prix, ici aussi aux Etats-Unis, qu’il s’agisse de chocolat, de montres ou de médicaments.

Pourquoi ces droits de douane frappent-ils la Suisse aussi durement?
Trump a une incompréhension fondamentale des déséquilibres commerciaux. J’ai aussi le sentiment qu’il ne se comporte pas en président, mais en souverain. Il veut que tous les pays se plient à sa volonté.

Était-ce uniquement lié au déséquilibre commercial, comme il l’affirme?
Oui. Il n’a considéré que les marchandises, pas les services. J’espère malgré tout qu’il changera de cap. Le gouvernement suisse doit peut-être lui expliquer les réalités économiques, le fonctionnement des droits de douane et du commerce.

D’après nos informations, la Suisse a déjà tenté cette approche, sans succès.
Trump apprend lentement. Ces droits de douane finiront par se répercuter sur les consommateurs américains, et il y aura alors une réaction. De plus, les démocrates les jugent illégaux et contraires à la loi américaine. Nous continuerons donc à les combattre.

Que pourrait faire la Suisse pour infléchir sa position?
Peut-être lui adresser des paroles flatteuses… mais je ne peux pas donner de conseils précis. Ce n’est pas quelqu’un qui raisonne de façon logique. Quoi qu’il en soit, nous ferons tout pour nous défendre.

La Suisse a-t-elle une chance de conclure un accord à court terme?
Impossible de prédire ce que fera ce gouvernement. Ce que je peux dire, c’est que la Suisse est un partenaire important… et que Trump agit comme un tyran. C’est sa méthode: harceler pays et dirigeants.

«
Beaucoup d’entre nous continueront à dénoncer la politique de Trump
»

Karin Keller-Sutter a été publiquement snobée par Trump, qui a affirmé ne pas la connaître. Comment jugez-vous cela?
Les chefs d’État et de gouvernement doivent être traités avec respect. Ce genre d’attitude peut avoir des conséquences désastreuses pour les entreprises suisses.

Quel type d’accord pourrait-on envisager?
La Suisse est déjà notre sixième partenaire commercial. La plupart des produits suisses entrent aux Etats-Unis sans droits de douane. Je ne vois pas ce qu’elle pourrait offrir de plus.

Donc peu d’espoir à court terme?
Sans doute, mais il faut continuer à mettre l’accent sur les réalités économiques.

En tant que démocrate minoritaire à la Chambre des représentants, vous devez vous aussi composer avec Trump…
Je ne danse jamais au son de Trump.

Le groupe d’amitié suisse au Congrès peut-il défendre la Suisse?
Oui. Beaucoup d’entre nous continueront à dénoncer cette politique. Les parlementaires – démocrates comme républicains – entendront tôt ou tard leurs électeurs se plaindre de la hausse des prix. Ils exigeront alors des explications.

Des élus suisses et américains du groupe d’amitié se sont rencontrés vendredi à Genève. De quoi avez-vous parlé?
Je ne sais pas, je n’étais pas présent.

Si vous étiez conseiller du gouvernement suisse, que recommanderiez-vous?
Il ne m’appartient pas de donner des instructions à un autre gouvernement. Mais j’insisterais sur la nécessité d’informer l’administration américaine des réalités économiques, ainsi que des avantages mutuels que procurent les relations entre nos deux pays.

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