Des mots bannis
La Corée du Nord déclare la guerre… aux lettres d’amour

En Corée du Nord, une lettre d’amour découverte lors d’une inspection a suffi à provoquer un scandale idéologique. Pour avoir écrit «je t’aime», un jeune a été publiquement humilié, preuve que même les sentiments intimes sont sous surveillance.
Publié: 25.09.2025 à 20:35 heures
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En Corée du Nord, il est possible d'être condamné pour avoir simplement écrit «Je t'aime».
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

En Corée du Nord, même l’amour peut devenir un délit. Le leader Kim Jong Un a transformé les lettres parfumées à l'eau de rose en menace nationale. Début septembre, dans une usine de Hamhung, deuxième ville du pays, une lettre d’amour a été découverte lors d’une inspection. Il n’en a pas fallu plus pour déclencher un scandale idéologique, rapporte «Metro».

La missive contenait de simples phrases comme «Je t’aime» ou «Tu es la seule à qui je pense». Des mots doux pour la majeure partie du monde, mais pas en Corée du Nord. Ces mots ont été dénoncés comme un «mode de vie décadent imprégné des visions capitalistes de l’amour» et la preuve d’un «esprit pourri».

Des proportions démeusurées

Les autorités ont contraint le jeune auteur à s’autocritiquer publiquement devant ses camarades de parti, sous le regard désapprobateur d’une assistance qui, selon un témoin, observait la scène avec dégoût. Une source a rapporté au Daily NK que les responsables avaient «fait tout un plat de cette affaire». Elle a ajouté: «Les amoureux disent souvent 'je t’aime bien', mais utilisent beaucoup moins l’expression 'je t’aime'.»

Les autorités ordonnent régulièrement aux organisations de jeunesse de mener des contrôles inopinés des appareils électroniques, afin de traquer la consommation de contenus étrangers. C’est dans ce cadre que la lettre amourachée a été trouvée, transformant un simple élan d’affection en affaire politique.

S’il n’est pas rare que les jeunes Nord-Coréens regardent en secret des divertissements venus de Chine ou de Corée du Sud, ils ont bien du mal à échapper aux inspections surprises. Cet épisode illustre la surveillance omniprésente et la répression accrue visant à empêcher toute influence extérieure, notamment auprès de la jeunesse.

D'autres mots bannis

Depuis la fermeture des frontières liée au Covid-19, Kim Jong Un a multiplié les interdictions pour contrôler la culture et le langage. Des termes aussi courants que hot dog, hamburger, ice cream ou encore karaoke ont été bannis et remplacés par des néologismes officiels, destinés à couper la population de tout contact avec le monde extérieur.

L’histoire des jeunes amoureux a rapidement circulé, suscitant critiques et sarcasmes. «Les gens ont qualifié cela d’absurde, en disant: Si 'je t’aime' est décadent, alors le monde entier l’est aussi», ironise la source. «Il s’est contenté d’écrire des sentiments qu’il ne pouvait exprimer à voix haute.» Mais en Corée du Nord, l’amour, lui, se heurte à la répression. Peut-être fallait-il en manquer pour avoir un tel cœur de pierre face à un jeune homme passionné.

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