Les négociateurs américains demandent toujours à l'Ukraine d'abandonner la partie de la région du Donbass (est) encore contrôlée par Kiev, lors du dernier cycle de pourparlers à Berlin, a indiqué à l'AFP un haut responsable au fait des discussions.
Vladimir «Poutine veut des territoires. Les Américains disent que» l'Ukraine «doit se retirer», ce que Kiev refuse, a indiqué à l'AFP cette source proche du dossier. «C'est assez frappant que les Américains adoptent la position des Russes sur cette question», a-t-elle ajouté. Washington se pose en médiateur entre Kiev et Moscou, qui a lancé début 2022 son invasion de l'Ukraine, pire conflit armé en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale et qui a fait des centaines de milliers de morts et de blessés.
75% des Ukrainiens s'y opposent
Le bassin industriel ukrainien du Donbass est composé des régions de Lougansk, dont la quasi-totalité est aux mains de Moscou, et de Donetsk, dont presque 20% est contrôlée par l'armée ukrainienne. Selon un sondage publié lundi, 75% des Ukrainiens sont opposés à l'abandon de ce territoire. Au-delà des considérations territoriales, il s'agit de la portion la mieux défendue du front, composée d'une ceinture de villes-forteresses et de centaines de kilomètres de tranchées et de champs de mines.
Un haut responsable ukrainien a par ailleurs indiqué à l'AFP qu'une nouvelle rencontre se déroulait lundi matin entre le président Volodymyr Zelensky et les négociateurs américains Steve Witkoff et Jared Kushner, au deuxième jour de ces négociations à Berlin. Si Steve Witkoff avait assuré que dimanche soir sur X que «beaucoup de progrès» avaient été faits lors du premier cycle de pourparlers à Berlin, le responsable ukrainien s'est montré bien plus prudent. «L'essentiel, c'est qu'ils ont passé en revue les points et les questions clés de manière très détaillée, et que le président leur a expliqué nos positions, c'est utile pour eux», a-t-il dit.
«Nous pouvons organiser des élections»
Selon cette source, Kiev n'a pas renoncé à sa demande d'adhérer à l'OTAN comme garantie de sécurité contre toute nouvelle invasion russe, réfutant les affirmations de certains médias. Les Américains «ne donnent pas pour l'instant de détails sur les garanties de sécurité», a-t-il précisé.
En revanche, l'Ukraine est prête à organiser des élections dans un délai de 100 jours, comme le demande le président américain Donald Trump, mais seulement à condition d'un cessez-le-feu avec la Russie, a ajouté le responsable. «Nous pouvons organiser des élections s'ils insistent. Mais c'est aussi une question de sécurité», a poursuivi cette source. «Les Américains sont-ils prêts à faire pression sur Poutine pour qu'il accepte un cessez-le-feu ? Parce que jusqu'à présent, il refuse de le faire», a-t-elle fait valoir tout en ajoutant qu'il n'était pas clair pour l'instant à partir de quelle date ces 100 jours allaient être calculés.
L'avenir de Zaporijjia en suspens
Interrogé sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia dont le statut a été cité comme l'un des deux principaux points «irrésolus» par Volodymyr Zelensky la semaine passée, le responsable a indiqué que «rien n'avait encore été convenu». Cette centrale, la plus puissante en Europe, située dans le sud de l'Ukraine, est occupée depuis 2022 par la Russie.
En revanche, le point sur une «amnistie complète» pour tous les participants au conflit a été retiré des propositions américaines, a souligné le responsable ukrainien. «Ce point a été retiré lors (d'un précédent round) des pourparlers (ukraino-américains) à Genève» en novembre, a-t-il dit. Il s'agit d'une condition importante pour l'Ukraine qui accuse l'armée russe de nombreux crimes de guerre.