Plan choc de Kiev
Trump gèle des livraisons d’armes, Zelensky riposte avec une nouvelle stratégie

Donald Trump a suspendu certaines livraisons d’armes à l’Ukraine, prenant de court Kiev et ses alliés. Pour contourner ce blocage, Zelensky propose une stratégie inédite.
Publié: 06:16 heures
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Dernière mise à jour: 07:51 heures
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Volodymyr Zelensky aurait une nouvelle stratégie pour contourner le gel de livraison d'armes américaines (Illustration).
Photo: AFP via Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Responsables ukrainiens, alliés européens et hauts fonctionnaires américains: tout le monde a été pris de court par la décision de Donald Trump de bloquer certaines livraisons d’armes destinées à l’Ukraine. Mais Volodymyr Zelensky ne s’avoue pas vaincu. Anticipant un durcissement du soutien américain, le président ukrainien planche depuis plusieurs semaines sur une nouvelle stratégie, révèle Politico mercredi 2 juillet. Elle consiste à demander à Washington d’autoriser les pays européens à acheter des armes américaines pour ensuite les transférer à Kiev.

Plusieurs gouvernements européens étudient déjà cette option, avec l’idée d’intégrer ces dépenses dans leur budget de défense lié aux engagements de l’OTAN. Mais rien n’est encore joué: toute livraison d’armes américaines par des tiers nécessite l’aval de Washington. Si aucune décision officielle n’a encore été prise, Trump se montrerait néanmoins ouvert à cette idée.

L'Ukraine dépendante

«Nous n’avons pas le choix», confie un haut responsable ukrainien à Politico. L’Ukraine fait face à une nouvelle offensive russe dans le nord-est du pays, notamment autour de Soumy, et les besoins militaires sont urgents. Certaines armes clés, comme les systèmes Patriot, ne sont fabriquées qu’aux Etats-Unis et sont jugées indispensables pour contrer les attaques aériennes russes. Rien que dimanche dernier, 477 drones et 60 missiles ont été tirés sur l’Ukraine.

Lors du sommet de l’OTAN la semaine passée, Volodymyr Zelensky aurait changé d’approche dans sa demande d’aide américaine. Selon Roger Wicker, président républicain de la commission des forces armées du Sénat: «Le président Zelensky demande désormais moins d’aide financière et plutôt l’autorisation pour que l’argent européen serve à acheter armes et munitions américaines.» Selon des sources proches du dossier, Trump se serait montré «réceptif» et «compréhensif», sans pour autant s’engager formellement.

Des obstacles sur le chemin

Transférer des armes américaines via des pays alliés n’est toutefois pas chose aisée. Washington impose des restrictions strictes à l’exportation de son matériel militaire. Exemple récent: sous l’administration Biden, l’envoi de missiles Storm Shadow britanniques avait été retardé, car ils contenaient des composants américains. Autre frein: les délais de production. En 2022, les Etats-Unis avaient financé l’achat de 18 systèmes de roquettes d'artillerie à haute mobilité pour Kiev. Des armes toujours pas livrées à ce jour.

Par ailleurs, les discussions autour d’un nouveau paquet d’aide américaine sont au point mort au Congrès. Le dernier plan, approuvé il y a un an, prévoyait 61 milliards de dollars pour l'Ukraine et aussi à la reconstruction des stocks d'armes américains. Jusqu’à cette semaine, cette aide continuait à transiter par la Pologne, avec quelques mois de réserve encore disponibles. Mais le gel soudain des livraisons fragilise la suite du soutien. L'avenir est incertain.

L’Europe limitée

Pendant que Washington tergiverse, l’Europe augmente la cadence. Le Royaume-Uni, le Canada et plusieurs pays européens ont déjà fourni près de 23,5 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine sur les trois premiers mois de 2025. Plus de 40 milliards supplémentaires sont prévus pour la suite de l’année. Mais les pays européens peinent à fournir certaines armes cruciales, notamment en matière de défense aérienne, dont seuls les Etats-Unis détiennent la technologie.

Mais sans feu vert de Washington, l’initiative portée par Kiev et ses alliés risque de rester lettre morte. Face aux drones et missiles russes qui continuent de pleuvoir, l’Ukraine joue contre la montre, avec, pour l’instant, des partenaires occidentaux aux mains liées.

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