Les candidats de droite à la présidence au Honduras étaient au coude-à-coude lundi à l'issue du dépouillement préliminaire des procès-verbaux. Un duel oppose l'homme d'affaires Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump et le présentateur de télévision Salvador Nasralla.
Les Honduriens ont sanctionné dimanche la gauche dirigée par la présidente Xiomara Castro, qui gouverne l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine, frappé aussi par la violence des gangs, le trafic de drogue et la corruption. Xiomara Castro est arrivée au pouvoir en 2021, plus d'une décennie après le coup d'Etat contre son mari Manuel Zelaya, qui s'était rapproché du Venezuela et de Cuba.
Nasry Asfura, ancien maire de Tegucigalpa âgé de 67 ans, devance Salvador Nasralla, 72 ans, de seulement 515 voix après le décompte numérique de 57% des procès-verbaux, ce qui représente une «égalité technique», a déclaré la présidente du Conseil national électoral (CNE) sur X.
Ce faible écart constitue, compte tenu de la marge d'erreur, une «égalité technique», a indiqué Ana Paola Hall. Elle a demandé «de la patience» aux électeurs, sans préciser quand le dépouillement manuel qui commence prendra fin. Il pourrait durer plusieurs jours.
Un autre Venezuela?
«Les chiffres parleront d'eux-mêmes», a affirmé Nasry Asfura depuis son quartier général de campagne. Salvador Nasralla se dit en tête avec cinq points d'avance, selon ses projections. La candidate de la gauche au pouvoir, l'avocate Rixi Moncada, 60 ans, arrive loin derrière.
Salvador Nasralla et Nasry Asfura, qui ont tous les deux des origines palestiniennes, ont mené campagne en agitant la peur que le maintien de la gauche conduise le Honduras à devenir un autre Venezuela, pays dans une crise profonde.
La campagne a été marquée ces derniers jours par l'irruption dans la campagne de Trump, qui a adopté une position interventionniste dans toute la région, n'hésitant pas à conditionner l'aide américaine à la bonne volonté des gouvernements et à ses affinités avec leurs dirigeants.
Grâce pour un ancien président
S'agissant du Honduras, le président américain a assuré que si Nasry Asfura «ne remporte pas les élections, les Etats-Unis ne gaspilleront pas leur argent». Il a assuré qu'il «ne pourrait pas travailler» avec Rixi Moncada «et les communistes» et qu'il ne faisait «pas confiance» à Salvador Nasralla.
Trump a aussi annoncé qu'il gracierait l'ex-président hondurien Juan Orlando Hernandez, qui a gouverné de 2014 à 2022 sous la bannière du parti de Nasry Asfura et purge aux Etats-Unis une peine de 45 ans de prison après avoir été reconnu coupable d'avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne vers les Etats-Unis.
Cette grâce annoncée va à contre-courant de l'offensive meurtrière de Donald Trump dans les Caraïbes, où Washington a déployé son plus grand porte-avions ainsi qu'une flottille de navires de guerre et d'avions de chasse, dans le cadre d'opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela. Rixi Moncada a dénoncé l'ingérence des Etats-Unis dans le processus électoral.
«Des voleurs nous gouvernent»
Nasry Asfura brigue la présidence pour la deuxième fois, après avoir perdu en 2021 face à Xiomara Castro, et Salvador Nasralla pour la troisième fois. Au Honduras, pays de 11 millions d'habitants parmi les plus instables d'Amérique latine, les politiciens n'ont pas bonne réputation. «Ils ne font rien pour les pauvres, les riches deviennent chaque jour plus riches et les pauvres chaque jour plus pauvres, seuls des voleurs nous gouvernent», a commenté lundi Henry Hernandez, un gardien de voitures de 53 ans.
Michelle Pineda, commerçante de 38 ans, espère que le gagnant de ce duel serré verra dans le pays «autre chose qu'un sac d'argent à piller». En votant dimanche, Maria Velasquez, femme au foyer, a dit espérer «que le nouveau gouvernement, quel qu'il soit, aura une bonne communication avec Trump (...) Nous attendons un grand soutien de sa part».
Près de 6,5 millions de Honduriens étaient appelés à élire le successeur de Xiomara Castro, ainsi que des députés et des maires pour quatre ans. Après une campagne marquée par des dénonciations anticipées de fraude, la journée de dimanche s'est déroulée calmement, selon les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA).