La nomination dimanche au ministère des Armées de Bruno Le Maire, qui fut le patron de Bercy pendant sept ans, a concentré les critiques des oppositions contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, mais aussi d'un de ses principaux soutiens, le parti de droite Les Républicains. Le choix de l'ex-ministre de l'Economie (2017-2024) est la principale surprise d'une équipe qui compte essentiellement des reconductions.
Un revirement inattendu
Après avoir «totalement exclu» d'entrer au gouvernement il y a seulement quinze jours, Bruno Le Maire a justifié son revirement par «les circonstances exceptionnelles que traverse la France». «Je viens pour servir les Français. Je viens pour servir nos soldats», a-t-il déclaré sur le réseau X dimanche soir.
Selon une source au fait des tractations, il a été approché une première fois par le secrétaire général de l'Elysée Emmanuel Moulin, qui l'a contacté à deux reprises vendredi, puis par le premier ministre samedi et par le président Emmanuel Macron dimanche.
Après avoir réitéré son refus, il a finalement accepté le poste-clé en temps de «réarmement» du pays. Mais les opposants, qui le considèrent comme un des responsables du dérapage budgétaire de la France, ont aussitôt attaqué cette nomination.
Critiqué de toutes parts
La leader du Rassemblement national Marine Le Pen a raillé le retour «pathétique» de «l'homme qui a mis la France en faillite». Son allié Eric Ciotti a aussi déploré «le retour de l'homme aux 1000 milliards de dette», estimant que «ce gouvernement est un bras d'honneur aux Français».
A gauche, le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner a ironisé sur le retour du «Mozart de la finance qui a ruiné notre pays», tandis que la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a dénoncé «la prime à l'incompétence».
Les Républicains s'insurgent
Mais surtout, c'est son nom qui a mis le feu aux poudres chez Les Républicains (LR), qui avait fini par accepter de rester au gouvernement dans l'après-midi au terme de longues tergiversations et d'une réunion où certaines divisions étaient apparues. Le choix de cet ex-LR qui a rejoint Emmanuel Macron dès 2017 a irrité son ancien parti.
«La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise», a déploré le chef de LR et ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Le nouveau ministre de l'Intérieur a annoncé une réunion de crise pour lundi matin.
«L'affaire Bruno Le Maire les a rendus dingues», a commenté un cadre centriste de la fragile alliance entre la droite et le camp présidentiel censée soutenir le gouvernement. Un proche du chef de l'Etat s'interrogeait lui-même sur «qui a eu l'idée» de nommer l'ancien ministre de l'Economie.