«Nous ne sommes pas préparés à une attaque russe.» L'ancien chef d'état-major général des forces armées italiennes, Vincenzo Camporini tire la sonnette d'alarme.«Nous (ndlr: les Italiens) avons 95'000 soldats et pourrions en envoyer 15'000 à 20'000 sur le front. Les Britanniques en ont 70'000, et les Russes 600'000.» L'OTAN est actuellement menacée par Vladimir Poutine. Manœuvres d'entraînement avec la Biélorussie, drones dans l'espace aérien polonais, avions militaires au-dessus de l'Estonie et rhétorique belligérante: la tension est montée d'un cran.
Dernièrement, c'est surtout la Finlande qui est ciblée par Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé jeudi que la «façade de neutralité» du gouvernement finlandais était tombée et que le revanchisme «augmentait considérablement». La semaine dernière, le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dimitri Medvedev a menacé son voisin dans une chronique pour l'agence de presse du Kremlin Tass. Helsinki ne doit pas «oublier» qu'un conflit avec la Russie «pourrait mener pour toujours à l'anéantissement de l'Etat finlandais», a affirmé l'ex-président russe. Il estime que la Finlande cherche une confrontation avec la Russie. Même si, dans les faits, c'est le Kremlin qui développe actuellement ses bases militaires à la frontière.
La Finlande est-elle en danger? La Russie peut-elle actuellement rivaliser avec l'OTAN? C'est ce que Blick a voulu savoir auprès de Klemens Fischer, professeur de relations internationales et de géopolitique à l'université de Cologne.
«Déstabiliser les pays baltes»
D'emblée, Klemens Fischer met les choses au clair: «Parmi les pays membres de l'OTAN voisins de la Russie, l'Estonie et la Lettonie, ne représentent pas un défi de taille pour le Kremlin. En revanche, la Finlande était neutre jusqu'à son adhésion récente à l'OTAN (ndlr: le 4 avril 2023).» Ce ne sont pas tant les quelque 20'000 soldats finlandais qui poseraient problème aux armées de Poutine, mais plutôt leur entraînement et leurs équipements, «qui sont à la pointe de la technologie».
Klemens Fischer résume ainsi la stratégie du Kremlin: «D'une part, la Russie tente d'intimider la Finlande. Mais, d'autre part, elle détourne l'attention du fait que le véritable objectif est de déstabiliser les pays baltes.» On a pu observer ce procédé ces derniers jours: d'abord des menaces contre la Finlande, puis les vols des avions de combat en direction des pays baltes.
Une importante armée de réservistes
Le spécialiste estime qu'il est moins probable que Moscou lance une attaque contre la Finlande que contre l'un des Etats baltes. Il vante les qualités de la population finlandaise. «Elle est un parfait exemple de résilience et de préparation à la défense», explique l'expert en géopolitique. «Aux forces armées actives de 20'000 soldats s'ajoute une armée de réservistes d'un effectif total de 900'000 soldats», avance l'expert. Ce qui fait de la Finlande un coriace adversaire.
Et dans le cas d'un conflit plus global? En comparaison purement chiffrée, l'OTAN, à condition que les Etats-Unis ne se retirent pas, est en bien meilleure posture que la Russie. L'Alliance reste néanmoins confrontée à plusieurs problèmes face à la menace en Europe de l'Est.
Les armées européennes ne sont actuellement guère en mesure d'opposer une défense appropriée en cas d'attaque russe, explique Klemens Fischer. Cela a été démontré par exemple lors des vols de drones russes en Pologne, où seuls quatre des 19 appareils ont pu être neutralisés. A cela s'ajoute le fait que, rien que dans l'UE, il existe 178 types de systèmes d'armes et 17 marques de chars différentes, rapporte la BBC. Coordonner tout cela peut devenir un véritable casse-tête
Et Klemens Fischer souligne un autre problème. L'Ukraine ne peut continuer à se défendre que si les pays de l'OTAN lui fournissent les armes et les munitions nécessaires. Or, Vladimir Poutine caresse peut-être l'idée d'attaquer des pays dont les arsenaux sont déjà fortement vidés. «La lutte pour la répartition des ressources militaires entre l'OTAN et l'Ukraine est au centre de tous les débats», ajoute l'expert.