Quatre policiers ont été tués mardi en Colombie, dans deux départements distincts, des meurtres attribués par les autorités aux guérillas qui contrôlent le trafic de cocaïne dans le pays premier producteur mondial. Deux policiers ont été tués tôt mardi à Cali (sud-ouest), la troisième ville de Colombie, par l'explosion d'un engin piégé attribuée à la guérilla de l'ELN.
Ils circulaient à moto à 04H00 du matin (09H00 GMT) et ont été mortellement touchés par «des éclats d'engins explosifs improvisés», a indiqué le général Henry Bello, chef de la police de Cali, dans le département de Valle de Cauca. Deux autres agents sont morts dans une commune rurale du département voisin du Cauca, après sept heures «de harcèlement armé» à la grenade et rafales de tirs dirigés contre un commissariat local, a indiqué dans l'après-midi sur X le gouverneur Octavio Guzman.
Réduite à l'état de gravats
Le ministre de la Défense, Pedro Sanchez, a attribué cette deuxième attaque à des dissidents des ex-FARC (guérilla qui a signé la paix en 2026), sous le commandement d'alias Ivan Mordisco, le guérillero le plus recherché du pays. «Nous avons ordonné le déploiement de toutes les capacités de la Force publique pour neutraliser les criminels», a déclaré Pedro Sanchez.
Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent une zone commerciale de cette commune réduite à l'état de gravats, avec plus d'une dizaine de bâtiments détruits. Selon le gouverneur Guzman, plusieurs familles ont été déplacées et un hôpital local a été «attaqué».
De janvier à septembre, 146 soldats et policiers ont été assassinés par les différents groupes armés illégaux opérant en Colombie, soit une augmentation de 128% par rapport à 2024, selon les dernières données disponibles du ministère de la Défense. La guérilla colombienne de l'ELN avait décrété de dimanche à mardi trois jours de confinement de la population dans ses zones de production de cocaïne, invoquant des «menaces d'intervention impérialistes» de Donald Trump, le président américain n'ayant pas exclu une intervention au sol contre des laboratoires de drogues.
«Des trafiquants déguisés en révolutionnaires»
Le président Petro avait rétorqué à cette menace en donnant l'ordre aux forces de sécurité «d'attaquer» l'ELN et de défendre la population contre quelle que menace que ce soit. «Nous ne nous laisserons pas intimider» par «des trafiquants de drogue déguisés en révolutionnaires», a-t-il dit.
Depuis dimanche, 82 attaques ou sabotages ont été attribuées à l'ELN, guérilla d'extrême gauche de quelque 5800 membres qui opère sur plus de 20% des plus de 1100 municipalités de Colombie. Dimanche, la police avait annoncé le meurtre d'un conducteur d'ambulance dans l'est du pays, à la frontière avec le Venezuela dans le cadre du confinement imposé par l'ELN.
Le président Petro a tenté de négocier la paix avec l'ELN depuis son arrivée au pouvoir en 2022 mais sans succès et en janvier, les pourparlers ont cessé après l'assassinat par l'ELN de plus de 100 personnes dans une région frontalière proche du Venezuela. Les guérillas en Colombie se financent grâce au trafic de drogue, à l'exploitation minière illégale, et pour certaines l'extorsion ou les enlèvements contre rançon.