500'000 personnes évacuées
Un avion de chasse thaïlandais détruit un casino au Cambodge, la situation dégénère

De violents combats opposent Thaïlande et Cambodge le long de leur frontière, forçant des centaines de milliers d'habitants à se mettre à l’abri. Malgré les tentatives diplomatiques de Washington, le dialogue entre les deux pays semble rompu pour de bon.
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Un avion de combat F-16 thaïlandais a détruit un casino cambodgien près de la frontière.
Photo: Screenshot Bangkok Post / Royal Thai Army
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Daniel Kestenholz

C'est l'un des conflits que Donald Trump voulait à tout prix éviter. Mais sa rhétorique de paix ne semble pas avoir fait mouche: de violents combats font à nouveau rage entre la Thaïlande et le Cambodge.

Tout le long des 800 kilomètres de frontière qui sépare les deux pays, des centaines de milliers d'habitants ont dû se mettre à l’abri mardi, cherchant refuge dans des abris ou des régions plus sûres. Lundi 8 décembre, un avion de combat F-16 thaïlandais a bombardé et détruit un casino près de la frontière cambodgienne.

La presse rapporte pour l'instant une douzaine de victimes dans les deux deux camps, dont sept civils cambodgiens et trois soldats thaïlandais. Mais certaines sources évoquent un bilan bien plus lourd. 

Un casino comme couverture?

Pour ce qui est du casino, l'armée thaïlandaise précise que le bâtiment servait de centre de contrôle de drones et d'entrepôt d’armes au Cambodge. Parallèlement, plusieurs soldats ont lancé une opération pour reprendre une zone frontalière occupée par les troupes cambodgiennes.

Le Cambodge a nié tout usage militaire des bâtiments détruits, affirmant qu'ils étaient inoccupés lors de l'attaque. De son côté, Bangkok a rapidement cherché à éteindre les spéculations sur une éventuelle menace américaine de droits de douane élevés pour ramener les belligérants à la table des négociations.

La porte des pourparlers est close

«Nous insistons fortement sur la cessation immédiate des hostilités, la protection des civils et le retour des deux parties aux mesures de désescalade», a déclaré le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, dans un communiqué, rappelant l'accord de paix signé le 26 octobre à Kuala Lumpur. De son côté, son homologue thaïlandais a rétorqué qu'il ne fallait pas faire pression sur la Thaïlande en menaçant d'augmenter les droits de douane.

Selon lui, c'est à son voisin de désamorcer le conflit. En outre, le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a déclaré que la porte n'était plus ouverte aux négociations avec son adversaire. De son côté, le Cambodge a condamné la Thaïlande comme étant le seul et unique agresseur.

Pour l'heure, les combats restent confinés à proximité de la frontière, sans mettre en danger les zones fréquentées par les touristes étrangers. Mais les travailleurs immigrés cambodgiens et les étudiants présents en Thaïlande disent craindre à nouveau pour leur sécurité.

Des évacuations en masse

Plus de 500'000 personnes au total ont été évacuées des régions frontalières de la Thaïlande et du Cambodge depuis la reprise des affrontements dimanche entre les deux voisins d'Asie du Sud-Est, ont annoncé mercredi les autorités des deux pays. «Plus de 400'000 personnes ont été déplacées vers des abris», a déclaré lors d'un point-presse le porte-parole du ministère thaïlandais de la Défense, Surasant Kongsiri.

«Les civils ont dû évacuer massivement en raison de ce que nous avons évalué comme une menace imminente pour leur sécurité», a-t-il ajouté. «Au total, 20'105 familles, soit 101'229 personnes, ont été évacuées vers des abris et chez des proches dans cinq provinces», a déclaré de son côté la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata.

Le DFAE met les voyageurs en garde

Dans une note de sécurité, l'ambassade des Etats-Unis à Bangkok met en garde contre le fait de se rendre dans des zones situées à moins de 50 kilomètres de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. D'autres Etats, comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, ont recommandé aux voyageurs souhaitant s'y rendre de limiter au «strict nécessaire» les déplacements à proximité de la frontière.

Sur sa page consacrée à la Thaïlande, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) met lui aussi les voyageurs en garde. «Il est déconseillé de se rendre dans la zone frontalière avec le Cambodge» ainsi que «dans les provinces de Buriram, Sisaket, Surin et Ubon Ratchathani pour des voyages touristiques ou qui ne présentent pas un caractère d'urgence.» Même s'il est souligné que les voyages en Thaïlande restent «en principe considérés comme sûrs», des champs de mines isolés seraient encore présents dans ces zones frontalières.

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