Les négociations de paix entrent dans une nouvelle phase. Ce lundi à Berlin, des représentants européens et américains se pencheront enfin ensemble sur un plan pour l’Ukraine.
Dimanche après-midi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé à Berlin. La délégation américaine l’a rejoint un peu plus tard. Après une longue impasse, y aura-t-il enfin des progrès? En ce jour de sommet, plusieurs signaux positifs laissent penser qu’un jalon important pourrait être posé sur la voie d’un cessez-le-feu. Car Kiev s’apprête à franchir un pas qui aurait été impensable il y a encore peu de temps.
L'hôte est le chancelier allemand Friedrich Merz, que Donald Trump avait jusqu'à présent relégué à un rôle quasi insignifiant dans les négociations sur l'Ukraine. Avec ce sommet, l'Allemand envoie un message clair: l’Europe, continent directement concerné, entend peser et décider dans les négociations.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et d'autres dirigeants européens font le déplacement.
L'envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, et son gendre, Jared Kushner, feront le voyage depuis les Etats-Unis. Le fait que la délégation américaine se déplace et ne participe pas seulement par vidéo est un signe que Trump fait pression pour un accord rapide.
Le grand absent est toutefois la Russie. Un choix délibéré. Merz utilise ce sommet comme une réunion préparatoire afin que l’Occident aborde ensuite les discussions avec le Kremlin de manière unie.
Trois points sont à l'ordre du jour: un plan de paix en 20 points, des garanties de sécurité pour l'Ukraine ainsi que la reconstruction de l'Ukraine et l'avenir économique de la Russie. Ces derniers jours, certains signes ont laissé entrevoir une possible détente.
Le président finlandais Alexander Stubb a déclaré il y a quelques jours: «Nous sommes proches d'un accord.» Une affirmation qui a du poids, car l'intéressé n'est pas un bavard, mais sait évaluer les situations de manière réaliste.
L'Ukraine se montre prête à se retirer de régions du Donbass – à condition que les Russes en fassent de même. Le journal français «Le Monde» considère cela comme une «grande concession».
La Biélorussie, alliée de la Russie, a libéré 123 prisonniers politiques, en échange de quoi les Etats-Unis ont levé les blocages commerciaux contre le pays.
Selon des sources proches des négociations, une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne dès 2027 serait même envisagée.
Il ne faut pas s'attendre à un accord de paix global ce lundi. En revanche, des avancées partielles sont possibles, notamment sur l’instauration d’une zone démilitarisée dans le Donbass et sur les garanties de sécurité associées. Pour cela, une position commune entre l’Europe et les Etats-Unis est indispensable.
Selon les médias, la partie américaine ne considère plus que la question des cessions de territoires comme difficile, tous les autres points étant en grande partie résolus. La première pierre d'une trêve pourrait donc être posée à Berlin.
Un fonctionnaire américain a déclaré au portail d'information américain «Axios»: «Selon la proposition actuelle, la guerre se terminera par le fait que l'Ukraine conservera la souveraineté sur 80% de son territoire, recevra la garantie de sécurité la plus grande et la plus forte qu'elle ait jamais eue et recevra un paquet de prospérité très important.»
Le président américain est le moteur du processus de paix. Il veut se voir comme un faiseur de paix et pouvoir commercer le plus rapidement possible avec l'Ukraine et la Russie. Pour faire avancer le processus, les Américains répondent en grande partie aux demandes russes de revendications territoriales.
L'émissaire de Trump, Steve Witkoff, jugé trop «compréhensif avec Poutine» et accusé d'avoir cédé au Kremlin, joue un rôle douteux. Lors de conversations téléphoniques interceptées, il avait donné des conseils aux hommes de Poutine sur la manière de traiter avec Trump.
Le sommet de Berlin marque une étape clé. Si l'Europe et les Etats-Unis se mettent d'accord à Berlin sur la marche à suivre, des discussions auront lieu avec le Kremlin. La paix n'est pas encore en vue, mais dans le meilleur des cas, il y aura un cessez-le-feu. Selon le média allemand «Bild», Trump veut voir une solution d'ici Noël. Mais cet objectif est sans doute un peu trop sportif.