Des milliards pour la Russie?
Trump accuse l'Europe de financer la guerre de Poutine avec du gaz russe

Donald Trump demande aux Européens de ne plus acheter de pétrole russe. Emmanuel Macron reconnaît que Trump a «tout à fait raison» de s'indigner. Blick explique pourquoi l'Europe, par ses achats d'énergie, continue à huiler copieusement la machine de guerre russe.
Publié: 05:43 heures
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Donald Trump a attaqué les Européens sur leurs transactions pétrolières avec la Russie.
Photo: IMAGO/Beata Zawrzel
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Daniel Jung

Donald Trump a reproché aux Européens leurs transactions pétrolières avec la Russie. Le président américain touche ainsi un point sensible, car les Européens continuent d'acheter du gaz et du pétrole russes à grande échelle. Graissant au passage la machine militaire russe qui fait chaque jour des victimes en Ukraine.

Il n'est pas facile pour les Européens de s'éloigner du pétrole russe. Pourtant, cette mesure dont on parle depuis longtemps serait nécessaire si l'on voulait vraiment freiner Vladimir Poutine en Ukraine. Pourquoi l'UE n'est-elle pas encore parvenue à se défaire de sa dépendance à l'égard de la Russie, même après trois ans et demi de guerre?

Un appel téléphonique houleux à Paris

Jeudi, les dirigeants européens – la «coalition des volontaires» – ont discuté à Paris des garanties de sécurité pour l'Ukraine après un potentiel cessez-le-feu. Une conversation téléphonique houleuse a ensuite eu lieu avec le président américain Donald Trump. A cette occasion, il a interpellé les Européens vis-à-vis de leurs transactions pétrolières avec Poutine.

Le président français Emmanuel Macron a reconnu que Trump avait «tout à fait raison» de s'indigner que certains pays de l'UE continuent d'acheter du pétrole russe, notamment via l'oléoduc Droujba vers la Hongrie et la Slovaquie.

L'UE reste un bon client de Poutine

L'UE a certes fortement réduit sa dépendance au pétrole russe depuis le début de la guerre avec l'Ukraine en février 2022. La part du pétrole et du gaz russes dans le mix énergétique de l'UE est passée de 45% en 2021 à 18% en 2024, selon les calculs du Centre finlandais de recherche sur l'énergie et l'air pur (CREA).

Cependant, les Européens restent l'un des meilleurs clients de Moscou. Si l'UE a certes décrété plusieurs interdictions d'importation de sources d'énergie russes, le gaz naturel, le gaz liquide et le pétrole transportés par pipeline en sont toutefois exclus.

Même après trois ans et demi de guerre, l'UE reste ainsi le quatrième plus gros acheteur d'or noir russe – après la Chine, l'Inde et la Turquie. Rien qu'en juillet, les Européens ont acheté pour 1,3 milliard d'euros, selon les chiffres du CREA.

La Hongrie, plus gros acheteur

Le plus gros consommateur européen est la Hongrie, qui a acheté pour un demi-milliard de pétrole et de gaz en juillet dernier. Le président hongrois Viktor Orban souhaite même étendre l'oléoduc Droujba et y raccorder la Serbie. La France suit la Hongrie, avec un total de 239 millions d'euros de gaz liquéfié en juillet. Macron lui-même continue donc de miser sur le gaz russe bon marché.

La Slovaquie, la Belgique et l'Espagne ont également payé ensemble près de 400 millions d'euros à la Russie en juillet. L'Union européenne a ainsi acheté près de 10% de l'énergie fossile russe. En outre, une partie du pétrole russe arrive en Europe via des pays tiers comme l'Inde, où le pétrole est transformé. Cela ne sera empêché qu'à partir de janvier 2026, soit près de quatre ans après le début de la guerre.

Washington, en revanche, a déjà mis fin à l'importation d'énergie en provenance de Russie en avril 2022. Ce que Trump ne dit pas, c'est qu'en dehors du pétrole et du gaz, l'embargo commercial américain est moins conséquent. Les Etats-Unis continuent d'importer de l'aluminium, du palladium, de l'uranium et beaucoup d'engrais minéraux russes. Ils transfèrent également des milliards à Moscou chaque année.

La machine de guerre bien huilée de Poutine

La Kyiv School of Economics parvient à un résultat décevant. Les recettes issues de la vente d'or noir et de gaz russes ont certes subi de plus fortes fluctuations depuis le début de la guerre, mais elles ne se sont pas effondrées de manière significative. Même en 2024, Moscou a gagné 235 milliards de dollars – bien plus que les 140 milliards estimés que Vladimir Poutine aurait dépensés l'année dernière pour sa guerre.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky demande depuis longtemps à l'UE de stopper complètement les importations de pétrole et de gaz en provenance de Russie. Dernièrement, l'Ukraine avait elle-même pris les choses en main et attaqué les raffineries russes afin de réduire les revenus de Moscou.

Trump a donc au moins partiellement raison: l'Europe continue de soutenir la guerre d'agression de Poutine en achetant directement et indirectement de l'énergie russe. L'UE a certes réduit sa dépendance, mais en 2024, elle aura toujours dépensé plus d'argent pour le pétrole et le gaz russes que pour le soutien à l'Ukraine. 

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