La scène est digne d'un film d'action: des soldats descendent en rappel d'un hélicoptère et se posent sur un pétrolier dont ils prennent d'assaut la passerelle de commandement, armes au poing. Mercredi, grâce à cette attaque surprise, les Marines américains ont abordé et arraisonné le pétrolier «Skipper» au large des côtes vénézuéliennes. Le navire faisait apparemment route vers Cuba.
Cette opération pourrait être la première étape du nouveau plan de Donald Trump, visant à renverser le président vénézuélien Nicolás Maduro. Blick explique quelles pourraient être les prochaines étapes de cette guerre des pétroliers.
Bombardement sur de petites embarcations
La Maison-Blanche en est convaincue: ce navire de 333 mètres de long et 60 mètres de large – le plus grand pétrolier jamais saisi par les Etats-Unis – fait partie d’un réseau illégal finançant des organisations terroristes étrangères. Selon la procureure générale américaine Pam Bondi, il était utilisé pour transporter du pétrole sous sanctions en provenance du Venezuela et d’Iran.
Trump accuse le Caracas de soutenir les trafiquants de drogue et par la même de compromettre la sécurité des Etats-Unis. Les Américains ont donc bombardé et détruit à plusieurs reprises de petites embarcations de trafiquants présumés, via des frappes aériennes.
Empêcher l'exportation de pétrole
Après l'immobilisation du «Skipper» – apparemment dans les Petites Antilles, selon le site web marineetraffic.com – Trump a déclaré de manière énigmatique que «d'autres choses se préparent». Que peut-il bien vouloir dire par là?
Cette saisie pourrait marquer le début d'une guerre des pétroliers, par laquelle Trump entendrait saigner le Venezuela. Si le président américain suspend les exportations, le Venezuela perdra une part importante de ses revenus. Car ce pays d'Amérique du Sud est fortement dépendant de ce que lui rapporte la vente de ses ressources naturelles. Dans le même temps, un arrêt des exportations ferait également grimper les prix de l'énergie au Venezuela et dans les pays acheteurs comme la Chine, l'Inde et Cuba.
La liste des sanctions américaines comprend plus de 30 navires transportant le pétrole brut vénézuélien vers des clients du monde entier. Pour contourner les mesures, les pétroliers changent souvent de nom, de pavillon et de propriétaire.
Préparation d'un blocus maritime
L'une des prochaines étapes de la guerre des pétroliers pourrait consister en la mise en place d'un blocus maritime. Les Américains y seraient préparés: voilà quelques semaines qu'ils ont renforcé leur présence navale au large des côtes vénézuéliennes. Leur flotte comprend entre-autres des destroyers et le plus grand porte-avions du monde, l'USS Gerald R. Ford.
Depuis leur base flottante, les américains peuvent non seulement contrôler et empêcher les exportations et les importations vénézuéliennes, mais aussi lancer des attaques à l'intérieur du pays. Les cibles les plus probables sont les usines de drogue, les installations militaires, tout comme les aérodromes et les centres de commandement.
Le gouvernement vénézuélien qualifie l'abordage du «Skipper» d'«attaque flagrante et d'acte de piraterie internationale». Il affirme également que les Etats-Unis ne s'intéressent ni à l'immigration, ni à la drogue, ni à la démocratie, mais uniquement aux ressources naturelles du pays.
Maduro est-il sur le point d'être renversé?
Bien que Maduro ait appelé à une «mobilisation massive», il y a plusieurs semaines, il peut difficilement se prévaloir, face aux Etats-Unis, d'une supériorité écrasante sur le plan militaire. Il ne peut pas non plus compter sur l'intervention de ses alliés russes, chinois, cubains ou iraniens pour lui venir en aide.
L'objectif de Trump est d’accroître la pression économique sur le Venezuela et de diviser le régime de l’intérieur, jusqu'à la chute de Maduro. Selon le «New York Times», le scénario risqué consistant à placer les champs pétrolifères du Venezuela sous contrôle américain est également à l'ordre du jour.
Avec cette intervention, Donald Trump a encore accru la pression contre le dirigeant de gauche. D'autres mesures devraient suivre prochainement. Le président américain a récemment déclaré à propos de Maduro: «Ses jours sont comptés.»