Législatives aux Pays-Bas
L'Europe a son Javier Milei (et ce n'est pas Orban)

Les Néerlandais votent ce mercredi 29 octobre pour des législatives anticipées. Et l'homme qui se prépare à la victoire est un émule de l'Argentin Javier Milei. Geert Wilders sera-t-il, demain, Premier ministre à La Haye?
Publié: 28.10.2025 à 21:53 heures
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Dernière mise à jour: 04:00 heures
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Geert Wilders ne parait pas en mesure d'obtenir une majorité des sièges au Parlement. Sauf si l'effet Milei jour en sa faveur...
Photo: Anadolu via Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Javier Milei n’est pas argentin. Il est aussi néerlandais. Physiquement bien sûr, tout sépare (ou presque), le président du grand pays d’Amérique latine de son émule néerlandais, Geert Wilders, chef du Parti de la liberté (PVV). Milei l’Argentin, dont le parti La Libertad Avanza, vient d’obtenir un succès inattendu dans les urnes, est un ancien économiste trapu, échevelé, et fier de sa tignasse brune. Rien à voir, donc, avec la silhouette longiligne et peroxydée de Wilders, dont la formation est donnée favorite aux législatives anticipées qui se tiennent ce mercredi 29 octobre aux Pays-Bas.

Et pourtant: à l’heure où la tronçonneuse de Javier Milei – reprise par le milliardaire américain Elon Musk – est fameuse dans le monde entier, Geert Wilders peut prétendre avoir été l’un des premiers à proposer un programme de coupes franches dans les dépenses de l’Etat. Son PVV, Parti de la liberté, présente à la fois la caractéristique d’être très libéral sur le plan économique, et arc-bouté sur les frontières.

Les sondages le créditent aujourd’hui de 22% des intentions de vote, ce qui devrait le conduire à rafler au moins une trentaine de députés. Le PVV dispose de 37 parlementaires sortants à la Chambre basse du Parlement néerlandais qui en compte 150. Si les enquêtes d’opinion disent vrai, son programme centré sur la lutte contre l’immigration et l’islamisation pourrait faire de lui le leader incontesté d’une prochaine coalition gouvernementale.

Rupture avec les partis traditionnels

Pourquoi la comparaison avec Javier Milei, plutôt évoquée jusque-là au sujet du Premier ministre hongrois Viktor Orbán? Parce que Geert Wilders a fait de la rupture avec les partis traditionnels son refrain politique favori. Un argument massue dans des Pays-Bas longtemps réputé pour leur social-démocratie, leur libéralisme culturel et leur ouverture sur le monde. La tronçonneuse, au sein du paysage politique néerlandais, est surtout brandie dans les meetings par le Parti libertarien (LP), désireux de renforcer les droits individuels.

Mais les idées du PVV et de Geert Wilders ont percolé dans la société. Une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration est en chantier, qui prévoit de criminaliser l’absence de titre de séjour. Si cette loi est adoptée, un étranger illégal pourra être condamné à six mois de prison pour le simple fait de ne pas détenir de papiers en règle. La chambre haute du Parlement l’a déjà adoptée.

Geert Wilders a le soutien de Donald Trump. Il est l’interlocuteur régulier de J.D Vance, le vice-président des Etats-Unis. Il défend envers et contre tout le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu. Il veut faire de ces élections anticipées un test pour la défense de l’identité néerlandaise. Avec 18 millions d’habitants, les Pays-Bas sont la cinquième économie de l’Union européenne après l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne.

Chute du gouvernement

C’est à cause de Geert Wilders que les électeurs néerlandais sont convoqués de nouveaux aux urnes: ce dernier a claqué, en juin, la porte du gouvernement (dont il n’était pas membre personnellement) après que les autres partis de la coalition de droite et d’extrême droite ont refusé de le suivre sur un durcissement de la politique d’immigration. Wilders, chantre de la lutte contre l’islam, n’est pas du genre à accepter les compromis. Il avait été jugé coupable de discrimination en 2026, pour des propos stigmatisant la communauté marocaine.

Tronçonneuse anti-immigration

Le contexte n’a rien à voir, toutefois, avec celui des années 2000, lorsque ce politicien qui se teint les cheveux en jaune, apparaissait comme un trublion isolé d’extrême droite. Sur le plan des idées, c’est même Wilders qui mène la danse puisque tous les partis, y compris à gauche, ont durci leur discours sur l’immigration.

La tronçonneuse de Wilders vise les étrangers et toutes les aides sociales dont ils bénéficient. Le PVV veut bannir le foulard dans les administrations, et interdire l’usage de l’arabe dans les commerces. Il défend aussi un programme de «remigration volontaire». Le tout, dans des Pays-Bas confrontés à une montée en puissance sans précédent des narco-mafias, dont les chefs sont souvent d’origine marocaine.

La tronçonneuse de Geert Wilders, comme celle de Javier Milei en Argentine, est en passe de devenir le symbole d’une révolte nationale. En Amérique latine, révolte contre l’Etat corrompu et les élites. Aux Pays-Bas, révolte contre les dérives d’une société multiculturelle face à laquelle l’Etat est en train de perdre pied.

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