Un nouveau «rideau de fer»
Ces pays de l’OTAN veulent bloquer la Russie avec un mur de mines illégal

Les services secrets occidentaux craignent une éventuelle attaque de la Russie contre d'autres pays d'Europe de l'Est. Plusieurs pays de l'OTAN prévoient déjà de construire une gigantesque ceinture de mines le long de la frontière avec la Russie et la Biélorussie.
Publié: 02.07.2025 à 05:53 heures
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Dernière mise à jour: 02.07.2025 à 07:00 heures
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Une nouvelle ceinture de mines en Europe de l'Est a pour ambition d'empêcher la Russie d'étendre sa guerre.
Photo: imago images/YAY Images
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Marian Nadler

Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, va-t-il attaquer d'autres pays d'Europe de l'Est après l'Ukraine? C'est en tout cas ce que craignent les services secrets occidentaux. Un rapport du journal britannique «Telegraph» a révélé la semaine dernière que plusieurs pays d'Europe de l'Est membres de l'OTAN s'associent pour mettre en place une gigantesque ceinture de mines afin de se protéger contre une éventuelle attaque de la Russie.

Le journal l'a appelé «le nouveau rideau de fer». Les participants à ce projet ont tous annoncé leur intention de se retirer de la Convention d'Ottawa, qui interdit l'utilisation de mines antipersonnel. L'Ukraine a également signalé qu'elle ne voulait plus respecter cette convention. Blick répond aux principales questions sur ce grand projet sécuritaire.

Qu'est-ce que la Convention d'Ottawa?

La Convention d'Ottawa, officiellement connue sous le nom de «Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction», a été conclue en 1997 et est entrée en vigueur en 1999. Elle a été signée par plus de 160 pays et ratifiée par 133 pays.

Les mines antipersonnel sont très controversées, car elles peuvent tuer sans distinction aussi bien des soldats que des civils. De plus, celles non déminées continuent de représenter une menace même après la fin d'un conflit. Rien qu'en 2023, plus de 5700 personnes ont été tuées ou blessées par des mines terrestres dans le monde. C'est ce qui ressort d'un rapport annuel de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel (ICBL). A cela s'ajoute le fait que le déminage des engins explosifs est dangereux, coûteux et prend beaucoup de temps.

Pourquoi l'Ukraine et les pays baltes se retirent-ils de l'accord?

La raison est évidente: la guerre en Ukraine. Et selon certains services secrets occidentaux, le conflit pourrait s'étendre. «Beaucoup de nos services de renseignement nationaux nous informent que la Russie pourrait tester l'état de préparation à la défense de l'Union européenne (UE) d'ici trois à cinq ans», a déclaré en janvier dernier la responsable des affaires étrangères de l'UE, Kaja Kallas.

En se retirant de l'accord, les Etats baltes que sont l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie veulent renforcer leurs capacités de dissuasion et de défense et accorder à leur armée une plus grande liberté de décision. On entend des propos similaires en Pologne. Le président finlandais Alexander Stubb justifie par ailleurs sa décision par le comportement de la Russie. A la mi-juin, il a déclaré que la Russie était «un pays voisin agressif et impérialiste, qui n'est lui-même pas membre du traité d'Ottawa et qui utilise impitoyablement des mines terrestres».

C'est également l'argument du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Selon lui, la Russie n'a jamais signé le traité et utilise de manière cynique «tous les moyens à sa disposition pour détruire des vies». Outre la Russie, la Chine et les Etats-Unis ne respectent pas l'accord non plus.

A quoi devrait ressembler la ceinture de mines?

La ceinture de mines devrait s'étendre sur environ 3500 kilomètres le long de la frontière de l'OTAN avec la Russie et la Biélorussie – de la Laponie finlandaise au nord à la province polonaise de Lublin au sud. Une grande partie des zones frontalières est peu habitée et densément boisée. Comme le rapporte le «Telegraph», les militaires planifient déjà quels paysages forestiers et lacustres européens seraient équipés d'engins explosifs mortels en cas d'attaque russe. Pour équiper efficacement l'ensemble du territoire de mines, il faudrait plusieurs millions de pièges explosifs.

«
Même lorsque les tirs ont cessé, les résidus de la guerre subsistent et menacent la vie de civils innocents
Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU
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Selon Laurynas Kasciunas, qui a été ministre de la Défense en Lituanie jusqu'à fin 2024, les mines doivent être combinées avec des barrières physiques, des drones aériens et des armes à longue portée pour former un «système global». Selon le politicien conservateur, les mines doivent être stockées près de la frontière. On ne sait toutefois pas encore si l'Ukraine participera à ce projet. Jusqu'à présent, aucune déclaration n'a été faite dans ce sens du côté ukrainien.

Quelles seraient les conséquences de cette ceinture de mines?

Les zones de la ceinture de mines seraient inhabitables pendant des décennies. Les dommages potentiels pour les êtres humains et l'environnement, bien qu'imprévisibles, seraient catastrophiques. En effet, les mines défient les intempéries, sont généralement bien camouflées et peuvent être déplacées par l'érosion du sol ou d'autres facteurs naturels, ce qui rend le déminage particulièrement difficile.

«Même lorsque les tirs ont cessé, les résidus de la guerre subsistent, se cachent dans les champs, sur les chemins et les routes et menacent la vie de civils innocents», avait averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres en avril, à l'occasion de la Journée internationale de sensibilisation au danger des mines.

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