La population du Kosovo est amenée à voter ce dimanche pour des élections législatives. A 11h, 8,27% des citoyens avaient voté, un taux de participation globalement conforme à celui des élections de février, qui n'avaient enregistré que 40,6% de participation.
Arben Xhelili, 42 ans, économiste originaire de Pristina, n'était pas optimiste après avoir voté. «Je m'attends à retrouver la même situation après les élections», a-t-il dit.
Brikenda Rexhepi, rédactrice en chef du groupe de presse Koha, a expliqué que l'expérience du Kosovo montre que «les majorités ne garantissent pas nécessairement la stabilité, ce qui rend le processus plus complexe qu'un simple calcul de coalition». Ce qui rend cette élection décisive, a-t-elle dit à l'AFP, c'est l'opportunité de former «des institutions fonctionnelles après une année d'échecs». «L'impasse a eu des conséquences économiques et diplomatiques évidentes», a-t-elle déploré.
Une impasse politique
Avec un peu plus de 42% des voix, Vetevendosje (VV), le parti du Premier ministre sortant Albin Kurti, est arrivé en tête du précédent scrutin législatif, le 9 février 2025. Mais sans assez de sièges sur les 120 du Parlement pour former seul une majorité.
Dans une chambre divisée, les députés ont eu besoin de plus de 50 séances pour se mettre d'accord sur un président du Parlement, et jamais aucune coalition n'a réussi à être formée, ni aucun gouvernement élu par le Parlement, comme le prévoit la constitution. Il a donc fallu se résoudre à des élections anticipées.
L'économie au coeur de la campagne
Faisant figure de favori, Albin Kurti espère, après une campagne express de deux semaines, «gagner largement» et «dépasser les 50%», a-t-il dit à l'AFP lors d'un entretien à Pristina mardi. Alors qu'il avait fait campagne en février en promettant de gouverner le Kosovo «d'un bout à l'autre», même dans les territoires à majorité serbe où l'influence de Belgrade est plus forte que celle de Pristina, M. Kurti a surtout parlé d'économie.
«L'économie se porte très bien et nous allons, cette année encore enregistrer une croissance de 4% du PIB. Tout au long de mon mandat, nous ne sommes jamais descendus en dessous de 4%», a-t-il fait valoir. Ces derniers jours, il a également annoncé que le gouvernement verserait 100 euros aux retraités et à chaque famille avec des enfants en bas âge d'ici la fin de l'année.
Le Premier ministre sortant critiqué
De la «corruption électorale», ont attaqué les deux autres principaux partis, le Parti démocratique du Kosovo (PDK) et la Ligue démocratique du Kosovo (LDK). Eux aussi ont fait campagne sur l'économie et les catégories sociales les plus fragiles, mais en s'en prenant au bilan du gouvernement sortant.
«Le Kosovo a été mal gouverné. Les prix ont augmenté de 40 à 50%, l'électricité est devenue plus chère, tandis que les salaires et les retraites sont restés presque inchangés. Cela changera avec le gouvernement du PDK», a promis le leader du PDK, Bedri Hamza.
«Les projets de développement sont restés lettre morte», et «l'inflation a grignoté les revenus», a fustigé en écho Lumir Abdixhiku, candidat du LDK. Il a aussi attaqué le bilan diplomatique de Kurti, dont la politique de fermeté envers la minorité serbe a été critiquée par plusieurs alliés, comme les Etats-Unis. «Nous avons perdu la confiance de la communauté internationale», a accusé Lumir Abdixhiku.
Plus de deux millions d'électeurs sont appelés à voter, dont plusieurs dizaines de milliers inscrits à l'étranger. En février 2025, seuls 40,59% des électeurs s'étaient rendus aux urnes.
Outre les trois grands partis, les électeurs doivent aussi se décider pour les 20 sièges réservés aux minorités: 10 pour la minorité serbe, 4 pour les Roms, Ashkalis et Egyptiens des Balkans, 3 pour les Bosniaques, 2 pour les Turcs et 1 pour les Gorans.