Des millions d’Afghans sont privés d’internet. Lundi 15 septembre, les talibans ont coupé le Wi-Fi dans la province de Balkh, au nord du pays. Selon le «Washington Post», l’interdiction a été étendue dès le lendemain à d’autres régions, dont Kandahar et Hérat.
Le motif invoqué? «Prévenir les actes immoraux», a déclaré Attaullah Zaid, porte-parole du gouverneur taliban de Balkh, dans un communiqué publié… sur X. C’est la première interdiction de ce type depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Pour la population, cette coupure complique fortement le travail, la vie quotidienne, mais aussi l'éducation des femmes.
Données mobiles, mais limitées
Les données mobiles restent accessibles, mais de manière inégale: certaines zones ne captent pas, ailleurs le réseau est trop lent et coûteux. Les autorités locales affirment qu’«une alternative sera construite dans le pays pour les besoins essentiels». Reste à savoir quand et comment, aucune précision n’ayant été donnée.
«Bloquer internet dépasse mon entendement à une époque aussi avancée», s’indigne un habitant interrogé par Euronews. Pour lui, la coupure pourrait le forcer à déménager afin de poursuivre son activité professionnelle.
Les femmes, première victimes
La privation d’internet frappe particulièrement les femmes, déjà soumises à de sévères restrictions. Depuis 2021, les talibans leur interdisent l’école au-delà de la sixième année, restreignent leurs déplacements et multiplient les interdictions. Alors, beaucoup suivaient des cours en ligne, apprenaient des langues grâce aux livres numériques ou échangeaient des cryptomonnaies pour tenter d’acquérir une indépendance financière.
«Je suis vraiment frustrée. Comment suis-je censée suivre mes cours?», déplore une étudiante. Pour de nombreuses Afghanes, internet était devenu un rare échappatoire, un moyen de se cultiver et de se distraire après la fermeture des cinémas, des salles de sport réservées aux femmes et l’interdiction de la musique.
Avec cette coupure inédite, les talibans ne se contentent plus de contrôler l’espace public. Ils étendent désormais leur emprise jusque dans l’espace virtuel, privant une partie de la population, et surtout les femmes, de l’un des derniers liens avec le monde extérieur.