Des avions de chasse F-18 en nombre sur le plus grand porte-avions du monde, 20 navires et 10'000 militaires de treize nations différentes: l'OTAN a montré les muscles cette semaine en mer du Nord, face à une Russie soupçonnée de multiplier les incidents.
Des destroyers américains et des frégates française et danoise escortent le porte-avions américain, le USS Gerald R. Ford en mer du Nord, à l'occasion de l'exercice Neptune Strike 25-3 piloté par l'Alliance atlantique et auquel a pu assister un journaliste de l'AFP.
Des avions F-35 et F-18 en formation diamant devancés par un avion de surveillance E-2 Hawkeye survolent le dispositif, une manière pour les pays de l'OTAN de montrer leurs capacités et d'éprouver leur coordination, face à l'exacerbation des tensions avec la Russie.
«Une force de dissuasion»
Illustration de cette situation, un avion de reconnaissance russe a survolé à trois reprises «à très basse altitude» la frégate allemande Hamburg en mer Baltique le 21 septembre, à la veille du début de l'exercice, selon le ministère allemand de la Défense. «Nous considérons ce comportement comme non professionnel et non coopératif», a dit la porte-parole du ministère.
Les manœuvres de l'OTAN ont débuté le jour même où, à quelques centaines de kilomètres de là, «trois ou quatre gros drones» survolaient l'aéroport de Copenhague, perturbant le trafic aérien. Des «attaques hybrides» qui «pourraient se multiplier», selon la Première ministre Mette Frederiksen.
«Nous rassurons nos alliés, et à l'égard de nos adversaires (...) nous constituons une force de dissuasion stratégique en tant que groupe, en tant qu'équipe», souligne le contre-amiral Paul Lanzilotta, commandant du groupe aéronaval d'attaque 12, depuis le hangar du porte-avions situé sous le pont d'où les F-18 s'envolent dans un bruit assourdissant.
Grands exercices
La France participe à Neptune Strike avec sa frégate Bretagne, capable d'assurer des missions de lutte anti-sous-marine et anti-aérienne. L'exercice «regroupe 13 nations de l'OTAN sur trois mers différentes. C'est un moyen d'intégrer toutes les forces de l'OTAN et de s'entraîner sur des exercices d'un grand niveau», explique de son côté le capitaine Nicolas Simon, commandant de la frégate.
«Pour la France, (l'objectif) est bien sûr de montrer sa solidarité avec l'ensemble des nations de l'OTAN, mais également de pouvoir démontrer toutes ses capacités à pouvoir mener des opérations aéromaritimes», ajoute-t-il alors que le bateau vogue aux côtés du porte-avions américain.
Multiples simulations
Simulation d'attaque aérienne, arraisonnement de navire, ou encore débarquement amphibie: l'exercice vise à démontrer la puissance de l'alliance face à une menace que les militaires se refusent à nommer clairement.
Mardi c'est une «équipe de visite» de la brigade de protection, fusils en main, qui est héliportée de la frégate française jusqu'à un destroyer américain afin d'en vérifier le pavillon et la cargaison.
Afin que l'image marque, le porte-avions précédé de frégates danoise, française et de deux destroyers américains, filent dans la Mer du Nord mercredi matin avant de se séparer dans une synchronisation calculée au millimètre près – avec une photo prise d'hélicoptère pour immortaliser le moment.