Réductions massives d'impôts
Sa super loi votée, qui peut encore arrêter Trump?

Le président des Etats-Unis est-il en train de gagner sur tous les fronts? L'adoption définitive de sa «Big beautiful Bill» démontre en tout cas que le Parti républicain lui obéit. Une victoire législative parfaite pour fêter le 4 juillet, jour de l'indépendance.
Publié: 03.07.2025 à 22:13 heures
|
Dernière mise à jour: 01:10 heures
Partager
Écouter
1/5
C'est fait: la super loi budgétaire de Donald Trump est adoptée.
Photo: AFP
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Donald Trump a gagné. Sa super loi budgétaire, cette «Big Beautiful Bill» qu’il présente comme la recette d’un nouveau miracle économique américain, est désormais votée par les deux chambres du Congrès. La Chambre des Représentants l’a adoptée jeudi 3 juillet par 218 voix contre 214, deux jours après le vote encore plus disputé au Sénat, par 51 voix contre 50, grâce au bulletin du vice-président J.D. Vance.


Cette victoire intervient, il faut le reconnaître, après une série de succès décisifs pour le président des Etats-Unis. Lequel a de nouveau échangé, ce jeudi, avec son homologue russe Vladimir Poutine. Victoire militaire en Iran, même si le flou demeure sur l’état du programme nucléaire de la République islamique. Victoire à l’OTAN, où tous les alliés européens des Etats-Unis ont promis de dépenser beaucoup plus pour leur défense, avec dans leur viseur des achats d’armes américaines. Et victoire commerciale symbolique – mais non dénuée d’importance au regard de l’histoire et du rôle de l’Asie du Sud-Est – avec l’annonce d’un accord commercial avec le Vietnam…

Chorégraphie idéale

L’important, dans l’adoption de la super loi budgétaire de Donald Trump, est surtout la chorégraphie. L’opposition minoritaire au sein du Parti républicain a été domptée dans les deux chambres du Congrès. A chaque fois, ce texte combattu vigoureusement par Elon Musk – parce qu’il risque de faire exploser à terme le plafond de la dette publique américaine jusqu’à 5 trillions de dollars – a été voté de justesse. Mais il tombe pile. Ce vendredi 4 juillet, jour de la fête nationale et de la commémoration de l’indépendance, Donald Trump avait besoin d’une victoire. Et ce, un an pile avant les célébrations du 250e anniversaire des Etats-Unis (1776-2026) qui se tiendront l’année prochaine, à la moitié de son mandat, juste avant les cruciales élections «mid terms» de novembre 2026.


Donald Trump va désormais pouvoir entonner le refrain qu’il maîtrise à la perfection, dans son langage direct et souvent réducteur: «Promesse tenue!». Au centre de ce «grand et beau projet de loi» se trouve en effet une extension de la loi sur les réductions d’impôts et les emplois qu’il avait fait voter en 2017. Celle-ci devait s’éteindre à la fin de l’année. Promesse tenue, donc, d’un mandat à l’autre. Le 47e président a fini le job du 45e. Entre les deux, le mandat de Joe Biden est, pour Trump, voué à disparaître.

Le pari du profit

Le reste se résume à un pari: celui du profit et de la diminution drastique du rôle de l’Etat fédéral. En faisant financer sa «Big beautiful Bill» par des coupes importantes dans les programmes de soins de santé et de nutrition, tels que Medicaid et le programme d’aide nutritionnelle supplémentaire (Supplemental Nutrition Assistance Program, ou SNAP), l’administration Trump prend le parti de la classe moyenne contre les classes populaires. Qu’importe, pour l’ancien promoteur immobilier new-yorkais, que le Bureau du budget du Congrès estime que le projet de loi creusera le déficit fédéral de 3400 milliards de dollars au cours des dix prochaines années et priverait des millions de personnes d’assurance maladie. L’effet d’annonce prime. Moins d’impôts, plus de taxes douanières, plus d’entreprises résolues à investir aux Etats-Unis: le plan Trump est maintenant bien en place.


Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, est à sa manière le symbole de cette révolution. Sans son soutien financier massif, la campagne de Donald Trump aurait patiné. Sans ses coups de sabre du DOGE, le Département de l’efficacité gouvernementale, des foyers d’opposition au trumpisme triomphant, comme USAID ou Voice of America, n’auraient pas disparu.

Musk renvoyé en Afrique du Sud?

Maintenant, Donald Trump peut reprocher ouvertement à son ancien allié de financer son empire par les subventions gouvernementales. Il peut aussi envisager publiquement de le renvoyer dans son pays natal, l’Afrique du Sud. La «Big Beautiful Bill» est ce qui manquait jusque-là au rouleau compresseur Trump: une main mise sur les finances publiques de la première puissance mondiale. En attendant, via la mise au pas des juges, de mettre la main sur l’Etat de droit?

Sa super loi votée, qui peut encore arrêter Trump?

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la