Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, le Kremlin déploie une stratégie bien rodée de désinformation avec des thèmes récurrents: accuser ses adversaires de nazisme, de génocide des russophones en Ukraine et affirmer que «l'Occident collectif» a commencé la guerre.
Ces éléments de langage, utilisés pour justifier l'agression contre l’Ukraine, servent désormais contre la Finlande. Selon l'Institut for the Study of War (ISW), Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, a récemment adressé des menaces explicites à Helsinki.
Accusation selon laquelle la Finlande se préparerait à une attaque
Dans une chronique pour l'agence de presse du Kremlin Tass, Medvedev a écrit lundi que la Finlande ne devait pas «oublier» qu'une confrontation avec la Russie «pourrait mener pour toujours à l'effondrement de l'Etat finlandais». Il reproche à la Finlande d'être en confrontation avec la Russie depuis son adhésion à l'OTAN.
Il pousse le bouchon encore plus loin: «La Finlande semble préparer une tête de pont pour une attaque contre nous», écrit-il, en référence à l’ouverture d’un quartier général régional de l’OTAN pour les forces terrestres, installé à proximité de la frontière russe.
Pour rappel, la Finlande n'avait pas adhéré à l'OTAN après la Seconde Guerre mondiale afin de ne pas provoquer son grand voisin. Ce n'est que lorsque le monde a pu observer ce dont la Russie était capable avec l'Ukraine que les Finlandais ont décidé d'y adhérer. Le chef d'état-major finlandais Vesa Virtanen a récemment déclaré dans une interview à Blick: «Nous sommes prêts à défendre chaque mètre carré de notre pays.»
La Finlande a détruit la culture russe
Dmitri Medvedev établit par ailleurs un lien historique entre la Finlande et le passé nazi de l'Allemagne. En effet, la Finlande aurait voulu dans les années 1940 étendre ses frontières à des territoires situés dans l'actuelle Russie. Le vice-président du Conseil de sécurité y voit une attitude agressive profondément ancrée en Finlande, dont il qualifie le gouvernement de «russophobe».
Selon lui, les autorités finlandaises auraient tenté par le passé d'effacer «l'identité historique et culturelle» des Russes de souche et de commettre un génocide contre la population slave. Et maintenant, l'OTAN utiliserait la Finlande comme «tremplin pour une attaque» contre la Russie.
L'Ukraine a également été accusée de génocide
Ces affirmations présentent de fortes similitudes avec la désinformation diffusée par le Kremlin lors de la guerre en Ukraine. Ainsi, l'une des accusations était que l'Ukraine commettait un génocide contre les russophones dans le Donbass et que la Russie ne cherchait qu'à se protéger en attaquant l'Ukraine.
Qu'y a-t-il de vrai dans ces affirmations? En réalité, entre 1941 et 1944, la Finlande a effectivement fait la guerre contre l'Union soviétique aux côtés de l'Allemagne nazie. La raison? La Finlande voulait simplement récupérer les territoires que les Soviétiques avaient conquis lors de l'invasion brutale de la guerre d'hiver 1939/40. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, une grande partie de ces territoires perdus a été attribuée à l'Union soviétique. Environ 400'000 Finlandais ont dû abandonner leur maison à l'ennemi et se déplacer.
La Russie se protège de l'«impérialisme occidental»
La menace de Dmitri Medvedev contre la Finlande s'inscrit dans la stratégie du Kremlin visant à menacer les Etats de l'OTAN ou à justifier les futures agressions russes, écrit l'ISW. En mars déjà, le conseiller présidentiel russe Nikolaï Patrouchev avait affirmé que la Finlande avait tenté d'«exterminer» la population slave.
Et Poutine lui-même a également menacé la Finlande en décembre 2023 en affirmant que l'OTAN avait «attiré» la Finlande dans l'alliance et qu'il y aurait des «problèmes» avec la Finlande. La justification selon laquelle la Russie devait se protéger d'un «impérialisme occidental» était déjà apparue lors de l'attaque contre l'Ukraine.
Le Kremlin se présente alors comme un combattant de la liberté et comme le gardien des «valeurs traditionnelles». Cela va de pair avec les accusations de propagandes LGBT de l'Occident.