C’est une sortie de prison qui suscite l’incompréhension en Italie. En 2017, Dimitri Fricano a tué sa compagne de 57 coups de couteau. A Turin, il purgeait une peine de 30 ans pour ce féminicide. Mais le tribunal de contrôle a décidé de l’assigner à résidence chez ses parents, rapporte «Le Parisien». Motif: il est trop gros et sa santé est trop fragile.
L’homme, qui dit pouvoir «mourir à tout instant», semble sombrer de plus en plus dans la folie depuis son acte effroyable. Il connaissait sa compagne, Erika, depuis l’adolescence. Ils ont vécu une relation de 10 ans, passant même des vacances avec la famille de la victime en Sardaigne à plusieurs reprises. «On l’a toujours traité comme un fils», a déclaré Fabrizio Preti, le papa d’Erika, au «Corierre». Le couple était fiancé. Mais ce 11 juin 2017, sur l’île transalpine, c’est à cause d’un motif aussi futile que des miettes de pain sur un matelas que l’idylle se transforme en massacre.
Un motif futile
Piqué au vif par une remarque d’Erika sur les traces laissées par une alimentation déjà peu adéquate, Dimitri Fricano lui hôte sauvagement la vie. Il sera condamné à la prison ferme après avoir tenté de faire croire aux enquêteurs que sa compagne et lui ont été victimes d’un vol. Les enquêteurs croiront sa version avant de la démentir. Le meurtrier, âgé de 35 ans aujourd’hui, s’en remet donc à ses troubles mentaux pour expliquer son acte.
Passionné de gastronomie, Dimitri Fricano était voué à une carrière de chef prometteuse. En prise avec un stress intense, sa carrière a toutefois été stoppée net en raison de troubles anxieux qui lui ont empêché de pratiquer son métier. La famille d’Erika n’avait visiblement jamais rien remarqué et encore moins envisagé qu’il puisse «se transformer en monstre».
Boulimie, tabagisme, anxiété...
Depuis son incarcération, son alimentation a empiré et s'est révélée autodestructrice. L’homme pèse désormais plus de 200 kg et ne se déplace qu’en fauteuil roulant. Pour ne rien arranger, il souffre aussi de tabagisme à haute intensité, d’apnée du sommeil, de troubles de la personnalité et d’un syndrome de boulimie anxio-dépressif. Un cocktail qui rend sa santé plus que fragile et qui a motivé la décision des autorités de le sortir de prison. Depuis chez parents, à Biella, il peut néanmoins se rendre chez le médecin ou consulter un spécialiste, mais il a l'interdiction de quitter le territoire du Piémont.
«Il est incapable de répondre de manière autonome à ses besoins quotidiens et a besoin d’une assistance qui ne peut être dispensée par l’institution pénitentiaire», indique le tribunal de contrôle. Le coupable ne souhaite pas faire en sorte de se soigner. «Nous ne pouvons pas lui fournir un repas hypocalorique et il ne respecte pas les instructions diététiques, avec des épisodes fréquents de 'frénésie alimentaire' d’aliments contre-indiqués», expliquent les juges dans des propos relayés par «Le Parisien».
Dans l’émission italienne Pomeriggio Cinque, Dimitri Friscano se dit torturé par la responsabilité de son acte: «Ce jour-là, je suis devenu fou. J’aurais aimé être à la place d’Erika. Je n’ai pas vécu depuis six ans», a-t-il déclaré sur Canale 5. Il s'est aussi excusé auprès des parents de la jeune femme.
De son côté, Fabrizio Preti ressent toujours une immense douleur: «Dire que même les mafieux ne bénéficient pas d’un tel traitement», se désole le père de la victime.