«La politique avant la paix»
La Maison Blanche digère mal l'attribution du prix Nobel de la paix à Maria Corina Machado

Clou de la saison Nobel, le prix de la paix a été attribué vendredi à Oslo. C'est l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado qui a été récompensée.
Publié: 11:02 heures
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Dernière mise à jour: 15:03 heures
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Le Nobel de la paix a été décerné à l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, vendredi à Oslo.
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AFP Agence France-Presse

Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi à la cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado. Surnommée la «libératrice», elle est contrainte de vivre cachée dans son pays transformé en «Etat autoritaire brutal», selon le comité Nobel.

Maria Corina Machado, 58 ans, «est l'un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps», a souligné le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes. Elle «a été une figure clé de l'unité au sein d'une opposition politique autrefois profondément divisée, une opposition qui a trouvé un terrain d'entente dans la revendication d'élections libres et d'un gouvernement représentatif», a-t-il ajouté.

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, récompensée vendredi du prix Nobel de la paix, a assuré que son peuple finirait par l'emporter. «Je suis très reconnaissante au nom du peuple vénézuélien. Nous n'y sommes pas encore», a-t-elle dit, réveillée en pleine nuit par l'appel, filmé, du secrétaire du comité Nobel, Kristian Berg Harpviken, qui l'a informée, la voix étranglée par l'émotion, qu'elle avait remporté le prix.

«Nous travaillons très dur pour y parvenir, mais je suis sûre que nous l'emporterons», a-t-elle affirmé, estimant aussi qu'à titre personnel, elle «ne mérit(ait) pas le prix». Le président chaviste Nicolas Maduro a été réélu en 2024 dans un scrutin jugé usurpé par de nombreux pays.

Contre Chavez

Entrée en politique au début des années 2000 en militant pour un référendum contre Hugo Chavez, Mme Machado a fait de la chute du régime chaviste la cause de sa vie.

Ingénieure de formation et mère de trois enfants, elle a été empêchée de se présenter à la présidentielle de 2024, malgré sa large popularité.

Favorite des sondages, elle a gagné le surnom de «libertadora» ("libératrice"), mais elle est aujourd'hui obligée de vivre dans la clandestinité dans un Venezuela qu'elle a refusé de quitter.

Elle est récompensée «pour son travail inlassable en faveur des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour sa lutte en faveur d'une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie», a fait valoir M. Frydnes.

Dirigé depuis 2013 par Nicolas Maduro, héritier politique de Hugo Chavez, «le Venezuela est passé d'un pays relativement démocratique et prospère à un État brutal et autoritaire en proie à une crise humanitaire et économique», a-t-il noté, soulignant que huit millions de personnes avaient quitté le pays.

Pas de Nobel pour Trump

Le prix échappe donc au président américain Donald Trump qui n'avait pas caché son désir de le remporter cette année. Depuis son retour à la Maison Blanche pour un second mandat en janvier, le dirigeant américain a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu'il «méritait» le Nobel pour son rôle dans la résolution de nombreux conflits - une affirmation largement exagérée, selon les observateurs. Mme Machado succède à Nihon Hidankyo, un groupe de survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, en croisade contre l'arme nucléaire.

Reste le prix d'économie

Après celui de la paix, seul Nobel à être décerné à Oslo, la saison Nobel retournera lundi à Stockholm, où elle se clôturera avec le prix d'économie.

La médecine avait ouvert le bal lundi en sacrant l'Américain Fred Ramsdell, sa compatriote Mary Brunkow et le Japonais Shimon Sakaguchi, pour leurs découvertes sur le fonctionnement du système immunitaire. Le lendemain, le Nobel de physique a couronné le Britannique John Clarke, l'Américain John M. Martinis et le Français Michel Devoret pour leurs découvertes en mécanique quantique.

Le prix de chimie a été attribué mercredi à un trio composé du Japonais Susumu Kitagawa, de Richard Robson, né au Royaume-Uni, et de l'Américano-Jordanien Omar M. Yaghi pour «le développement des structures métallo-organiques». Celui de littérature est allé jeudi à l'écrivain hongrois Laszlo Krasznahorkai, dont l'oeuvre explore les thèmes de la dystopie et de la mélancolie. Le prix Nobel consiste en un diplôme, une médaille d'or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (un peu moins d'un million de francs).

La Maison Blanche digère mal

La Maison Blanche a affirmé vendredi que le comité du prix Nobel de la paix avait fait passer «la politique avant la paix» en attribuant la récompense à la cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado plutôt qu'à Donald Trump.

«Le président Trump continuera à conclure des accords de paix, à mettre fin aux guerres et à sauver des vies», a réagi le directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, sur X. «Le comité Nobel a prouvé qu'il privilégiait la politique à la paix.»

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