Pas de changement de taux
La BCE devrait éviter toute frayeur à la veille d'Halloween

La Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir ses taux inchangés jeudi, pour la troisième fois consécutive. Cette décision intervient dans un contexte d'inflation maîtrisée, malgré une croissance économique atone en zone euro.
Publié: 27.10.2025 à 07:21 heures
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La quasi-totalité des observateurs s'attend à ce que la BCE maintienne son taux de dépôt, qui sert de référence, à 2,0%. (archive)
Photo: Michael Probst
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ATS Agence télégraphique suisse

Pas de frayeur monétaire à la veille d'Halloween: la Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser ses taux inchangés jeudi pour la troisième fois d'affilée grâce à l'inflation maîtrisée, sa présidente évitant par ailleurs de s'attarder sur le cas français.

«A ce stade, nous sommes dans une bonne position et bien préparés pour faire face aux chocs futurs», a déclaré à la mi-octobre Christine Lagarde lors de la réunion annuelle du FMI à Washington. C'est le même message qu'attendent les marchés. Pas de volte-face, pas de changement de cap.

La quasi-totalité des observateurs s'attend donc à ce que la BCE maintienne son taux de dépôt. Celui-ci sert de référence, à 2,0%, comme depuis le mois de juillet.

Contexte «confortable»

Cela fait que «la réunion de la BCE s'annonce plutôt monotone: un moment de suivi plutôt que d'action, avec des commentaires prudents sur la croissance et l'inflation», explique à l'AFP Michel Martinez, chef économiste Europe à la Société Générale. Sur le front économique, la BCE peut en partie souffler.

En dépit du climat toujours pesant en géopolitique, avec la guerre d'invasion russe en Ukraine qui n'en finit pas, «la BCE évolue actuellement dans un contexte relativement confortable» au plan économique. C'est ce qu'explique Felix Schmidt, économiste chez Berenberg.

Après deux ans de baisses de taux successives, la BCE profite d'une inflation retombée de 10,6% en 2022, dans le contexte d'une flambée des prix de l'énergie liée à la guerre en Ukraine, à des valeurs proches de 2% ces derniers mois. Une valeur située autour de son objectif.

Plan de relance en Allemagne

Le scénario de la BCE anticipant que l'agrégat descende à 1,7% en 2026 reste par ailleurs valable, selon les observateurs. Le tableau est plus sombre côté croissance.

Les chiffres attendus jeudi pour la zone euro devraient montrer «un PIB quasi nul au troisième trimestre». Ceux-ci par «les chocs tarifaires» qui affectent surtout l'Irlande, pays fortement exportateur vers les Etats-Unis, et «l'incertitude politique en France qui étouffe la demande» et retarde les décisions d'investissements, selon Michel Martinez.

En Allemagne, locomotive à l'arrêt de la zone euro, le plan de relance voté par le gouvernement de Friedrich Merz ne «produira ses effets sur la croissance et l'inflation qu'à compter de 2026», ajoute l'économiste. La BCE compte toutefois sur la résilience du marché du travail et la solidité des services pour soutenir l'activité dans les mois à venir.

Regards vers Paris

Pour l'instant, la banque centrale table toujours sur 1,2% de croissance en zone euro en 2025, 1,0% en 2026 et 1,3% en 2027. Si l'heure est à la patience, la question clé demeure celle d'un futur assouplissement. «Le cycle de baisse des taux de la BCE n'est pas nécessairement terminé», avertit Ulrike Kastens, chef économiste chez DWS.

Le statu quo monétaire pourrait encore durer quelques mois. Avant un mouvement de baisse attendu «en mars 2026» par Michel Martinez, quand l'inflation devrait «nettement passer sous les 2%, tirée vers le bas par la chute retardée des prix de l'énergie et la fermeté de l'euro».

Les regards se tourneront aussi vers Paris. Entre jeu d'équilibriste politique, incertitude budgétaire et tensions sur la dette, l'écart du taux d'emprunt de la France avec celui de l'Allemagne, faisant référence, a retrouvé son plus haut datant de plusieurs années.

Christine Lagarde, no comment

Christine Lagarde «devrait éviter de commenter le cas individuel de la France», croit Michel Martinez, afin d'écarter toute spéculation visant une intervention sur les marchés obligataires. Ceci malgré les débats enflammés à Paris.

Mais sans complètement esquiver les questions de la presse, l'ancienne ministre de l'Economie devrait «se dire confiante que les décideurs essaieront de réduire l'incertitude autant que possible, et qu'ils se conformeront à leurs engagements budgétaires vis-à-vis de l'Europe», conclut-il.

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