«Rupture» et «trahison»: Donald Trump essuie une salve inédite de critiques au sein même du mouvement MAGA, cœur de sa base électorale. Tout est parti d’une déclaration où il affirme que les Etats-Unis manquent de «personnes talentueuses» et doivent recruter davantage de travailleurs étrangers qualifiés. Une ligne rouge pour les tenants du «America First».
Ces tensions éclatent alors que la droite américaine insiste, contre l'avis de la Maison Blanche, pour la publication des «Epstein files». De nouveaux e-mails montrent Jeffrey Epstein affirmant que Trump avait connaissance d’abus sur mineures. Un double choc qui confirme, selon plusieurs experts, que le mouvement MAGA dépasse désormais la seule figure de son fondateur.
Dans le camp républicain, certains redoutent déjà que ces fissures ne compromettent la mobilisation en vue des élections de mi-mandat de 2026, souligne le «Washington Post» vendredi 14 novembre. De son côté, Donald Trump a répondu aux inquiétudes... de manière un peu maladroite.
La polémique
La première polémique concerne les visas H-1B, destinés à des travailleurs étrangers hautement qualifiés. Trump a annoncé des frais de 100’000 dollars pour ce programme. Mais l’embrasement vient surtout d’une interview accordée lundi 10 novembre.
Interrogé sur la volonté de certains républicains de réduire ces visas, Trump répond d’abord être d’accord… avant de lâcher: «Il faut aussi attirer les talents.» Lorsque Laura Ingraham, présentatrice sur Fox News lui rétorque que les Etats-Unis en regorgent, il coupe: «Non, ce n’est pas le cas.» Cette phrase, répétée deux fois, a mis le feu aux poudres.
La fronde des MAGA
«Dire que l’Amérique manque de talent, ce n’est pas vraiment 'America First'», s’est indigné l’animateur conservateur Erick Erickson. Il a souligné que c'était la première fois qu'il voyait autant de fidèles de Trump «furieux» contre lui.
Marjorie Taylor Greene, alliée de toujours, multiplie les attaques — sur l’immigration, sur les H-1B, mais aussi sur l’aide américaine à l’Argentine. Trump a approuvé un plan d'aide de 20 milliards de dollars à son allié Javier Milei.
Même des influenceurs pro-Trump historiques, comme Tim Pool ou Laura Loomer, dénoncent une dérive contraire aux fondements du mouvement. Le stratège Steve Cortes appelle désormais Trump à «revenir sur la bonne voie».
Le dossier Epstein rallume l'incendie
Mercredi, la publication de nouveaux emails liés à Jeffrey Epstein complique encore la situation. Trump y est mentionné, Epstein affirmant qu’il était informé d’abus commis sur mineures. Plusieurs républicains, qui ont eux-mêmes poussé à la publication des «Epstein files», tentent aujourd’hui de minimiser ces éléments, accusant les démocrates d’instrumentaliser l’affaire.
Trump dénonce «un canular», affirmant que seul «un républicain très mauvais ou stupide tomberait dans ce piège». Mais dans ses rangs, certains s’interrogent ouvertement sur les raisons qui poussent le gouvernement à résister à la publication intégrale des documents. «Il a pris ses distances avec sa propre base», déplore le député Thomas Massie.
Trump tente de reprendre la main
A un moment où il a plus que jamais besoin d’un mouvement uni, ces tensions inquiètent les stratèges républicains. Ils redoutent que les électeurs les moins mobilisés, ceux que Trump parvient habituellement à galvaniser, se démotivent face à une droite populiste en plein tir croisé.
Le président a voulu rassurer, non sans maladresse: «N’oubliez pas que MAGA, c’est mon idée», a-t-il lancé sur Fox News. «Je sais mieux que quiconque ce que veulent les partisans de MAGA.»
Pour l’heure, la tempête reste circonscrite aux cercles les plus militants. Mais entre la colère sur les visas, les fissures idéologiques et l’ombre persistante d’Epstein, une réalité s’impose: pour la première fois depuis la naissance de MAGA, Donald Trump ne dicte plus entièrement la ligne. Et c’est peut-être là, aux yeux des républicains, le signe le plus inquiétant de cette séquence.