39% de droits de douane pour la Suisse! On ignore encore si l'industrie pharmaceutique sera aussi touchée. Pourtant, elle contribue largement au fort excédent commercial: nos exportations pharmaceutiques représentent environ la moitié de toutes les exportations suisses vers les Etats-Unis.
L'association Interpharma part du principe que les droits de douane imposés ne s'appliquent pas à la branche pharmaceutique. «L'exception pour la branche pharmaceutique n'a pas été levée», affirme également Matthias Bopp, responsable du commerce international chez KPMG. Le 7 avril, Trump a exclu plusieurs secteurs des droits de douane grâce au régime spécial «Annexe II». En plus de l'industrie pharmaceutique, les métaux précieux comme l'or ou différents produits électroniques en font aussi partie.
Actuellement, les géants pharmaceutiques suisses ne paient pas plus de droits de douane que d'habitude. L'industrie est aussi exemptée des 10% de droits de douane de base encore en vigueur jusqu'au 7 août. Mais si cette dérogation est levée, le marteau tarifaire frappera de plein fouet. «Ces tarifs ne tomberont pas d'un coup, des droits de douane supplémentaires devraient faire l'objet d'un nouvel acte présidentiel ou d'une nouvelle loi», explique l'expert.
Trump et les géants de la pharma
Mais Novartis et Genentech, la filiale américaine de Roche, ont reçu jeudi un courrier de la Maison Blanche. Le président américain Donald Trump exige de leur part une baisse des prix des médicaments et leur fixe un délai de 60 jours.
La raison: les prix des médicaments de marque aux Etats-Unis seraient jusqu'à trois fois plus élevés que dans d'autres pays. Les deux géants pharmaceutiques examinent actuellement la lettre du président, nous ont-ils confirmés. Reste à savoir s'ils vont vraiment baisser leurs prix aux Etats-Unis. Si les entreprises ne se conforment pas à ces règles, Trump menace d'imposer de lourds tarifs et a même évoqué des droits de douane punitifs de 200% lors d'une réunion de son cabinet début juillet.
«Il ne faut pas prendre cette menace au pied de la lettre, mais il faut la prendre au sérieux», estime Matthias Bopp. Après tout, Trump a déjà exigé des baisses de prix pour les médicaments lors de son premier mandat, avec un certain succès. «Trump veut inciter davantage d'entreprises à délocaliser leur production aux Etats-Unis. Plus cela se produira, plus le taux final des droits de douane sera bas».
En avril, Novartis a annoncé vouloir investir 23 milliards de dollars dans l'agrandissement de ses usines américaines. Roche veut aussi augmenter les capacités disponibles dans ses usines américaines existantes: l'entreprise bâloise emploie 25'000 personnes aux Etats-Unis dans 13 sites de production.
Les deux entreprises ont aussi exporté nettement plus vers les Etats-Unis au premier trimestre 2025: les exportations ont augmenté d'environ un quart pour atteindre 20 milliards de francs. Cela indique que les géants pharmaceutiques ont encore augmenté leurs stocks aux Etats-Unis.
Les petites entreprises les plus touchées
Mais les deux géants ne sont pas les seuls à être impactés: «Les petites entreprises pharmaceutiques, en particulier, seraient les plus touchées par le coup de massue tarifaire», poursuit l'expert. Mais les entreprises de biotechnologie, qui livrent par exemple des seringues suisses aux Etats-Unis, sont encore plus touchées. Pour elles, la taxe de 39% s'appliquera à partir du 7 août. Mais selon l'expert, une chose est sûre: «Si l'industrie pharmaceutique souffre, cela aura des répercussions sur notre économie et sur le budget de l'Etat».
Interpharma anticipe aussi de grandes difficultés à venir pour l'industrie: «La décision prise jeudi par le gouvernement américain met en péril l'approvisionnement mondial en médicaments innovants», a-t-elle déclaré dans un communiqué. La Suisse doit désormais se concentrer de toute urgence sur l'amélioration de ses propres conditions cadres.
Le KOF prévoit une baisse du PIB, même si l'industrie pharmaceutique n'est frappée que par 10% de droits de douane. Il faut s'attendre à une baisse d'au moins 0,3%. Soit en moyenne près de 300 francs par an par habitant.