Mi-août, le couperet est tombé: le ministre de la Défense Martin Pfister a reconnu qu'aucun accord n'avait pu être trouvé avec les Etats-Unis sur le prix des futurs avions de combat. Résultat: les F-35 du constructeur américain Lockheed Martin coûteront jusqu’à 1,3 milliard de francs de plus que prévu.
Depuis que la promesse d'un prix fixe a commencé à vaciller, plusieurs pistes circulent à Berne pour respecter le plafond de six milliards, approuvé de justesse par le peuple en septembre 2020.
Promesse des Etats-Unis
Parmi elles: réduire le nombre d’appareils. Si les 36 jets prévus sont inscrits noir sur blanc dans le contrat, toute modification nécessitait l’aval de Washington. Or, selon la «NZZ am Sonntag», cette condition serait désormais remplie. Armasuisse, l'office fédéral de l'armement, confirme avoir obtenu le feu vert des autorités américaines.
Le Conseil fédéral disposerait ainsi d'un levier pour respecter malgré tout le plafond des coûts. Sur le plan politique, cette décision serait toutefois controversée. Le conseiller national UDC Mauro Tuena évoque l'importance des jets en matière de politique de sécurité. «Le F-35 a justement prouvé ses capacités en Pologne en abattant des drones russes.» Il serait plutôt juste d'acheter les 36 avions, au besoin avec un crédit supplémentaire.
En revanche, le conseiller national PS Fabian Molina ne fait pas confiance à la modification promise du contrat. «Je mets fondamentalement en garde contre une interprétation aussi claire des signaux envoyés par le gouvernement américain», explique le Zurichois. De plus, une réduction du nombre d'unités nécessiterait des renégociations coûteuses – il vaudrait mieux, selon lui, annuler purement et simplement le contrat de vente.
L'argent afflue déjà vers Washington
D’autres pistes existent pour absorber les surcoûts, comme renoncer aux «investissements compensatoires» avec l'industrie suisse, qui alourdissent la facture d’environ 800 millions de francs. Le gouvernement pourrait aussi solliciter un crédit additionnel auprès du Parlement.
En attendant, les paiements se poursuivent. La semaine prochaine, Berne doit verser une nouvelle tranche de 300 millions de francs. D’ici la fin de l’année, l’acompte cumulé atteindra un milliard.