Sommet au Brésil
Ils voulaient défier l'Occident, les BRICS sont paralysés par Trump

En sommet au Brésil, les BRICS, ces grands pays émergents, se retrouvent le dos au mur après l'accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis. Comment offrir une alternative crédible alors que, sur les grands sujets internationaux, Trump triomphe?
Publié: 10:50 heures
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Dernière mise à jour: 13:31 heures
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Le sommet des BRICS à Rio de Janeiro s'achève ce lundi 7 juillet sans prise de position déterminante.
Photo: imago/Xinhua
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Richard WerlyJournaliste Blick

La «bossa nova» anti-occidentale des BRICS, l’organisation des grands pays émergents, est encore loin de faire danser la planète. Réunis jusqu’à ce lundi 7 juillet à Rio de Janeiro, au Brésil, les dix pays membres de plein droit de ce forum (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Iran, Égypte, Émirats arabes unis, Indonésie et Éthiopie) peinent à constituer une alternative à la domination d’un Occident au sein duquel Donald Trump mène le bal.

Pourquoi cet échec face aux Etats-Unis, défiés sur le plan géopolitique et militaire par la Chine et la Russie? Ces 5 réponses permettent de le comprendre.

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Les BRICS doublés par la Chine

«Diviser pour régner»: cette devise est aussi celle de Donald Trump. Depuis son retour au pouvoir le 20 janvier 2025, et surtout depuis ses annonces tarifaires du «Liberation day» le 2 avril, celui-ci a transformé le monde en une course de pays concurrents désireux de sceller le meilleur «deal» commercial avec les Etats-Unis. L’exemple le plus saillant est celui de la Chine qui, après une surenchère initiale sur les tarifs douaniers, a finalement conclu un accord à la fin juin. Le détail de cet accord n’est pas encore connu. Mais il confirme que la deuxième puissance économique mondiale, sur le plan commercial, fait cavalier seul. Le président Xi Jinping n’a d’ailleurs pas fait le déplacement à Rio alors qu’il était présent à Kazan (Russie), en 2024.

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Les BRICS encombrés par Poutine

Le président russe n’est pas venu au Brésil, car ce pays a refusé de lui garantir l’immunité face aux poursuites engagées contre lui par la Cour pénale internationale. Poutine est, depuis le 17 mars 2023, poursuivi par la CPI pour crime de guerre, déportation illégale de population et transfert illégal de population (enfants) vers la Fédération de Russie. Que pèse, dès lors, son appel lancé dimanche en visioconférence sur la fin programmée de «l’ère de la mondialisation libérale» et sur «l’avenir qui appartient aux marchés émergents à croissance rapide, qui devraient renforcer l’utilisation de leurs monnaies nationales pour les échanges commerciaux»? L’économie de guerre de la Russie n’offre pas un marché sérieux pour les BRICS. Et la guerre en Ukraine, avec la possibilité de nouvelles sanctions internationales sur tous les acheteurs d’hydrocarbures russe (comme l’Inde) demeure un sérieux boulet.

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Les BRICS nargués par le dollar

Les membres des BRICS ont annoncé leur intention de créer une nouvelle monnaie pour concurrencer le dollar américain. Ils ont aussi dévoilé des plans pour un système de paiement basé sur la blockchain. Il s’agit, dans les deux cas, d’avancer vers une «dédollarisation» du monde, appuxée sur des faits. Depuis mars, le système de paiement chinois a ainsi dépassé SWIFT en volume de transactions. Le billet vert, de son côté, dollar est passé de 70% à 59% des reserves des banques centrales. Reste une réalité à la fois simple et pour le moment incontournable: plus l’économie américaine est au centre du monde, plus le dollar conforte sa position de monnaie dominante, même si Donald Trump milite pour un billet vert dévalué, afin de favoriser les exportations. «Les bonnes performances de l’économie américaine restent à l’origine de la vigueur du dollar», pronostique David Lubhin, de Chatham House. L’affaiblissement du statut mondial du dollar entraînerait en plus d’énormes quantités d’incertitudes supplémentaires à l’économie mondiale.»

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Les BRICS coincés au Moyen-Orient

Un absent résume la faiblesse des BRICS: l’Arabie saoudite. Le géant pétrolier du Moyen-Orient devait intégrer ce forum, et il y a été invité. Mais compte tenu des relations étroites entre Donald Trump et son prince héritier Mohammed Ben Salmane, le dossier BRICS est redevenu empoisonné à Riyad. Résultat: l’Iran cherche à mobiliser ce forum dont il est membre, après la «guerre des douze jours» qui aurait démantelé son programme nucléaire. «Les attaques américano-israéliennes contre nos installations nucléaires constituent une violation flagrante du TNP (traité de non-prolifération nucléaire) et de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a approuvé par consensus le programme nucléaire pacifique de l’Iran en 2015», a asséné son ministre des Affaires étrangères à Rio. Réponse? Une dénonciation commune des Etats-Unis et d’Israël.

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Les BRICS trop dépendants

C’est le point central. Tous les pays émergents membres des BRICS ont un besoin crucial d’accéder aux marchés de consommateurs occidentaux pour écouler leurs produits. Et parmi eux, tous ceux dont le sous-sol regorge de matières premières (Brésil, Indonésie, Afrique du sud, Iran…) subissent la loi de leurs clients. En clair: les grands pays émergents sont encore trop dépendants pour constituer une véritable alternative face à l’Occident. Leurs critiques, souvent justifiées, contre le «deux poids-deux mesures» des Occidentaux, qui veulent solidariser la planète contre la Russie et accordent une quasi-impunité à Israël, n’en sont pas moins pertinentes. Mais comment y mettre fin?

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