Un an pour se relocaliser
Trump lance le compte à rebours pour la Pharma, menacée par des taxes douanières massives

La semaine dernière, Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 200% sur les entreprises pharmaceutiques. Les droits de douane punitifs sur ces produits devraient être appliqués dès le 1er août. Un délai sera-t-il bel et bien accordé?
Publié: 05:58 heures
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Dernière mise à jour: 06:19 heures
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Donald Trump envisage d'introduire des droits de douane sur les produits pharmaceutiques dès le 1er août.
Photo: IMAGO
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Michael Hotz

Le spectacle du roi des taxes douanières Donald Trump se poursuit. Mardi 15 juillet, le président américain a imposé de nouveaux droits de douane punitifs à l’Indonésie – pendant que la Suisse, elle, continue de trembler. Le même jour, le chef de la Maison Blanche a en effet brandi une nouvelle menace contre un secteur vital pour l’économie helvétique: l’industrie pharmaceutique. Selon l’agence Bloomberg, ces droits de douane pourraient entrer en vigueur dès le 1er août.

«Probablement à la fin du mois, nous commencerons avec une taxe modérée et donnerons environ un an aux entreprises pharmaceutiques pour s’adapter», a déclaré Donald Trump mardi devant des journalistes, alors qu’il revenait d’un sommet sur l’intelligence artificielle à Pittsburgh. Avant d’ajouter, menaçant: «Ensuite, nous imposerons des droits de douane très élevés.»

Produire aux Etats-Unis... ou rien

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump s’en prend à la Pharma. La semaine dernière déjà, il avait précisé ce qu’il entendait par «très élevés»: «Environ 200%», avait-il lancé lors d’une réunion de cabinet, s’adressant directement aux groupes étrangers. Dans la foulée, il a reproché aux entreprises pharmaceutiques d’avoir quitté le sol américain: «Elles produisaient toutes ici. Ensuite, elles sont parties, parce qu’on l’a permis. Mais je ne laisserai plus faire ça.»

Le président veut donc leur donner un an pour relocaliser leur production aux Etats-Unis. Deux géants suisses, Novartis et Roche, avaient déjà réagi après le premier coup de semonce douanier en avril, en annonçant de vastes investissements. Novartis prévoit 23 milliards de dollars pour ses usines américaines, Roche évoque un montant de 50 milliards. Le CEO de Novartis, Vas Narasimhan, s’est même rendu à Washington pour plaider sa cause auprès du président.

Les prix des médocs: un problème pour Trump

Depuis avril, Trump a mis la pression sur l’industrie pharmaceutique avec des menaces de taxes «comme personne n’en a jamais vues». Une surtaxe de 200% enverrait effectivement un message fort. Mais jusqu’ici, ces annonces n’ont pas été suivies d’effets concrets. Résultat? Les marchés suisses restent calmes. A la mi-journée, l’action Novartis reculait de 1% environ, tandis que Roche progressait vers 12h.

Reste que le président américain est pris dans un dilemme: il veut frapper les entreprises, mais sans faire grimper les prix des médicaments – un sujet sensible pour sa base électorale. Or, des taxes douanières sur les médicaments pourraient avoir exactement cet effet. En mai, Trump avait donc promis de baisser fortement les prix des médicaments – au grand dam de l’industrie pharmaceutique suisse. Celle-ci avait alors dénoncé auprès de Blick une mesure «économiquement incompréhensible».

Avec Novartis et Roche, la Pharma constitue un pilier de l’économie exportatrice suisse. Les médicaments représentent à eux seuls plus de la moitié des exportations vers les Etats-Unis. Si les menaces de Trump devaient se concrétiser le 1er août – jour de la fête nationale suisse – l’impact serait lourd. Réponse dans les jours à venir.

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