Cessez-le-feu
L'Iran a de «sérieux doutes» quant au respect des engagements d'Israël

L'Iran exprime des doutes sur le respect du cessez-le-feu par Israël après 12 jours de conflit. Téhéran dément toute menace contre le directeur de l'AIEA et demande à l'ONU de désigner Israël et les États-Unis comme responsables de la guerre.
Publié: 29.06.2025 à 21:25 heures
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L'Iran se tient prêt pour une nouvelle riposte sur Israël ne tient pas ses engagements.
Photo: keystone-sda.ch

L'Iran a exprimé dimanche de «sérieux doutes» sur les intentions d'Israël de respecter le cessez-le-feu entré en vigueur le 24 juin, après 12 jours d'une guerre sans précédent entre les deux pays ennemis. Et Téhéran a dû démentir toute menace de mort contre le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, après qu'un journal iranien eut écrit qu'il serait «exécuté» s'il revenait en Iran, soulevant un tollé des Occidentaux.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, ce que nie le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit «légitime» au nucléaire civil pour produire de l'énergie.

«Nous sommes prêts pour une riposte forte»

L'attaque israélienne est survenue au moment où l'Iran négociait avec les Etats-Unis. «Nous n'avons pas déclenché la guerre mais nous avons répondu à l'agresseur de toutes nos forces», a déclaré le chef d'état-major des forces armées, Abdolrahim Moussavi, selon des propos rapportés dimanche par la télévision d'Etat. Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur mardi, imposé par le président américain Donald Trump.

Mais «nous avons de sérieux doutes sur le respect des engagements (par Israël), y compris du cessez-le-feu, et nous sommes prêts pour une riposte forte», a prévenu Moussavi lors d'un entretien téléphonique avec le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane. Les Etats-Unis, qui se sont joints à l'offensive de leur allié israélien, ont bombardé trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Pour ces raisons, Téhéran a réclamé à l'ONU que ses deux ennemis soient désignés responsables de la guerre, dans un courrier diplomatique rendu public dimanche. «Nous demandons officiellement par la présente au Conseil de sécurité de reconnaître le régime israélien et les Etats-Unis comme les initiateurs de l'acte d'agression et de reconnaître leur responsabilité ultérieure, y compris le paiement d'indemnisations et de réparations», écrit le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Téhéran rejette la demande de l'AIEA

Donald Trump a prévenu que le Pentagone mènerait «sans aucun doute» de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires. Selon l'AIEA, il est l'unique pays non doté de cet armement à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord international conclu en 2015 avec les grandes puissances, dont Donald Trump s'est retiré lors de son premier mandat en 2018.

Pour fabriquer une bombe, l'enrichissement doit être poussé jusqu'à 90%. Au moment de la trêve en début de semaine, Téhéran a rejeté la demande de l'AIEA de revisiter ses installations bombardées et le ministre Araghchi a fustigé des «intentions malveillantes» de son directeur Rafael Grossi. Un journal iranien ultraconservateur, Kayhan, est même allé jusqu'à l'accuser d'être «un espion du régime sioniste». «On doit aussi officiellement dire que (Grossi) sera jugé et exécuté dès son arrivée en Iran pour espionnage au profit du Mossad et pour prendre part au meurtre du peuple opprimé de notre pays», a menacé de mort l'organe de presse.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul, soutien d'Israël, a exigé de l'Iran qu'il «cesse» ses «menaces» contre Rafael Grossi. Une «condamnation» de Téhéran à laquelle s'est jointe la diplomatie argentine. Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio avait déjà fustigé samedi sur X des propos «inacceptables». «Non, il n'y a aucune menace» contre Grossi et ses inspecteurs qui «sont en sécurité» en Iran, a assuré son ambassadeur à l'ONU à New York, Amir Saeid Iravani, dimanche sur la télé américaine CBS. 

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