Quels sont les mots préférés de Donald Trump? «Droits de douane». C'est lui-même qui l'affirme, et cela se ressent. Le président américain semble prendre un malin plaisir à imposer des taxes sur les produits importés aux Etats-Unis et la Suisse en fait les frais. Le 1er août, il a annoncé une taxe punitive de 39% sur les importations venant de notre pays. Plus récemment, le 26 septembre, il a imposé des droits de douane de 100% sur les médicaments de marque et les produits pharmaceutiques brevetés.
Le fait que Trump, un homme d'affaires expérimenté, ait justement recours à de tels moyens pour «rendre sa grandeur à l'Amérique» fait froncer les sourcils des experts. Car la science montre qu'à long terme, les droits de douane punitifs nuisent souvent plus à une économie qu'ils ne la renforcent.
William McKinley, le «roi des douanes»
Depuis le début de son deuxième mandat et même durant sa campagne électorale, Trump s'est toujours appuyé sur le nom d'un ancien président pour défendre sa politique économique. Un exemple censé démontrer que la hausse des droits de douane conduira à la prospérité des Américains.
Son idole: William McKinley. Ce dernier a permis aux Etats-Unis de s'enrichir au XIXe siècle grâce aux droits de douane, répète Donald Trump. Mais le milliardaire républicain a négligé un élément crucial dans sa lecture de l'histoire.
Le 25e président des Etats-Unis, qui n'est pas très connu des historiens, a été à la tête du pays de 1897 à son assassinat, survenu le 14 septembre 1901. Au début, McKinley était un défenseur des taxes douanières. Alors qu'il était encore député, il a rédigé, en 1890, une loi connue plus tard sous le nom de «McKinley Tariff». Elle impliquait une taxe d'environ 50% sur la plupart des produits industriels importés.
Pour Donald Trump, c'est la raison qui explique la prospérité de l'Amérique à l'époque. L'année dernière, il a qualifié William McKinley de président «très sous-estimé», de «très bon homme d'affaires» et l'a même couronné «roi des douanes». La preuve qu'il le porte en haute-estime? Trump a rebaptisé le plus haut sommet d'Amérique du Nord en Mont McKinley. Rien que ça.
Les experts ne sont pas d'accord
Les experts ont toutefois une autre vision. «Toute la fin du XIXe siècle a été une période d'expansion. Les droits de douane eux-mêmes n'ont probablement pas eu un grand impact», a expliqué à CNN Douglas Irwin, professeur d'économie à Dartmouth et spécialiste de la politique fiscale de McKinley.
Selon le spécialiste, d'autres causes expliquent cette prospérité. Ce sont plutôt les progrès technologiques dans les domaines de l'électricité et des télécommunications, ainsi que le développement des chemins de fer qui ont stimulé la croissance économique. La politique d'immigration de l'époque, que Trump rejetterait aujourd'hui, a également contribué de manière significative à cette période prospère.
De plus, et cela ne va pas dans le sens de Trump, McKinley a finalement changé sa vision concernant les droits de douane. Dans son dernier discours, le président de l'époque plaidait pour plus de libre-échange et pour l'ouverture des marchés, loin du protectionnisme qu'il prônait à ces débuts. Le lendemain, il a été victime d'un attentat et est décédé quelques jours plus tard.