Nourriture insuffisante, cellules surpeuplées, quartiers peu surveillés et manque d'hygiène: les conditions de détention à la prison de la Santé, à Paris, se détériorent, révèle «Le Monde» le jeudi 30 octobre. En cause? Le pénitencier où est incarcéré Nicolas Sarkozy est plein à craquer.
Une semaine après l’incarcération de l’ancien président français, les médias révélaient les privilèges dont il bénéficie derrière les murs de la Santé à Paris. Visites fréquentes, repas, isolement et haute sécurité font partie de son quotidien de détenu particulier. Alors que quatre cellules lui sont réservées – une cellule personnelle, deux laissées vides pour lui éviter d’avoir des voisins et une pour les policiers chargés de sa sécurité, on ne peut pas dire que les 1300 autres détenus disposent du même confort.
«On s'est tous tondu le crâne»
Dans les cellules de 10 mètres carrés où s'entassent parfois jusqu'à trois détenus, les prisonniers doivent faire preuve d'imagination, et surtout de rigueur, pour survivre dans un espace si restreint. «On perd tous des cheveux de temps en temps, mais, quand vous êtes trois dans 10 mètres carrés, niveau propreté, ça devient vite l’enfer. Alors on s’est tous tondu le crâne», explique un détenu aux journalistes du «Monde».
Dans ces cellules prévues pour deux personnes, un matelas a été ajouté à même le sol, sous la télévision. Chaque centimètre compte: les chaises sont empilées dans un coin, des bouts de draps déchirés tendus au milieu de la pièce font office de fils à linge, et l'étagère est soigneusement rangée avec de la nourriture, des médicaments ou des vêtements.
Isolé au «mitard», un détenu âgé de 28 ans a refusé de partager sa cellule avec deux codétenus. «C’est inhumain, d’être coincés à trois dans une petite cellule, alors je préfère qu’on m’amène ici.» Une question d'espace, de bien-être, mais aussi de sécurité. «C’est difficile de trouver de bons codétenus, avec qui ça fonctionne… Je me suis retrouvé avec un mec instable qui avait pris 20 ans, je ne me sentais pas en sécurité.» Même si l’administration peut, en théorie, ajuster la répartition des détenus pour prévenir les tensions, la suroccupation réduit toute marge de manœuvre.
Une prison propre... mais saturée
Rénové en 2019, le centre pénitentiaire est propre et en bon état. Les cellules sont désormais équipées d’une douche, d’une plaque chauffante et d’un téléphone fixe. Des améliorations qui n’ont rien changé au problème majeur: la surpopulation carcérale. Avec un taux d’occupation de 188%, la tension monte à la prison de la Santé, où surveillants et détenus peinent à cohabiter dans un espace saturé.
Et le manque de place se répercute aussi hors des cellules. Nourriture parfois insuffisante, surveillances en sous-effectif, délais de prise en charge médicale rallongés: autant de difficultés auxquelles la prison de la Santé doit faire face. Le 16 juin 2025, «Le Monde» rappelait déjà que la France était la plus mauvaise élève en Europe en matière de surpopulation carcérale. Pour l’heure, aucune réponse politique concrète n’a encore émergé pour y remédier.