La bombe Epstein va-t-elle exploser?
Les nouvelles preuves pourraient tout faire basculer pour Trump

Donald Trump continue de s'enfoncer dans le scandale Jeffrey Epstein. De nouveaux e-mails attribués au criminel sexuel décédé en 2019 mettent Washington en ébullition et laissent entrevoir, pour la première fois, de véritables conséquences pour l’ex-président.
Publié: 20:30 heures
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Dernière mise à jour: il y a 51 minutes
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Donald Trump et Jeffrey Epstein prenant la pose au début des années 2000.
Photo: Getty Images
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Chiara Schlenz

Encore une fuite, encore un scandale et toujours la même question: cette fois, la bombe va-t-elle exploser? Des e-mails récemment rendus publics et attribué au criminel Jeffrey Epstein suggèrent que Donald Trump en savait bien plus qu’il ne l’a reconnu jusqu’ici sur les pratiques du milliardaire décédé en prison en 2019. Ces révélations placent une nouvelle fois les «Epstein Files» au cœur d'une véritable tempête politique à Washington.

Dans trois messages rendus publics par des élus démocrates à la Chambre des représentants, Jeffrey Epstein affirme que Donald Trump aurait «passé des heures dans [s]a maison» avec l’une de ses victimes, mineures au moment des faits. Dans un autre courriel adressé à l’écrivain Michael Wolff, Epstein écrit: «Bien sûr qu’il (ndlr: Trump) savait pour les filles.»

La révélation est explosive. Et pour cause. C’est le lien le plus explicite jamais établi entre le président américain et le réseau pédo-criminel mis en place par le richissime homme d'affaires.

Mais s’agit-il enfin de la preuve irréfutable, le fameux «smoking gun» qui pourrait faire tomber Trump? Ce qui est certain, c'est que pour la première fois, les accusations ne viennent ni de témoins anonymes ni de sources indirectes, mais d’Epstein lui-même – celui-là même qui avait conçu cet abominable système. Ce n’est pas une preuve juridique, mais le signe le plus clair à ce jour que Trump était peut-être bien plus impliqué qu’il ne l’admet.

Des «preuves» antérieures sont déjà tombées à l'eau

Ce n’est toutefois pas la première fois que des preuves plus ou moins accablantes éclaboussent le pensionnaire de la Maison-Blanche. Une carte d’anniversaire signée par Trump à l’attention d’Epstein, d’anciennes photos de soirées communes à Palm Beach ou encore des mentions dans le carnet d’adresses du financier, avaient déjà suscité un véritable tollé au niveau politique, avant de se dissiper. Mais aucun de ces scandales n'a tenu sur la durée. Du moins, jusqu’à présent.

Sur le plan politique, ces nouveaux e-mails tombent à un moment particulièrement sensible: la Chambre des représentants s’apprête à voter sur la publication intégrale des documents confidentiels liés à l’affaire Epstein.

Même dans le camp Trump, des voix s’élèvent pour réclamer une transparence totale sur la question. La députée ultraconservatrice Marjorie Taylor Greene a même menacé de révéler publiquement les noms des suspects si les dossiers venaient à rester secrets. Une position qui la place en opposition frontale avec Trump et ses alliés, lesquels bataillent depuis des mois pour empêcher toute publication.

Le spectre qui ne disparaît pas

Du côté de Washington, bon nombre d'observateurs estiment que les nouvelles révélations pourraient bien marquer un tournant décisif. Trump est sous pression: l’affaire qu’il a pendant si longtemps balayée d’un revers de main devient peu à peu un risque réel, y compris dans son propre camp. Selon le «Financial Times», l’ancien président pourrait perdre jusqu’à 10% de sa base électorale s'il était avéré qu'il en savait effectivement davantage qu’il ne l’avait prétendu.

Ces e-mails soulèvent donc moins une question judiciaire qu’un enjeu véritablement politique: combien de temps Donald Trump pourra-t-il encore affirmer qu’il «ne savait rien», alors que son nom revient sans cesse dans les récits de l’entourage d’Epstein, et maintenant d'Epstein lui-même? Ce scandale est un spectre que le républicain, qui ne cesse de crier à la «fake news», n’arrive décidément pas à chasser. 

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